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Premier débat: les candidats, la Constitution et la question sans réponse

Aussi bien le président Obama que le gouverneur Mitt Romney ont qualifié les élections à venir de choix crucial à faire entre deux visions très différentes de l'Amérique - et ils ont raison. Alors que la course présidentielle entre dans sa dernière ligne droite, les candidats et leurs partis respectifs restent très divisés concernant les impôts, la dette publique, le filet de sécurité sociale et le rôle du gouvernement dans la création d'emploi et l'encouragement de la croissance économique.
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AFP

Aussi bien le président Obama que le gouverneur Mitt Romney ont qualifié les élections à venir de choix crucial à faire entre deux visions très différentes de l'Amérique - et ils ont raison. Alors que la course présidentielle entre dans sa dernière ligne droite, les candidats et leurs partis respectifs restent très divisés concernant les impôts, la dette publique, le filet de sécurité sociale et le rôle du gouvernement - si tant est qu'il en ait un - dans la création d'emploi et l'encouragement de la croissance économique. Ces questions, une fois encore, seront au centre du premier débat présidentiel de ce mercredi soir 3 octobre, Jim Lehrer de PBS devant consacrer 1/6ème du temps - 15 minutes en tout - à discuter du "rôle du gouvernement". Reste à savoir si Lehrer ou les candidats oseront s'attaquer à la question majeure se tenant derrière cette discussion : la Constitution des Etats-Unis.

Ces deux dernières années, les "tea-partistes" et autres "conservateurs de la constitution" se sont époumonés à dire que leur vision très limitée du gouvernement fédéral - un gouvernement impuissant à gérer des problèmes nationaux comme l'assurance santé et le plan retraite - n'était pas un choix politique mais une exigence constitutionnelle. Ils ont déjà perdu dans les grandes lignes ce débat, n'étant pas parvenus à convaincre la majorité de la Cour Suprême, pourtant plutôt conservatrice, que le mandat individuel de l'Obama Care (l'assurance maladie défendue par le président sortant) dépassait les pouvoirs du gouvernement fédéral. Néanmoins, les alliés du gouverneur Romney continuent d'encourager cette vision radicale de la Constitution, notamment au niveau de la plate-forme électorale du parti républicain. Quant à Romney, il n'arrive pas à trancher : d'un côté, il soutient le désaccord de la majorité à propos de l'Obama Care: de l'autre, il donne l'impression de croire que le gouvernement fédéral a un rôle majeur à jouer concernant la crise de l'assurance santé en Amérique.

Pour Romney, la question ce soir est donc de savoir s'il se ralliera définitivement à cette vision constitutionnelle de la droite extrême, ou au contraire, s'il prendra ses distances avec elle. Quoiqu'il en soit, Lether ne peut en tout cas pas laisser Romney exprimer ses visions du rôle du gouvernement fédéral sans avoir d'abord dit s'il croit ou non que la Constitution lie les mains du Président sur les questions de politique nationale (et si oui, lesquelles et jusqu'à quel point).

En face de Romney se trouvera donc le Président Obama, ancien professeur de droit constitutionnel, mais qui parle rarement de la Constitution. Durant la bataille de l'Obama Care, et même après en être sorti victorieux auprès de la Cour Suprême, le Président n'a jamais livré une vision convaincante de la Constitution pour répondre au tea-party - une qui permettrait des actions énergiques du gouvernement pour s'occuper vraiment des problèmes nationaux, tout en reconnaissant des limites au pouvoir fédéral. A la place, le Président et ses alliés n'ont évoqué presque exclusivement que les avantages concrets de l'Act - pour les grand-mères, pour les ceux qui ont 26 ans, pour ceux ayant des conditions médicales préexistantes. Certes, cet argument est important, mais il ne répond absolument pas aux attaques incessantes du tea-party contre l'Act, qui le qualifie d'agression anticonstitutionnelle à la liberté individuelle. On en a vu le résultat assez prévisible lors de sondages réalisés avant que la décision de Cour Suprême ne fasse jurisprudence : ils montrent que même les supporters de l'Act croyaient que ce dernier était anticonstitutionnel, malgré des preuves convaincantes du contraire. C'est pourquoi il est aussi important que Lehrer pousse le Président Obama à donner sa propre vision de la Constitution.

Dans une période de campagne pleine de diversions et de sujets futiles, la décision de Lehrer de demander aux candidats de discuter de leurs visions du rôle gouvernemental met le doigt sur la principale question de cette élection et la controverse centrale qui divise nos grands partis depuis quatre ans. Les candidats eux-mêmes la définissent comme le "choix" auquel devront faire face les électeurs, mais ils ont dit bien peu sur la question fondamentale sous-tendant ce choix :

"Que pensez-vous que la Constitution autorise comme pouvoir au gouvernement fédéral pour affronter les problèmes nationaux comme le système de santé et selon vous, dans quelles limites ?"

Si cette question est posée mercredi soir et qu'on y répond de manière significative, le choix qu'auront à faire les Américains le 6 novembre sera bien plus facile.

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