Lucien Bouchard, dirait-on, trépigne à l'idée de jouer un rôle politique.
Lui qui donnait de très rares entrevues a profité du lancement de son livre- Lettres à un jeune politicien - pour les enfiler en série. Le même message sur toutes les tribunes: il faut repousser la tenue d'un référendum dont les Québécois ne veulent pas, les souverainistes ne logent pas tous à gauche, avant de rapatrier des pouvoirs exerçons que nous avons en santé et en éducation, il faut redresser les finances du Québec et l'enrichir, surtout, ne pas céder à la rue et prendre parti pour elle.
Si j'en juge par les réactions de mon entourage, son discours a fait mouche. Il disait en fait certaines vérités martelées par un Jean Charest qui, lui, n'avait plus d'écoute. Quelques jours après l'élection de Pauline Marois, le discours de l'ancien chef a eu un effet décapant.
C'est dans l'entrevue aux Francs-Tireurs que M. Bouchard a évoqué, pour la première fois, l'idée de reprendre du service, à un certain degré il va sans dire. «Si je me réactive politiquement, ce sera pour combattre ça» a-t-il laissé tomber.
«Ça», ce sont les référendums d'initiative populaires, les rip, qui seraient enclenchés si 15% de la population signe un registre. La nouvelle première ministre a indiqué que cet exercice serait balisé par l'Assemblée nationale.
Le SPQ-Libre n'a pas tardé à dénoncer Lucien Bouchard le qualifiant de «fossoyeur» qui a «capitulé» au lendemain du référendum de 1995. La cellule de gauche du PQ soutient qu'un rip aurait pu être tenu quand Bouchard a succédé à Jacques Parizeau en 1995, quelques mois après la défaite du OUI.
Ne cherchez pas les caribous plus loin.
L'intervention de l'ancien premier ministre a teinté la transition entre les libéraux et les péquistes. L'une des attaques les plus assassines porte sur l'attitude de Pauline Marois face aux carrés rouges alors qu'elle a laissé tomber toute distance face à un soulèvement populaire.
Il faut croire Bouchard quand il dit qu'il n'aurait pas reculé. Sous sa gouverne, le Québec a vécu une grève illégale des infirmières de trois semaines. Les «douces» bénéficiaient de l'appui des Québécois. Le premier ministre Bouchard a dit non et forcé le retour au travail avec une des lois les plus dures de l'histoire du Québec (amendes individuelles salées, perte d'ancienneté...).
Il a démontré la même poigne face à son parti qu'il a affronté lors de conseils nationaux. L'analyse du Québec qu'a faite Lucien Bouchard cette semaine ressemble beaucoup à celle de la Coalition avenir Québec.
Les critiques de l'ancien chef souverainiste s'adressaient à Pauline Marois, chef de l'opposition. Maintenant qu'elle représente tous les Québécois, il sera intéressant de voir si elle a retenu certains conseils de son ancien patron et collègue.