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Le modèle actuel ne fonctionne pas bien et il est temps de revoir nos méthodes. D'hier à aujourd'hui, la prohibition n'a jamais fonctionné comme on le pensait de toute façon. La décriminalisation de la drogue est aujourd'hui grandement nécessaire au Canada.
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Le gouvernement Trudeau a promis, lors de son élection en 2015, qu'un de ses plus grands chevaux de bataille serait la légalisation du cannabis. N'étant pas moi-même un consommateur d'aucune drogue, je voyais cette promesse comme un engagement sans trop de conséquences, outre la fin d'une prohibition inutile. Cependant, le flou artistique entourant actuellement la question au Canada rend bien des gens mal à l'aise. Que ce soit les policiers qui doivent effectuer des descentes dans une boutique inoffensive de Montréal ou des sites web vendant du cannabis ouvertement en ligne, l'incertitude règne.

L'hypocrisie des gouvernements est frappante dans le dossier des drogues. D'un côté, on reconnaît que l'usage du cannabis a des effets thérapeutiques, on accepte que l'alcool et la cigarette soient en vente libre et on prescrit de plus en plus de puissantes pilules légalement aux citoyens. De l'autre, on dépense des centaines de millions dans la chasse aux consommateurs de drogue tout en négligeant le soutien aux malades et aux usagers abusifs.

Revoir le modèle

La guerre à la drogue dure depuis des dizaines d'années, ici comme ailleurs. Les gouvernants nous promettent d'enrayer la drogue avec vigueur et passion, mais les statistiques nous indiquent que la consommation n'a pas diminué énormément malgré les milliards investis. Le cannabis est d'ailleurs traité au même rang que les drogues dures dans ce système judiciaire engorgé par les accusations de possession et de consommation récréatives.

Si ce n'était que des cas de consommation sans effets néfastes, ce ne serait pas si grave. Or, la quantité de morts par overdose est en hausse partout au Québec et au Canada malgré tous les efforts investis dans la cause. Le modèle actuel ne fonctionne pas bien et il est temps de revoir nos méthodes. D'hier à aujourd'hui, la prohibition n'a jamais fonctionné comme on le pensait de toute façon.

La décriminalisation de la drogue est aujourd'hui grandement nécessaire au Canada.

Plutôt que de traiter les accrocs à la drogue comme des criminels, on doit les traiter comme des malades.

Briser les tabous

Décriminaliser ne rendrait pas la vente de drogue légale. Elle éviterait simplement d'accuser au criminel les consommateurs lors d'une arrestation. On s'entend, une personne qui fume un demi-gramme de cannabis n'est probablement pas un dangereux prédateur, sauf peut-être pour le sac de Doritos qui traîne dans le garde-manger. Par contre, un individu accroc au Crystal Meth, lui, a sûrement besoin d'une aide urgente dans sa vie privée. C'est là toute la nuance de l'argumentaire.

Plutôt que de traiter les accrocs à la drogue comme des criminels, on doit les traiter comme des malades. Tel que mentionné plus haut, la chasse aux consommateurs de drogue coûte des milliards à l'État chaque année, une somme qui ferait nettement plus de bien si elle était investie dans les thérapies et la prévention.

Certains affirment que de décriminaliser les drogues créerait une corrélation massive avec une hausse de la consommation. L'exemple du Portugal nous démontre l'inverse. En effet, en 2001, ce pays européen visionnaire décida de décriminaliser toutes les drogues, que ce soit l'héroïne, le crack ou le cannabis. La vision d'apocalypse s'est plutôt métamorphosée en histoire positive puisqu'à ce jour, la consommation de drogue est en baisse et tous les indicateurs de criminalité et de mort par overdose aussi. Aujourd'hui, le Portugal est l'un des pays les plus clean d'Europe.

Des avantages immédiats

Outre la baisse de la consommation, une décriminalisation entraînerait d'immenses bénéfices. Le premier est le plus évident, soit une hausse des revenus de l'État et une baisse du PIB souterrain. Dans ce cas-ci, la vente du cannabis par l'État est un exemple frappant et on récupérerait des millions en taxes et profits perdus à l'économie souterraine. Évidemment, l'État ne vendra jamais de cocaïne, mais le cannabis est une industrie de plusieurs centaines de millions de dollars à elle seule.Suite à la légalisation du cannabis dans certains États américains, les cartels mexicains ont d'ailleurs perdu une grosse partie de leur activité d'importation illégale, ce qui représente des centaines de millions de dollars en perte pour eux.

De plus, il sera nettement plus attirant pour les dépendants aux drogues de chercher de l'aide compétente. En réinvestissant les sommes monumentales actuellement englouties dans les services policiers vers le traitement et la prévention, il sera beaucoup plus confortable de chercher de l'aide pour ceux qui en auront besoin. Ceux qui se feront prendre à consommer n'iront pas en prison, mais directement en thérapie, ce qui pourrait en dissuader plusieurs et en sauver beaucoup d'autres. Plutôt que de tenter de tuer l'offre de drogue, on réussirait à assécher la demande, pour le même résultat final.

Enfin, la société bénéficierait d'une augmentation de la productivité globale et d'une baisse des coûts de santé suite à la baisse de la consommation de drogue. Chaque jour, des citoyens deviennent improductifs et quittent le milieu du travail pour s'enfoncer cet enfer coûteux et destructeur. Évidemment, la vie d'un humain compte plus que sa productivité sociétale. Cependant, c'est un cas clair du dicton «Une pierre, deux coups».

Avoir le courage

Évidemment, une levée de boucliers est à prévoir. Il est épeurant de faire un pas dans la direction de l'acceptation des drogues. Or, que ce soit dans la théorie ou la pratique, tout porte à croire que la décriminalisation de toutes les drogues serait l'un des pas les plus positifs possible pour la santé des citoyens canadiens et québécois. Outre la possible augmentation de la consommation (qui est démentie par la réalité partout où l'expérience est tentée), aucun n'argument n'est insurmontable pour une société qui a le courage de réfléchir rationnellement à un problème économique classique et complexe.

Si la méthode actuelle est un échec, pourquoi ne pas tenter autre chose ?

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