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Questions à un candidat bloquiste

Xavier Barsalou-Duval est candidat du Bloc québécois dans Pierre-Boucher - Les Patriotes - Verchères.
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Entrevue avec Xavier Barsalou Duval,

Candidat du Bloc québécois dans Pierre-Boucher - Les Patriotes - Verchères.

Vous avez été militant durant plusieurs années. Pourquoi vous impliquez-vous maintenant en politique active? Quel a été le déclic?

Comme beaucoup de militants, j'étais essentiellement bénévole d'un conseil exécutif de circonscription jusqu'en mai 2011. Après la défaite du parti à cette élection et les nombreux départs qui ont suivi, j'ai aussi pensé à laisser ma place à d'autres, mais je me suis vite ravisé. Je me suis rendu compte que ces autres n'arriveraient pas par magie et que le parti aurait besoin de militants expérimentés pour les années difficiles qui suivraient.

Aux cours de ces années, j'ai donc relevé de nombreux défis et pris beaucoup de responsabilités, comme la présidence de mon association de circonscription en 2013 et 2014, ainsi que la présidence des jeunes bloquistes de 2012 à 2015. Faire le saut en politique active semblait donc pour moi la suite logique.

Certains avancent que le Bloc québécois instrumentalise le niqab à des fins politiques. Qu'en pensez-vous?

Exprimer notre position sur un enjeu électoral n'est pas de l'instrumentalisation. 93% des Québécois sont contre le niqab et l'Assemblée nationale est unanime sur ce sujet (PQ, PLC, CAQ, QS). Pour nous, l'égalité homme-femme est une valeur non négociable. Contrairement aux conservateurs, qui se servent de cet enjeu à des fins purement électoralistes et qui ont refusé d'agir par le passé, le Bloc québécois s'est toujours opposé au niqab lors des interactions avec l'État.

En début de campagne, on entendait le Bloc parler d'indépendance. Que s'est-t-il passé pour que Duceppe n'en parle presque plus en fin de campagne? Est-ce donc dire que la «pédagogie de l'indépendance» amenée par Mario Beaulieu n'aura duré qu'un temps?

Quand bien même que je le souhaiterais, l'actualité prédominante de la campagne ne porte pas sur l'indépendance. J'étais partisan de Mario Beaulieu avant même qu'il ne soit de la course à la chefferie en 2014, et je peux vous garantir que l'indépendance est notre priorité. Lorsque Gilles Duceppe a repris la chefferie en juin dernier, il a affirmé que «ce n'est pas Duceppe à la place de Beaulieu, mais Duceppe qui rejoint Beaulieu». Le slogan «Qui prend pays prend parti» sur les pancartes en témoigne assez bien, et nous allons même en installer d'autres cette semaine dans ma circonscription. D'ailleurs, au cours des dernières semaines, on a souvent entendu dire monsieur Duceppe que «si le Québec était indépendant, jamais Stephen Harper n'aurait été premier ministre du Québec».

Pourquoi la population devrait voter pour des indépendantistes alors que l'indépendance ne se fera manifestement pas à Ottawa?

Parce que quand on est indépendantiste, on ne vote pas pour des fédéralistes qui vont travailler contre nos intérêts ensuite. En 2018, vous n'en verrez pas un faire campagne pour le Parti québécois ou Option nationale, ni pour le OUI dans un éventuel référendum. D'autres nations comme les Catalans et les Écossais suivent d'ailleurs l'exemple québécois en envoyant une délégation massive d'indépendantistes à Madrid et à Londres.

À quoi attribuer vous la remontée du Bloc dans les sondages, notamment chez les francophones?

D'une part, le Bloc québécois fait une très belle campagne et surprend ceux qui annonçaient les obsèques pour le 19 octobre. D'autre part, les Québécois se sont rendus compte que Tom Mulcair a un discours variable selon le côté de la rivière des Outaouais où il se trouve. Comment faire confiance à un parti qui dit une chose en français et son contraire en anglais?

Comme candidat aux élections fédérales, à quoi ressemble une journée type?

C'est très simple: du porte-à-porte et une présence assidue aux différentes activités communautaires. Les journées commencent tôt et se terminent très tard. Il faut savoir gérer ses heures de sommeil et bien planifier son emploi du temps. Le plus plaisant est le contact avec gens et les encouragements des partisans. Le plus difficile est d'avoir la réponse à toutes les questions qu'on nous pose. Il faut très bien connaître ses dossiers.

Comment le Bloc peut-t-il défendre les intérêts de tous les Québécois et promouvoir l'indépendance? N'est-ce pas paradoxal?

Je n'y vois aucun paradoxe. Pourquoi serait-on indépendantiste si on ne croit pas que c'est dans l'intérêt des Québécois de se donner un pays?

Certains avancent que le mouvement indépendantiste amorce depuis un certain temps un virage conservateur, ou bien encore qu'il épouse un nationalisme identitaire. Qu'en pensez-vous?

