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La Russie au pied du mur

Il n'est pas sûr que le laisser-faire soit à l'avantage de l'Occident et de la Russie.
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La guerre froide entre l'OTAN et le pacte de Varsovie fut en fait une paix froide. L'équilibre de la terreur a rendu prudentes les superpuissances qu'étaient les États-Unis et l'Union soviétique.

Durant la guerre froide, alors même que des troupes de «volontaires» chinois et des avions de combat soviétiques se trouvaient en Corée du Nord, le général américain MacArthur fut démis pour avoir proposé de recourir à l'arme atomique. Durant la crise cubaine, l'Union soviétique retira ses ogives nucléaires de Cuba pour éviter la confrontation avec les États-Unis. Après la crise de Suez en 1956, les États-Unis et la Russie imposèrent à la France et à l'Angleterre la décolonisation de leur empire respectif. À Berlin, l'OTAN et le pacte de Varsovie se sont observés en chiens de faïence plutôt que de risquer la confrontation. Les armes de propagande ont été utilisées intensément, la confrontation idéologique entre libéralisme et communisme s'est poursuivie, mais le conflit militaire ouvert a été évité.

L'Union soviétique s'est fortement investie dans les pays du tiers monde, particulièrement au Moyen-Orient en Irak, en Syrie et en Égypte, mais n'a pu déloger les États-Unis des pays pétroliers, d'autant plus que les attaques de ces pays contre Israël se sont soldées par des échecs. En outre, le retrait des États-Unis du Vietnam, dont les Vietcongs ont été fortement soutenus par l'Union soviétique, a été reçu avec soulagement dans la société américaine, tout comme le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, dont les combattants ont été armés et entraînés par les États-Unis, a été également reçu avec soulagement par les Soviétiques.

En Europe même, l'accord d'Helsinki en 1975 a reconnu les frontières du lendemain de la Seconde Guerre mondiale et l'expansion territoriale soviétique qui s'en est suivie. Néanmoins, lorsque l'Union soviétique installa des missiles de portée moyenne en Allemagne de l'Est en 1977, l'OTAN réagit en installant des missiles Pershing en Allemagne de l'Ouest en 1983. La prudence a été finalement de mise en ce qui a trait aux armements nucléaires : des pourparlers qui s'en sont suivis ont abouti au traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 1987. Des mécanismes de contrôle complexes et délicats de désarmement partiel ont été élaborés à cette fin et 2 692 missiles balistiques américains et soviétiques ont été détruits. Le traité de réduction des armes stratégiques START a été négocié en 1991, réduisant les risques d'une conflagration nucléaire. Ce traité a été ratifié par la Fédération de Russie en 1996, mais non pas appliqué, la Russie exigeant préalablement que les États-Unis ratifient le traité de missiles balistiques ABM dont ils se sont retirés en 2002. Tout compte fait, les pourparlers sur le contrôle des armements sont suspendus depuis 2011.

La chute du mur de Berlin et le démantèlement de l'Union soviétique en 1991 ont été suivis d'une période de flottement. Plusieurs points d'insatisfaction de la Russie sont ensuite apparus : les bombardements de l'OTAN en Serbie en 1999 ; la volonté de l'OTAN de placer des missiles en Pologne, en République tchèque et en Roumanie ; le ralliement des pays de l'est à l'Union européenne puis à l'OTAN. L'Ukraine a commencé à s'engager dans cette direction. Même la Mongolie, qui a toujours été soudée à la Russie, parle de neutralité et participe à des exercices de l'OTAN...

Face à la dégradation progressive de ses anciennes alliances, la Russie s'est engagée sur plusieurs fronts tests : la guerre de Géorgie qui s'est terminée par l'occupation russe de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie ; la politique de faits accomplis a été menée en Arctique, au grand déplaisir des États-Unis et du Canada ; la Crimée a été envahie pour assurer l'accès en permanence de la Russie à la mer Noire ; des appuis logistiques ont été apportés aux séparatistes ukrainiens alors même que des exercices militaires russes intenses se tenaient à la frontière ukrainienne. Pour montrer son sérieux, l'OTAN déploie des troupes dans les États baltiques et la Russie dépêche des avions de combat qui font des sorties «osées» dans la mer Baltique et ailleurs.

L'isolation de la Russie au moyen de sanctions économiques va la pousser à chercher d'autres alliances, possiblement avec la Chine, voire à retourner aux propagandes acrimonieuses qui prévalaient du temps de la guerre froide. Les acquis de la Détente s'effritent. Il n'est pas sûr que le laisser-faire de cet état de choses soit à l'avantage de l'Occident et de la Russie. Tous deux auraient beaucoup à gagner en s'accordant sur un modus vivendi fiable.

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