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L'affaire Guy Lafleur, une belle démonstration de power trip

Loin de moi l'idée de vouloir défendre Guy Lafleur. Un avocat l'a fait et un magistrat au criminel a jugé la cause. Ici, il ne s'agit pas de savoir si l'accusé est coupable ou innocent, mais de regarder comment l'on monte une affaire banale en événement majeur.
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Il y a quelques semaines maintenant, Guy Lafleur a perdu sa cause devant le tribunal civil. L'homme réclamait des dommages pour une arrestation pour le moins cavalière. Le juge n'a pas accédé à sa demande, l'arrestation étant tout à fait légale et s'était déroulée dans les normes. Mais « dans les normes » ne veut pas dire correcte. Nous pouvons faire un tas de choses dans les normes, tout en étant singulièrement gougeât, mesquin, insensible et calculateur.

Loin de moi l'idée de vouloir défendre Guy Lafleur. Un avocat l'a fait et un magistrat au criminel a jugé la cause. Ici, il ne s'agit pas de savoir si l'accusé est coupable ou innocent, mais de regarder comment l'on monte une affaire banale en événement majeur.

Une enquêteure décide d'accuser un père qui aurait menti pour son fils et présente le cas à une procureure : c'est normal et légal. Il y a certaines procédures à suivre : demande de mandat d'arrestation, demande de mandat d'entrée chez le prévenu, tout ça devant être validé par un juge.

Maintenant, il y a une vieille invention créée par un certain Monsieur Bell, ça s'appelle le téléphone. Une procédure normale employée par 99 % des enquêteurs. Car dans les critères d'arrestation, il faut s'interroger : l'accusé peut-il s'enfuir? Se cacher? Est-ce le crime du siècle? Doit-on le détenir pour des conditions sévères? A t'il un casier judiciaire chargé? Est-il membre d'un gang criminalisé? Est-il violent? Quand les réponses sont non, pourquoi partir et faire un show de boucane? Un tremplin, possible. Un manque de jugement... sûrement.

Un simple coup de fil aurait permis à l'accusé de se présenter au centre d'enquête, de signer une promesse de comparaître et de se rendre à la cour à la date prévue. Cette façon de faire est tout à fait légale et normale. Je l'ai pratiquée régulièrement dans des cas où l'accusé n'avait pas de gros dossiers ou si l'accusation ne comportait pas de violence. Ce n'est pas du favoritisme, mais du gros bon sens. Nous l'aurions fait avec un anonyme, alors pourquoi monter en épingle une arrestation banale? Sans présumer d'intention, ça ressemble beaucoup à « devenir la personne qui a mis en cellule un homme connu». Ne riez pas, ça s'est déjà vu.

Je le répète : l'arrestation n'est pas illégale, elle est tout à fait correcte. Mais de grâce, la correction, la rectitude et tous ces mots vides de sens font que des gens sensés nous protéger manquent parfois de discernement, d'empathie et de vision. Donner l'exemple? Vous voulez rire. On donne peut-être l'exemple avec des criminels endurcis, et encore. Guy Lafleur est, et reste Monsieur tout le monde et comme tel, il aurait dû être traité avec dignité et humanité, comme le font 99 % des enquêteurs. Ne me dites pas que les choses ont changé, que les normes sont là pour être respectées. Ça, c'est du langage de fonctionnaire sans âme ni intelligence.

Le respect se mérite. Ce n'est pas la plaque ni la toge qui fait l'individu, mais son humanisme. Dommage, un bel exemple d'égo trip. Un selfie avec ça?

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Mai 2017

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