François Legault et la Coalition Avenir Québec aimeraient bien que la crise étudiante soit derrière eux et ne vienne pas définir la campagne électorale imminente.
Le chef caquiste a présenté lundi une série de propositions destinées à ramener la paix sur les campus, avant que les étudiants ne retournent sur les bancs d'école et ne soient appelés à sortir leur carré rouge du tiroir.
À la Coalition, on souhaite, bien sûr, fermer ce chapitre déchirant de notre vie politique. Il y a aussi un intérêt stratégique. La crise étudiante a monopolisé le débat public pendant cinq mois et polarisé les opinions. Gérard Deltell, député de Chaveau et leader parlementaire, est persuadé que ce clivage explique le recul de la CAQ dans l'opinion publique.
Un sondage CROP commandé par la CAQ a fait état, en fin de semaine, d'une soudaine poussée. Elle tiendrait à un retour du balancier sur d'autres enjeux: finances publiques, corruption, santé....
Le premier ministre Jean Charest a joué à fond la carte de la défense des institutions pendant que Pauline Marois prenait fait et cause pour le mouvement étudiant. Entre le marteau et l'enclume, la CAQ risque de se faire laminer si les hostilités reprennent dans deux semaines.
Il est assez ironique que le dossier de l'éducation ait nui à la CAQ. François Legault est un ancien ministre de l'Éducation qui a annoncé il y a un an que ce serait la priorité de son gouvernement: abolition des commissions scolaires,hausse de 20% du salaire des profs en échange d'une évaluation et de moins de sécurité d'emploi etc...
On était plutôt habitué au cycle économie-emploi et, surtout, santé.
C'est Legault qui avait introduit les contrats de performance pour les universités qui ont toujours profité d'un financement quasi-automatique. Dans la proposition faite lundi pour éviter une reprise de la crise, la CAQ serre la vis aux universités et réanime l'idée d'une rationalisation exigée par le mouvement étudiant.
Pour le reste, le cadre général présenté par le chef caquiste et ses candidats issus du monde de l'éducation est sensé et constitue un bon compromis (hausse de 200$ par année sur cinq ans et non 254$ sur sept ans, abolition du crédit d'impôt pour financer les universités..). Quant à la loi 78, la mal foutue, la Coalition en extirperait la partie qui encadre les manifestations, section que la police refuse d'utiliser de toute façon.
La question demeure: y a-t-il preneur? Où se situe l'intérêt électoral des uns et des autres quand les caravanes des partis ronronnent et que les plans de campagne sont faits?
À votre avis!?