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Ramsès III : un crime résolu 3000 ans plus tard

Ramsès III : un crime résolu 3000 ans plus tard

De nouvelles analyses sur la dépouille du pharaon Ramsès III montrent qu'il a eu la gorge tranchée, levant le voile sur un épisode mystérieux de l'Égypte antique.

Les circonstances de la mort de Ramsès III, survenue il y a plus de 3000 ans, demeuraient jusqu'à maintenant inconnues. Plusieurs informations sur ce que les historiens appellent la « conspiration du harem » sont parvenues jusqu'à nous grâce à des documents d'époque, dont un « papyrus judiciaire » conservé à Turin, en Italie. Ce document est témoin d'une tentative de coup d'État par l'une des épouses de Ramsès III, la reine Tiyi. Cette dernière voulait qu'à la mort du pharaon, le trône revienne à fils, Pentaour, plutôt qu'au fils d'Isis, la première femme du pharaon.

Or, si l'on savait que la tentative de coup d'État avait été déjouée en 1155 av. J.-C. et qu'une trentaine de coupables avaient été condamnés, le sort subi par Ramsès III, alors âgé de 65 ans, restait flou. Les historiens ne savaient pas s'il avait été assassiné par les sbires de Tiyi et de Pentaour, s'il avait seulement été blessé avant de mourir quelques jours plus tard, ou s'il était mort de causes naturelles après le coup d'État raté.

Même la découverte de la momie de Ramsès III, à la fin du XIXe siècle dans une cachette, n'avait pas permis de faire la lumière sur les circonstances de sa mort. Dans les années 1960, une radiographie avait été pratiquée sur la dépouille du pharaon, mais aucun traumatisme n'avait alors été révélé.

Rayons X et analyses d'ADN

Une étude publiée dans le British Medical Journal vient toutefois faire toutefois apporter un nouvel éclairage sur la mort du pharaon.

L'Allemand Albert Zink, spécialiste des momies, et d'autres experts comme Zahi Hawass, ancien responsable du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, se sont penchés à nouveau sur la dépouille du pharaon. Ils ont soumis la momie à une technique d'imagerie médicale en 3D très poussée, la tomographie assistée par ordinateur.

Cette autopsie numérique a permis de faire une découverte inédite : les chercheurs ont pu observer une blessure grave à la gorge, juste en dessous du larynx.

« La blessure fait environ 70 mm de large et s'étend jusqu'aux os [...] La trachée a été coupée net », à l'aide d'un couteau tranchant ou d'une lame similaire, peut-on lire dans le British Medical Journal. « L'étendue et la profondeur de la plaie indiquent qu'elle a provoqué la mort immédiate de Ramsès III », précisent les chercheurs.

La numérisation de la momie a permis une autre découverte étonnante. Les chercheurs ont en effet identifié un corps étranger qui était enfoncé dans la plaie. Il s'agit d'une amulette en pierre, nommée « l'il d'Horus ». Elle était placée dans les corps par des embaumeurs pour assurer la guérison du mort dans sa nouvelle vie.

Selon Albert Zink, ces découvertes permettent de conclure à la thèse de l'assassinat. « La gorge tranchée et l'amulette prouvent clairement que le pharaon a bien été assassiné », a-t-il estimé dans un communiqué.

Nouveau mystère

En outre, dans leur recherche, les experts se sont aussi intéressés à une étrange momie retrouvée dans la même cachette que celle de Ramsès III.

Il s'agit du corps d'un homme de 18 à 20 ans. Sa dépouille n'était pas enveloppée dans des bandelettes, mais dans des peaux de chèvre, une matière qui était jugée impure en Égypte antique. Cette punition aurait été infligée à Pentaour, fils impliqué dans le complot, qui avait été contraint au suicide.

Selon l'analyse de l'ADN de la momie par les experts, elle serait bel et bien celle d'un fils de Ramsès III. Mais pour prouver hors de tout doute qu'il s'agirait bien de la dépouille du fils rebelle, il faudrait obtenir l'ADN de la reine Tiyi, dont la momie n'a toutefois jamais été retrouvée.

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