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Collecte de données : la Maison-Blanche joue la carte du terrorisme

Collecte de données : la Maison-Blanche joue la carte du terrorisme

L'administration Obama et des élus au Congrès justifient la collecte d'informations téléphoniques par l'Agence nationale de sécurité (NSA) par la nécessité de pouvoir intercepter d'éventuelles communications entre terroristes.

Jeudi, la présidente de la commission du renseignement du Sénat, la démocrate Dianne Feinstein, a confirmé des informations publiées par le quotidien britannique The Guardian voulant que l'opérateur téléphonique américain Verizon - qui compte 121 millions d'abonnés - doit livrer chaque jour à la NSA les informations sur tous les appels téléphoniques de son système, effectués à l'intérieur des États-Unis et entre les États-Unis et d'autres pays, en vertu d'une ordonnance judiciaire secrète du Foreign Intelligence Surveillance Court, qui doit être renouvelée tous les trois mois.

La liste des appels, le lieu des appels, leur heure et leur durée seraient collectés, mais le contenu des conversations n'est pas couvert par l'ordonnance, selon un haut responsable américain.

Sans savoir précisément si d'autres opérateurs téléphoniques doivent fournir de tels renseignements, les réactions politiques aux révélations du Guardian laissent peu de doute quant à la portée très large de ce programme.

Jeudi soir, le Washington Post affirmait d'ailleurs qu'un programme secret permet aux services de renseignements américains d'accéder aux données qui circulent sur les plus importants services de courriels et réseaux sociaux, dont Gmail, Hotmail, Yahoo!, Facebook, Skype et Apple. Cette dernière entreprise a toutefois soutenu n'avoir jamais entendu parler d'un tel programme (nommé PRISM), et ne donner accès à des informations personnelles que lorsqu'elle reçoit une ordonnance judiciaire.

Réagissant jeudi soir également, le directeur du renseignement national, James Clapper, a assuré que la législation américaine donnait le droit au gouvernement de recueillir des informations auprès des fournisseurs d'accès à Internet concernant des étrangers vivant à l'extérieur des États-Unis. Il a ajouté que les articles du Guardian et du Washington Post contenaient « de nombreuses imprécisions », estimant que ces fuites menaçaient la sécurité nationale.

Des attaques évitées

Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche, a indiqué que le programme de surveillance est couvert par un régime juridique solide et que les commissions du renseignement du Congrès ont été informées en détail. Le leader de la majorité au Sénat, le démocrate Harry Reid, a indiqué qu'« il s'agit d'un programme qui est actif depuis sept ans, selon ce que je me rappelle. C'est un programme qui n' a pas permis d'empêcher tous les actes terroristes, mais certainement la majorité d'entre eux ».

De son côté, le représentant républicain Mike Rogers a souligné que les millions de données téléphoniques recueillies ont permis d'éviter au moins une attaque terroriste d'envergure, et que le Congrès travaillait à la déclassification d'informations afin de pouvoir mieux expliquer ce cas.

Les défenseurs du programme rappellent qu'il a été mis en place sous l'administration Bush quelques années après les attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Une pratique controversée

Plusieurs Américains s'interrogent néanmoins quant aux limites des libertés civiles quand il est question de sécurité nationale, et notamment au fait que les données d'individus qui ne font pas l'objet de soupçons sont tout de même livrées à la NSA. L'American Civil Liberties Union a lancé un appel à la fin immédiate du programme de surveillance et à une enquête du Congrès, alors que l'ancien vice-président démocrate Al Gore s'est interrogé publiquement : « Est-ce que c'est seulement moi ou est-ce que la surveillance secrète est scandaleuse et choquante? »

À ce jour, personne ne sait combien de temps sont gardées les informations téléphoniques ou même si elles sont détruites.

Quant à l'entreprise Verizon, prise à partie par plusieurs clients qui se sont servis des réseaux sociaux pour critiquer leur fournisseur de service téléphonique, elle s'est défendue en affirmant prendre « continuellement des mesures pour protéger la vie privée de ses clients », soulignant qu'elle doit néanmoins remettre des informations quand un tribunal fédéral lui ordonne de le faire.

La colère de plusieurs clients de Verizon devrait toutefois s'estomper puisque plusieurs autres entreprises auraient dû remettre leurs registres d'appels au gouvernement au cours des dernières années, semble-t-il.

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