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On n'a pas fini de se faire prendre pour des cruches

Bien sûr que la justice a un prix, elle coûte de plus en plus cher pour de moins en moins de résultats.
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Encore une fois, 38 accusés, des membres de la mafia italienne, vont repartir à la maison les deux mains dans les poches et en sifflant «La vie est belle». La couronne n'a plus de preuves à offrir. Quel que soit le corps de police, on trouve une façon de faire rire de nous. Retenez-moi quelqu'un!

Le plus drôle (ou le plus pathétique) dans tout ça, c'est que la couronne dit retirer les chefs d'accusation pour empêcher les criminels de savoir comment les policiers ont fait pour amasser la preuve. Je rêve... Alors, cessons d'accuser, faisons juste regarder.

Vous êtes en train de me dire que des millions de dollars ont été dépensés pour saisir 600 kg de coke, des mitrailleuses, des mitraillettes et tout un tas de jolies choses, mais à cause de S.M.S. surveillés sans mandats, on a plus de causes? Qui est le génie de ce nouveau fiasco? Il doit sûrement y avoir quelqu'un, quelque part, qui est responsable de cette parodie d'enquête. Vous avez une idée de ce qu'est l'imputabilité?

Déjà en 2005, je m'étais élevé contre certaines pratiques douteuses de la police du SPVM dans le projet Amigo. Je trouvais que, de laissez-passer des dizaines d'armes, des dizaines de kilos de coke, des évadés de prison, en allant même jusqu'à louer une voiture pour qu'un tueur puisse la voler pour commettre un crime, étaient pour le moins de mauvais goût. Et là, je ne parle même pas du cafouillage de la Rue Bernard, où dans un restaurant, le Hells Bull Bertrand, attablé avec deux jeunes femmes, avait été blessé par un des évadés et supposément étroitement surveillé.

Alors, depuis les deux dernières années, mine de rien, plus de trois cents personnes sont dehors pour des crimes passibles de 20 à 30 ans de prison. Pire, ça nous a coûté des millions de dollars pour se faire passer ce sapin plus grand et bien plus fourni que celui du centre-ville cet hiver.

Ce n'est pas fini, l'autre Gang, celle du Faubourg Contrecœur, fait des pieds et des mains pour à tout le moins, ralentir le processus. Demande de cassation par dessus demandes de cassation, on en aura fini vers 2032 si tout va bien.

Bien sûr que la justice a un prix, elle coûte de plus en plus cher pour de moins en moins de résultats.

De qui se moque-t-on? «La justice n'a pas de prix.» Quelle belle phrase vide de sens. Bien sûr que la justice a un prix, elle coûte de plus en plus cher pour de moins en moins de résultats. Le coût n'est pas juste financier, il est aussi moral. Il ne reste plus grand monde pour faire confiance à ce système défaillant.

Nos grands corps de police n'en finissent plus de s'empêtrer dans une série de scandales. Comme je le disais à la blague alors que j'étais encore flic: «Nous sommes tellement désorganisés que nous devons sûrement désorganiser le crime organisé.»

En fait, la police a sa part de blâme, mais le système de justice aussi. Avant, on pouvait laisser les choses trainer et les accusés se ruiner. Cette tactique des 50 mandats, 100 boîtes de documentation, 30 témoins et 5 ans de procédures, nous est venue de la G.R.C. Il aurait mieux valu continuer comme nous l'avions toujours fait. Frapper dès qu'on en a l'occasion et ne pas attendre le circuit. Mais non, il faut justifier les sections spécialisées, le club des intouchables.

Maintenant, comme nos Eliot Ness ne sont responsables de rien, ils vont continuer à monter des ballons à l'hélium pour des patrons qui n'y connaissent rien. Et tant que le bon peuple ne va pas crier, on remplira les poches de ces médiocres en heures supplémentaires et on ouvrira toutes grandes les portes des «palais de justice», pour déverser dans les rues une putride senteur de mort.

Consolons-nous, il reste encore de terribles cas à pourfendre. «Ceux qui disent des méchancetés sur les réseaux sociaux.» Le système fonctionne.

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