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Québec solidaire, une souveraineté à géométrie variable

Il est compréhensible et louable que Québec solidaire carbure à défendre une multitude de causes sociales par le biais de son programme, mais faut-il pour autant que son projet de gauche passe avant la nation? N'est-ce pas jouer le jeu du fédéralisme canadien?
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On se doutait déjà un peu que Québec solidaire (QS) ne fait pas de l'indépendance sa principale priorité, mais voici que la preuve est tombée lorsque Françoise David s'est dite «scandalisée» par les propos du Parti conservateur selon lesquels QS serait un «parti séparatiste pur et dur». Françoise David affirme être favorable à la souveraineté, - mais attention - si celle-ci est accompagnée d'un «projet social». Elle ajoute ensuite qu'on peut être membre de QS en n'étant pas complètement convaincu de la souveraineté. Voilà qui est révélateur.

Ainsi, QS n'est pas « vraiment » un parti souverainiste, ou plutôt il l'est, mais lorsque cela l'arrange, soit, on le devine, lorsque cela peut faire augmenter son nombre de membres et lui fait gagner quelques points dans les sondages. Certes, une telle stratégie misant à faire persister le flou en matière d'indépendance permet d'aller chercher l'adhésion de plusieurs (souverainistes, gauchistes, fédéralistes, etc.), mais de là à renier le premier article de son programme où l'on considère «comme essentielle l'accession du Québec au statut de pays», c'est tout de même étonnant.

Il est compréhensible et louable que QS carbure à défendre une multitude de causes sociales par le biais de son programme, mais faut-il pour autant que son projet de gauche passe avant la nation? N'est-ce pas jouer le jeu du fédéralisme canadien?

D'autant plus que de nombreuses propositions de QS ne peuvent se réaliser qu'avec l'indépendance. Il est énoncé clairement dans leur programme que le « projet de société ne pourra se réaliser que si le Québec dispose de l'ensemble des pouvoirs aux plans politique, économique et culturel. » C'est connu, chaque fois que le Québec tente de s'émanciper et de s'inscrire politiquement et socialement dans sa singularité de nation, il se bute inévitablement au paternalisme d'Ottawa et aux multiples blocages émanant du cadre fédéral. On le constate présentement avec le projet de loi Vivre dans la dignité et la Charte de la laïcité.

La problématique actuelle est que certains membres de QS considèrent la justice sociale comme tout aussi - voir plus - importante que l'indépendance. Deux éléments qui peuvent parfois être difficiles à concilier, notamment lorsqu'il s'agit de voter sur la scène fédérale. On se rappellera qu'Amir Khadir avait, en 2011, invité à voter pour le NPD, un parti fédéraliste qui, soulignons-le, a voté pour la loi sur la clarté et les mesures de guerre. Bien que la démarche encourageait le dépendantisme canadien, ils furent nombreux chez QS à voter NPD, car ce parti semblait plus à gauche que le Bloc québécois.

Au final, il apparaît que QS n'est pas un parti souverainiste véritablement incarné. Amir Khadir a beau affirmer « la souveraineté si nécessaire, mais pas nécessairement », il n'est sûrement pas sans savoir qu'un projet de société aussi ambitieux et progressiste que le propose QS ne peut se réaliser que dans la mesure où nous avons un État indépendant.

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