Je tiens à souligner que l'égalité homme-femme est une valeur résolument progressiste. Je crois aussi qu'il est tout à fait normal et naturel pour un peuple d'être fier se son identité et de la revendiquer.

Une question que plusieurs se posent à chaque élection fédérale: à quoi bon voter pour vous si vous êtes condamné à l'opposition?

À chaque fois que des Québécois ont envoyé massivement des représentants de partis fédéralistes à Ottawa, on s'est fait avoir: la conscription dans les années 1940, les mesures de guerre en 1970, le rapatriement de la constitution en 1982, ou encore l'échec du lac Meech en 1990. À l'intérieur des partis canadiens, les Québécois s'effacent et cèdent à leur ligne de parti pour ne pas perdre de votes ailleurs au Canada. Il faut ajouter que, dans le contexte de gouvernement minoritaire qui s'annonce, le Bloc québécois pourrait détenir la balance du pouvoir et faire des gains importants pour le Québec.

Pensez-vous que le retour de M. Duceppe fut positif pour le Bloc? Certains avancent que c'est signe que le Bloc était en difficulté; d'autres avancent encore que le fait que Duceppe soit revenu à la barre ramène «certains réflexes» qui l'on amené à la débâcle de 2011. Qu'en pensez-vous?

Le Bloc québécois de 2015 est très différent du Bloc québécois de 2011. Il dispose d'une équipe entièrement renouvelée, où les jeunes jouent un rôle prépondérant. Malgré tout, le Bloc québécois était évidemment en difficulté. Le nouveau chef n'avait pas eu le temps de se faire connaître de la population; et nous avions besoin d'un homme expérimenté, crédible, intègre, respecté, charismatique, qui connaît ses dossiers: le profil exact de Gilles Duceppe. Monsieur Beaulieu a fait un sacrifice admirable, tout comme monsieur Duceppe, qui s'est lancé dans cette belle aventure sans parachute, par sens du devoir.

Quels sont les enjeux locaux de votre circonscription?

Le transport de pétrole par train: dans la circonscription, les trains de pétrole circulent à proximité d'une multitude d'écoles primaires, et ce, de plus en plus fréquemment. Il faut savoir que le nombre de wagons de pétrole est passé de 500 au Canada en 2009 à 140 000 en 2013. Dans de telles circonstances, il est impératif de tout mettre en œuvre pour protéger la population contre un deuxième Lac-Mégantic. Pourtant, certains des fameux wagons Dot-111 semblables à ceux impliqués dans la tragédie de Lac-Mégantic demeureront en circulation jusqu'en 2025! Pour toutes ces raisons, nous exigeons le retrait de ces wagons dangereux dans un délai de six mois, l'autorisation du gouvernement du Québec aux compagnies ferroviaires de faire circuler leurs trains pétroliers, ainsi qu'une étude de faisabilité sur le déplacement éventuel de la voie ferrée.

Le pôle logistique de Contrecœur: le 29 juin dernier, le gouvernement du Québec a annoncé qu'il investira des centaines millions de dollars pour l'implantations de pôles logistiques au Québec, dont celui de Contrecœur. Or, en 2007, le gouvernement canadien a lancé un programme de 2,1 milliards de dollars appelé Fonds pour les portes d'entrée et les passages frontaliers. Mais il s'avère que, pour l'instant, seulement 2,2% des sommes ont étés dépensées au Québec. Il faudra que Contrecœur reçoive sa part.

Le quai fédéral de Verchères: les évaluations pour sa mise à niveau se situent entre 5 et 7 millions. Or, le gouvernement fédéral, dans son budget 2015, a annoncé un montant de 288 millions pour des travaux de réparation et d'entretien de ports pour petits bateaux. Étant donné son état de dégradation, il serait impératif que le quai de Verchères en soit l'un des bénéficiaires. Ce quai fait partie de l'histoire de Verchères depuis plus de 100 ans et il est encore utilisé aujourd'hui par les agriculteurs de la municipalité. Le laxisme du gouvernement fédéral doit cesser avant que le quai ne soit irrécupérable.

N'y a-t-il pas un risque pour le Bloc lorsque celui-ci s'inscrit dans une logique de défense des intérêts du Québec à Ottawa en se comportant comme une bonne opposition du régime, en attendant en quelque sorte l'indépendance? En faisant fonctionner ainsi le parlementarisme canadien, le Bloc ne nuit-il pas à son option fondamentale?

En allant chercher le rapatriement des compétences en matières de main d'œuvre en 1997 et par la création d'Emploi Québec, on a donné plus de pouvoirs à l'État québécois, et on a donc été chercher une portion de notre souveraineté. On parle ici de centaines de millions de dollars à chaque année et de 1 000 emplois, seulement pour la fonction publique québécoise. Sans le Bloc, jamais ce ne serait arrivé.

Si vous aviez quelques mots pour convaincre les électeurs de voter Bloc québécois le 19 octobre prochain, que leur diriez-vous ?

Je dirais simplement que le Bloc est le seul parti auquel les Québécois peuvent faire confiance.

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