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Donald Trump se fait la voix de nombreux Américains qui se savent floués. Et pourtant, nous avons affaire ici à l'escroc par excellence, celui qui est passé maître en matière de tromperie.
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Ce texte est co-signé par John Breitner

L'un de nous est Américain, l'autre est Canadien; l'un est conservateur, l'autre est libéral. Nous vivons tous deux au Canada, une position privilégiée d'où suivre le déroulement de l'élection présidentielle aux États-Unis. Notre interrogation est la suivante : où sont les Américains honnêtes parmi la classe politique et la population? Ils semblent marginalisés par le choix entre un homme politique qui vend de la poudre de perlimpinpin, en suivant les techniques de commerce du XXIe siècle, et une femme politique qui incarne à la perfection cet adage que la plupart exècrent : les affaires continuent.

Donald Trump se fait la voix de nombreux Américains qui se savent floués. Et pourtant, nous avons affaire ici à l'escroc par excellence, celui qui est passé maître en matière de tromperie. «Croyez-moi», demande-t-il. Hillary Clinton devient la porte-parole de tous ceux qui ont conscience de la menace représentée par son adversaire. «Croyez-moi», affirme-t-elle également, tout en donnant de solides raisons aux électeurs de n'en rien faire. Certes, tout le monde a des défauts, mais parmi 320 millions d'Américains, n'était-il pas possible de trouver deux ressortissants dont les imperfections n'entachent pas l'intégrité?

Qui pourrait croire que l'un ou l'autre traitera les problèmes si profondément enracinés dans la société américaine contemporaine : disparités de revenus, corruption juridique relative aux dons politiques, réchauffement climatique à stopper et capitalisme de connivence dont la classe moyenne américaine a tant fait les frais? Ajoutons à cela le problème principal: une étrange tendance à aborder ces sujets sensibles en jetant toujours plus d'huile sur le feu.

«Lorsque deux personnes s'engagent dans une lutte, toutes deux peuvent paraître malhonnêtes, même si l'une d'elles l'est probablement davantage.»

Comment, exactement, le champion au passé tumultueux qui promet de «redonner sa grandeur aux États-Unis», résoudra-t-il ces problèmes? Comment l'archétype de l'ordre établi américain peut-elle le remettre en cause? Et comment l'un ou l'autre de ces politiciens, membres de la classe huppée représentant 1 % de la population, peut-il améliorer le quotidien des 99 % restants?

Cela fait des siècles que l'on répète «croyez-moi» aux Américains. Lincoln affirmait «qu'on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps», mais il semblerait que l'on peut tromper la majorité du peuple la plupart du temps car, pour citer P.T. Barnum, «un naïf vient au monde à chaque minute». Il en va bien sûr de même pour un requin. Demandez donc leur avis aux entrepreneurs et aux travailleurs d'Atlantic City, qui ont attaqué Donald Trump en justice pour n'avoir pas honoré son contrat.

Bien évidemment, l'homme politique propose également que les affaires continuent comme d'habitude, dans son cas de façon assez littérale. «Je suis un homme d'affaires», déclare-t-il. «Je peux le faire», ça aussi nous l'avons déjà entendu. Passons sur le fait qu'un gouvernement n'est pas une entreprise, ignorons la façon dont les affaires continuent sans changement (lobbying, dons nécessitant de «payer pour jouer», irresponsabilité sociale des entreprises et caractère scandaleux de la rémunération des cadres), il nous faut tout de même nous demander quel genre d'homme d'affaires est Donald Trump. Était-il sérieux lorsqu'il a proposé de renégocier la dette fédérale des États-Unis afin de résoudre le problème du déficit? Ou encore lorsqu'il a demandé à ce qu'un juge américain d'origine mexicaine se retire des poursuites concernant la tristement célèbre «université Trump»?

Que doivent donc faire les Américains honnêtes? Lorsque deux personnes s'engagent dans une lutte, toutes deux peuvent paraître malhonnêtes, même si l'une d'elles l'est probablement davantage. Ils se tirent mutuellement vers le bas et personne ne devrait se laisser duper par cela. Selon nous, le calcul des élections américaines est simple. Les défauts de ces deux candidats méritent à peine l'attention équivalente que leur accordent certains médias sérieux. L'un est faillible, mais l'autre l'est à un point qui pourrait s'avérer tragique. La continuité du système actuel peut être intolérable, mais la poudre de perlimpinpin censée soigner le monde est tout simplement dangereuse. Ce que ferait Donald Trump en tant que président reste flou ; ça n'est pas le cas avec Hillary Clinton.

Ainsi, l'Américain parmi nous se fera violence et votera pour le Parti démocrate. Puis nous prendrons tous deux une bonne bouffée d'air et nous nous pencherons sur le problème principal: comment les honnêtes gens peuvent-ils sauver la démocratie d'elle-même? Nous vous encourageons à en faire autant.

Henry Mintzberg est titulaire de la chaire Cleghorn et professeur en sciences de gestion à la Faculté de gestion Desautels de l'Université McGill. John Breitner est directeur du Centre de recherche en prévention de la maladie d'Alzheimer au sein du Centre de recherche de l'hôpital Douglas et professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine de l'Université McGill.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post Canada et traduit de l'anglais.

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