James Holmes, l'auteur présumé d'une tuerie qui a fait 12 morts et 58 blessés le 20 juillet dernier dans une salle de cinéma d'Aurora, au Colorado, était « détendu » après le drame, affirme un des policiers qui l'a interpellé sur les lieux.
L'agent Jason Oviatt a livré sa version des faits lundi, dans le cadre de l'enquête préliminaire de Holmes, qui se tient à Centennial, en banlieue de Denver
Le tribunal doit déterminer si Holmes, qui fait face à 160 chefs d'accusation, dont plusieurs de meurtres prémédités et de tentatives de meurtre, devra subir un procès.
Le policier a raconté qu'il avait d'abord cru que Holmes était un policier puisqu'il portait une veste pare-balles. Le jeune homme avait les mains posées sur le capot d'une voiture blanche, derrière le cinéma.
Son interprétation a cependant rapidement changé. « À mesure que j'approchais, l'homme restait là, immobile. L'image générale ne collait pas avec celle d'un policier », a déclaré Jason Oviatt.
Le policier lui a demandé de lever les mains et Holmes n'a opposé aucune résistance. « Il était totalement coopératif. Il était très détendu, ses réactions n'étaient pas normales. Il était détaché », a-t-il dit, avant d'ajouter: « Il avait l'air ailleurs, désorienté ».
Un autre policier, Aaron Blue, a affirmé que James Holmes avait donné son nom et son adresse aux officiers, et précisé qu'il avait quatre armes avec lui. « Il a dit spontanément qu'il n'y avait pas de bombes (sur le lieu du massacre) mais qu'il avait des engins explosifs à son domicile », a-t-il dit.
James Holmes était présent devant le tribunal. Sa chevelure, orange lors de son arrestation, était devenue brune et il arborait une barbe. Vêtu d'une combinaison orange de prisonnier, il a été amené menotté au tribunal. Il a regardé droit devant lui et n'a regardé personne pendant les débats.
Le drame d'Aurora s'est produit lors de la toute première projection de « L'ascension du chevalier noir », dernier volet de la série des films Batman. La salle était bondée.
L'audience qui s'est ouverte lundi devrait durer toute la semaine. Elle doit permettre aux procureurs d'étaler pour la première fois en public les preuves qu'ils ont accumulées contre Holmes. Le juge décidera ensuite si un procès doit avoir lieu.
Selon des experts du domaine judiciaire, les preuves contre Holmes semblent si solides que le suspect pourrait conclure un accord de réduction de peine avant le début du procès.
Dans de tels cas, l'enquête préliminaire peut servir de point de départ à une transaction pénale parce que les deux clans peuvent évaluer les forces et les faiblesses de l'autre partie, selon Laurie Levenson, une ancienne procureure fédérale qui occupe maintenant un poste de professeure à l'École de droit Loyola, à Los Angeles.
Holmes aurait pu renoncer à son enquête préliminaire, ce qui aurait permis aux procureurs des deux parties de se préparer pour un éventuel procès. Il arrive cependant que les avocats de la défense tiennent à franchir l'étape de l'enquête préliminaire afin d'avoir une meilleure idée des éléments de preuve amassés par la poursuite.
Au moins deux salles auxiliaires ont été aménagées afin de suivre les procédures, qui sont retransmises par signaux audio et vidéo.
Trois jours après la tuerie, le juge de district William B. Sylvester avait émis une consigne du silence aux avocats et aux enquêteurs, et de nombreux documents judiciaires ont été livrés sous scellés, de sorte qu'il a été difficile jusqu'ici de savoir ce qui a poussé Holmes à passer d'étudiant prometteur à tueur en série.
Les quelques détails rendus publics indiquent qu'il a connu une déchéance troublante.
En 2011, Holmes s'est inscrit au programme de sciences neurologiques à l'Université du Colorado à Denver. Au printemps de 2012, selon les autorités, il a commencé à acheter des armes à feu, des chargeurs à grande capacité, des munitions, des explosifs et de l'équipement de combat. À un certain moment pendant l'année scolaire, il a commencé à consulter un psychiatre de l'université. Il a échoué à un examen oral le 7 juin et a quitté l'université trois jours plus tard.
Holmes a été arrêté à l'extérieur de la salle de cinéma, peu de temps après la fusillade. Les autorités fédérales ont expliqué que Holmes s'était acheté un billet pour assister au film, avait ouvert une porte et s'était rendu à sa voiture avant de revenir dans la salle, muni de ses armes à feu.
Quelques heures plus tard, des enquêteurs ont découvert que son appartement avait été transformé en pièges à explosifs potentiellement mortels.
Holmes est passible de la peine de mort ou de la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle s'il est reconnu coupable de meurtre. Il pourrait éviter la peine de mort, cependant, si ses avocats invoquent l'aliénation mentale ou s'il est déclaré innocent pour un motif semblable.