La classe politique a su trouver le ton et les gestes qui unissent, quelques heures après la tuerie survenue à la mosquée de Québec.
Le premier ministre Philippe Couillard est rentré d'urgence de Roberval dans la soirée de dimanche et a tenu un point de presse, en pleine nuit, avec le maire de Québec, Régis Labeaume. C'était la chose à faire. Dans ces moments troubles, les citoyens ont besoin de sentir qu'il y a quelqu'un aux commandes, quelqu'un en mesure de les rassurer.
On reproche souvent au premier ministre québécois d'être lent à la détente, de manquer de flair politique, mais, devant ce drame, il a agi avec célérité et beaucoup de dignité. Son message adressé à la communauté musulmane, «nous sommes tous Québécois, vous êtes chez vous» était de nature à apaiser les tensions.
Les spectateurs qui ont suivi la conférence de presse donnée en matinée par l'ensemble du monde politique, avec des musulmans, n'ont pu faire autrement que d'être émus et chavirés. Unis sur la même tribune, des représentants des paliers fédéral, provincial, municipal avec le même message: vous n'êtes pas seuls dans votre douleur.
Visiblement, le maire Labeaume était atterré de constater que le nom de sa ville sera ajouté à la longue liste des villes où le sang d'innocents a coulé en raison du rejet de l'Autre.
Nous touchons ici à cette solidarité qui fait partie de l'ADN des Québécois. C'était beau et transcendait les sempiternelles lignes partisanes.
De même, il faut souligner l'initiative du premier ministre canadien Justin Trudeau de se rendre à Québec à la vigile organisée près du Centre culturel islamique en compagnie des chefs des autres partis politiques fédéraux. «Nous n'acceptons pas cette haine», de mentionner le premier ministre canadien devant la foule recueillie.
L'an dernier, Justin Trudeau avait été durement critiqué pour son manque d'empathie après que six citoyens de Québec eurent été assassinés par des terroristes au Burkina Faso. Peut-être a-t-il appris sur son rôle de PM.
Lorsque survient ce genre de tragédie, les yeux des citoyens se tournent naturellement vers leurs dirigeants élus et il arrive, parfois, qu'ils nous donnent une leçon de classe et de noblesse.
Ces moments de grâce sont précieux.
Aux États-Unis, le porte-parole de la Maison-Blanche a tenté, maladroitement, de tirer profit de cette tuerie pour justifier le bannissement de citoyens en provenance de sept pays musulmans. Quelqu'un aurait dû lui expliquer que le tueur présumé vivait à Cap-Rouge, et non en Syrie.
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