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Oui, c'est la Saint-Jean...

Ce que la plupart des jeunes de moins de 40 ans ne savent pas, c'est que dans les années 1960, des gens se sont levés pour porter un flambeau de liberté et d'identité qui était vacillant.
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Pour beaucoup de gens de moins de 40 ans, la Saint-Jean-Baptiste est une espèce de Fête nationale qui se veut festive et bon enfant. Une journée de congé où on se cherche un parc avec des spectacles. Ce que la plupart de ces jeunes de moins de 40 ans ne savent pas, c'est que dans les années 1960, des gens se sont levés pour porter un flambeau de liberté et d'identité qui était vacillant. Ils ne savent pas que dans les années 1950 et 1960, on se faisait dire «Speak white» sur la rue Sainte-Catherine, coin Bleury. Ils ne savent pas qu'en 1964 à Saint-Jean-d'Iberville, sur la base militaire, on ne vous parlait jamais en français. Ils ne savent pas que chez Eaton, Morgan, Simpson, on ne nous servait qu'en anglais. Le français, lui, se parlait rue Saint-Hubert, chez Dupuis Frères. Ils ne savent pas non plus que les postes de supervision et de hauts rangs étaient réservés aux bilingues ou unilingues anglais.

Il aura fallu un FLQ au début des années 1960, un militaire mort, une manifestation terrible et sanglante en 1968, suivie d'une Crise d'octobre avec un autre mort et des arrestations injustifiées en 1970. Il aura aussi fallu une série de petites Saint-Jean-Baptiste enflammées dans le Vieux-Montréal pour que l'on commence à s'intéresser à nous. Puis une voix, un Parti québécois au pouvoir en 1976. Des lois sur la langue et un rendez-vous avec l'histoire en 1980. Un référendum suivi par des reculs en grappes à la Cour suprême sur la loi 101.

Il nous aura fallu une nouvelle défaite référendaire en 1995, et une apathie sans nom par la suite, pour que cette génération de jeunes ne croie plus au pays du Québec. Les enjeux ne sont plus les mêmes, semble-t-il. La mondialisation, Internet, la démobilisation, le «je-me-moi» auront raison de notre identité et feront que le rêve légitime d'une génération finisse par s'étioler et même mourir. Le rêve de l'un n'est peut-être plus celui de l'autre.

Si rien ne change, dans 15 ou 20 ans, on parlera des Canadiens-Français qui restent, un peu comme nous parlons des Manitobains, des Albertains, des Saskatchewanais et des Acadiens. Ce n'est pas en mettant «Les cafés» devant «Second Cup» que nous allons sauver la langue et l'identité. Ces accommodements demeurent des pis-aller.

Oui, c'est la Saint-Jean, on entendra crier: «Je suis Québécois!» On prendra quelques bières, on chantera «Mon arrière grand-père», puis à l'an prochain, si on est encore vivants.

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