Roger Desbois confirme que la collusion a régné dans les appels d'offre à Laval entre firmes de génie-conseil. Le système, implanté début 2000 dans la foulée de la loi 106, était géré par le directeur de l'ingénierie de la Ville de Laval, Claude Deguise. Les firmes se devaient en échange de verser une cote de 2 % au parti du maire Gilles Vaillancourt.
Un texte de Bernard Leduc et François Messier
Desbois, prête-nom
L'ingénieur à la retraite Roger Desbois a avoué avoir effectué des contributions à différents partis provinciaux ainsi qu'au PRO des Lavallois à la demande de son patron, Luc Benoît. Ses dons aux partis étaient remboursés par Tecsult sous la forme de bonis, ce qui est illégal.
Il a ainsi donné 16 900 $ au PLQ, 8995 $ au PQ et 1000 $ à l'ADQ entre 1997 et 2008. Il a aussi donné 9800 $ au parti du maire Vaillancourt entre 1998 et 2009.
Sa femme et ses enfants ont pour leur part contribué 7000 $ au PLQ et 1000 $ au PQ. Ils tous incidemment pu profiter des crédits d'impôt accordés par Québec pour les dons politiques.
Des millions pour le parti de Vaillancourt
L'ex-employé de la firme Tecsult a expliqué mardi avoir collecté 2,7 millions de dollars en contributions politiques illégales auprès d'entrepreneurs en construction faisant de la collusion pour faire main basse sur les contrats publics de la Ville.
M. Desbois a été introduit au système dirigé par Claude Deguise par le directeur général de la Ville, Claude Asselin. Tout comme Gilles Vaillancourt, MM. Asselin et Deguise ont été accusés de gangstérisme au terme de l'opération Honorer menée il y a deux semaines par l'UPAC à Laval. La cote de 2 % collecté auprès des entrepreneurs était remis à deux agents officiels du PRO, Jean Bertrand et Pierre Lambert, eux aussi arrêtés dans le cadre de l'opération Honorer.
M. Desbois a expliqué que le maire Vaillancourt lui-même lui a dit de conserver 10 % des ristournes qu'il ramassait auprès des entrepreneurs.
Selon lui, les firmes qui ont participé au stratagème, de manière régulière ou occasionnelle, sont Louisbourg, Simard-Beaudry, Nepcon, Poly-Excavation, Jocelyn Dufresne Inc, J. Dufresne Asphalte, Sintra, Demix, DJL, Giuliano Giuliani, Mergad, Carl Ladouceur Excavation, Entreprise VG, Lavallée et Frères, Ciment Lavallée, Valmont Nadon Excavation, Desjardins Asphalte, Timberstone, Doncar, et Salvex. Tous les entrepreneurs arrêtés lors de l'opération Honorer sont liés à l'une ou l'autre de ces firmes, exception faite du frère du maire, Guy Vaillancourt.
Roger Desbois est désigné comme co-conspirateur dans le mandat d'arrestation des 37 personnes arrêtées dans le cadre de l'opération Honorer, visant à démanteler le « système de Laval ». Il n'est cependant pas accusé et a expliqué avoir collaboré avec la police dans cette affaire.