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Film hostile à l'islam : des dizaines de milliers de Libanais dans les rues

Film hostile à l'islam : des dizaines de milliers de Libanais dans les rues

Près d'une semaine après la diffusion sur Internet d'un film ridiculisant le prophète de l'islam, la colère des musulmans ne semble pas s'atténuer. Le mouvement de protestation a gagné le Liban, lundi, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Beyrouth à l'appel du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah.

Le cheikh Hassan Nasrallah a effectué une rare apparition publique lors du rassemblement. Dans un discours de près d'un quart d'heure prononcé devant une imposante foule à Beyrouth, il a lancé un appel pour la poursuite des manifestations.

« C'est le début d'un mouvement sérieux qui doit continuer dans tout le monde musulman pour défendre le prophète de Dieu », a lancé Hassan Nasrallah sous les acclamations des manifestants, dont portaient des bandeaux vert et jaune aux couleurs du Hezbollah.

Le cheikh Hassan Nasrallah s'est rarement montré en public depuis la guerre éclair de 2006 entre le Hezbollah et Israël, craignant une tentative d'assassinat. Il était apparu pour la dernière fois en public en décembre 2011, pour la fête chiite de l'Achoura, mais il n'avait prononcé que quelques mots. Hassan Nasrallah a pris l'habitude de communiquer avec ses partisans et de donner des conférences de presse par liaison satellite.

Dimanche, Hassan Nasrallah avait lancé un appel pour des manifestations dans tout le Liban, lundi, expliquant que les États-Unis devaient être tenus responsables du film produit sur le territoire américain.

Les manifestations se poursuivent dans plusieurs pays musulmans

  • Pakistan

Quelques milliers de Pakistanais ont manifesté lundi contre le film hostile à l'islam, l'un d'entre eux ayant perdu la vie lors d'affrontements avec les policiers.

Cette mort est survenue dans la ville de Warai, au nord-ouest du pays lors d'un échange de tirs avec des policiers qui a aussi fait deux blessés. Les protestataires avaient auparavant incendié un commissariat de police, le club local des journalistes, la maison d'un magistrat et trois véhicules, selon un haut responsable gouvernemental.

À Peshawar, près de la frontière afghane, de 2500 à 3000 étudiants, professeurs et employés de soutien d'une université locale ont arpenté les rues, avant de se disperser dans le calme. Des pneus et un drapeau américain ont toutefois été brûlés devant l'université de Peshawar lors d'une autre manifestation réunissant quelque 350 personnes.

Des accrochages se sont également produits pour le deuxième jour consécutif à Karachi, dans le sud du Pakistan, où 40 sympathisants présumés du parti Jamaat-e-Islami ont été arrêtés.

  • Afghanistan

À Kaboul, quelque 800 personnes ont brûlé des voitures et jeté des pierres contre une base militaire américaine, scandant « Mort à l'Amérique » et « Mort à ceux qui ont fait un film qui insulte notre prophète ». La police a tiré en l'air pour empêcher la foule de marcher vers les bâtiments du gouvernement, dans le centre-ville. Une vingtaine de policiers ont été légèrement blessés.

La journée de dimanche s'était pourtant déroulée dans un calme relatif au pays. Des manifestations avaient éclaté en matinée à Kaboul, mais aucun incident n'avait été rapporté lors du rassemblement.

  • Indonésie

En Indonésie, pays comptant le plus de musulmans au monde, les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser quelques centaines de manifestants qui étaient rassemblés lundi devant l'ambassade américaine, lançant des cocktails Molotov et hurlant des slogans antiaméricains.

Un drapeau des États-Unis et une photo du président Barack Obama ont été brûlés. Onze policiers ont été hospitalisés et quatre manifestants ont été arrêtés.

Des manifestations se sont également déroulées dans les villes indonésiennes de Medan et Bandung. Le film a été déclaré illégal par le gouvernement indonésien.

  • Yémen

Des centaines d'étudiants ont manifesté à l'Université de Sanaa, au Yémen, appelant à l'expulsion de l'ambassadeur des États-Unis et au boycottage des produits américains.

« Dégage, esclave du diable », ont scandé les manifestants à l'intention de l'ambassadeur américain. « Couards Américains, le prophète ne peut pas être insulté », ont crié d'autres protestataires. La manifestation s'est terminée sans violence.

Autres réactions au film

Outre les manifestations, la vidéo islamophobe L'innocence des musulmans, qui est à l'origine des violences antiaméricaines ayant coûté la vie à quatre diplomates américains et à plusieurs manifestants ailleurs dans le monde arabo-musulman au cours des derniers jours, suscite toutes sortes de réactions dans le monde.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé les dirigeants occidentaux à prouver qu'ils ne sont « pas complices d'un grand crime » en bloquant la diffusion du film sur Internet, comme ils le font parfois pour des sites Web faisant l'apologie du nazisme, par exemple.

Par ailleurs, le dirigeant d'un groupuscule jihadiste égyptien considéré comme proche d'Al-Qaïda, Ahmed Ashoush, a publié un décret religieux appelant au meurtre de tous ceux qui ont participé au film, notamment le réalisateur, le producteur et les acteurs. Rappelons que les acteurs ont affirmé la semaine dernière qu'ils avaient été trompés sur la finalité de l'oeuvre, grossièrement doublée à la postproduction pour introduire des références à Mahomet.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a évoqué la possibilité d'interdire la projection en public du film. Le pasteur américain Terry Jones, qui a soulevé l'indignation en voulant brûler des exemplaires du Coran pour l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, s'est vu refuser l'entrée dans ce pays le week-end dernier pour une projection du film organisée par un mouvement d'extrême droite. Le ministère de l'Intérieur a aussi fait savoir que la mesure valait pour le réalisateur du film, Nakoula Basseley Nakoula.

Le film pourrait en outre être déclaré illégal en Russie, à la demande du bureau du procureur général, qui a demandé aux principaux fournisseurs d'accès à Internet d'empêcher sa diffusion sur le web. Le Kremlin craint que le film ne cause des troubles dans le pays, surtout dans les provinces à majorité musulmane.

En Californie, la famille du réalisateur du film, Nakoula Basseley Nakoula, a quitté sa maison de Cerritos dans la nuit de dimanche à lundi pour être réunie avec l'intéressé dans un lieu tenu secret, selon un porte-parole du bureau du shérif du comté de Los Angeles.

Finalement, l'ambassade du Canada à Khartoum, au Soudan, est demeurée fermée lundi en raison des tensions qui secouent le monde musulman. Celles de Tripoli, en Libye, et celle du Caire, en Égypte, ont toutefois été toutefois rouvertes après avoir été fermées dimanche.

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