Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Des radicaux au Congrès sur l'islamophobie à Montréal?

Est-ce que je les condamne par association? Du tout! Mais à force d'être les modérés sans en jouer le rôle, c'est-à-dire dénoncer fermement les radicaux, il y a tout lieu de croire qu'il y a tolérance envers le radical pour ne pas dire acceptation.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Du 29 octobre au 1er novembre se tiendra à l'Université de Montréal un symposium international intitulé «Islamophobie : Race -Religion - Libéralisme».

L'islamophobie est un concept flou, mal défini d'une synthèse entre « race » et « culture » voire « religion ». Une approche lévi-straussienne issue de la conférence « Race et histoire » que le célèbre anthropologue prononça à l'UNESCO en 1952. Une définition dangereuse aussi, car elle amalgame insidieusement la critique d'une culture ou d'une religion au racisme.

Voici comment Hervé-Élie Bokobza, talmudiste, explique l'ambiguïté de l'islamophobie : « Le terme d'islamophobie, utilisé généralement pour définir le rejet du musulman, est en effet plus qu'ambigu. Sur le plan sémantique, ce terme renvoie uniquement à la peur de l'Islam ou le rejet de l'Islam en tant que religion, par conséquent il y a erreur sur la marchandise. [...] Ce glissement est nuisible non seulement à la cause réelle qu'il nous faut combattre, mais aussi parce qu'il permet un glissement, voir une dérive, selon laquelle on incriminerait au nom du racisme le rejet d'une religion, ce qui est inadmissible. »

C'est pourquoi, 20 ans plus tard, Lévi-Strauss critiqua son approche par les mots suivants : « On ne saurait ranger sous la même rubrique ou imputer automatiquement au même préjugé l'attitude des individus ou des groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend totalement ou partiellement étrangers à d'autres valeurs. »

La critique de l'islam n'est pas du racisme, elle est une critique légitime. Par contre, la haine et l'appel à la haine des musulmans sont inacceptables. Pourtant, comment peut-on vouloir lutter contre la haine et l'appel à la haine des musulmans en invitant des représentants de groupes radicaux?

L'imam des tribunaux islamiques et de la lutte contre le blasphème

Salam Elmenyawi, l'imam qui a milité en faveur de l'instauration des tribunaux islamiques au Québec, déclara à l'Assemblée nationale à propos du projet de loi 59 que ridiculiser les religions devrait être puni . De nombreux acteurs de la société civile ont alerté la ministre Stéphanie Vallée des risques envers la liberté d'expression de son projet de loi.

Pour Elmenyawi, ce n'est pas suffisant! La critique, la ridiculisation et la dérision de la religion, et plus spécifiquement de l'islam, sont de l'islamophobie. A-t-il sa place dans un symposium international sur l'islamophobie payé par l'argent du contribuable? Moi, je dis non!

Le radicalisme du groupe Bel Agir

Lors de ce même symposium, sera présent un représentant du mouvement Bel Agir, le titre est sympathique. Par contre, il suffit d'aller sur la mosquée de Limoilou contrôlée par le mouvement Bel Agir et en quelques clics, leur site vous renvoie à ceci : Nos petits musulmans. Un site web pour les enfants. Diriez-vous cela à vos enfants? « À l'énoncé de ces paroles, Siba' et ses acolytes se jetèrent sur Khabbab, et le ruèrent de coups jusqu'à ce qu'il se soit évanoui, baignant dans son sang. Ils prenaient plaisir à le torturer : ils le déshabillaient, et remplaçaient ses vêtements par une armure en fer forgé. Puis, ils l'exposaient au soleil pendant de longues heures, enchainé et privé d'eau. Ils l'abandonnaient de la sorte jusqu'à l'épuisement»

Harun Yahya

Créationniste turc, antisémite, antimaçon et négationniste de la Shoah.

Islam On Line

Sur le site web en arabe on constate rapidement l'obsession juive. Site web fondé par Youssef Qaradawi, il a notamment tenu les propos suivants :

  • À propos des femmes : « après avoir tenté de rectifier de son mieux l'attitude de son épouse à l'aide de mots choisis, en usant de persuasion subtile et en raisonnant. En cas d'échec, il devra faire couche séparée, tachant ainsi d'éveiller son agréable nature féminine de façon que la sérénité soit restaurée [...]. Si cette approche échoue, il lui est permis de la battre légèrement, avec ses mains, en prenant soin d'éviter le visage ou d'autres parties sensibles.
  • Sur la Shoah : « Tout au long de l'histoire, Allah a imposé aux [Juifs] des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. Avec tout ce qu'il leur a fait - et bien qu'ils [les Juifs] aient exagéré les faits -, il a réussi à les remettre à leur place. C'était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des croyants. »
  • Sur le djihad et Israël : « La seule chose que j'espère, au crépuscule de ma vie, c'est que Allah me donne l'opportunité d'aller au pays du jihad et de la résistance, ceci même sur un fauteuil roulant. Je tuerai les ennemis d'Allah, les sionistes»

Au regard de la mosquée de Limoilou que contrôle le mouvement Bel Agir et les « Liens utiles » que l'on peut retrouver sur leur site Web, peut-on considérer que ce mouvement n'a pas sa place dans le symposium qui aura lieu prochainement à Montréal?

Les modérés vont-ils réagir?

En novembre 2014, Couillard lançait un dialogue avec les leaders de la « communauté musulmane ». Je ne reviendrai pas sur la polémique d'une fantasmée communauté musulmane monolithique. De nombreuses personnes de culture musulmane ont interpellé Philippe Couillard sur l'avenue qu'il empruntait. Je m'interroge plutôt sur le choix des leaders que Philippe Couillard a rencontré pour leur modération : Lamine Foura, Harroun Bouazzi, Samira Laouni présents à ce symposium sans que ceux-ci ne dénoncent la présence de Salam Elmenyawi ou encore un représentant du groupe Bel Agir?

Est-ce que je les condamne par association? Du tout! Mais à force d'être les modérés sans en jouer le rôle, c'est-à-dire dénoncer fermement les radicaux, il y a tout lieu de croire qu'il y a tolérance envers le radical pour ne pas dire acceptation.

Les Noirs québécois, qui avaient subi et subissent encore à ce jour plus de discriminations et de crimes haineux que n'importe quel groupe dans notre société, avaient eu la force en octobre 1968 lors de la Conference Comittee-MTL à l'Université Sir Georges Williams de dénoncer sans détour les radicaux dans leurs rangs. J'ose croire qu'il en sera de la même vigueur chez les musulmans québécois.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.