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Les Saoudiennes veulent du changement, et vite

Nous sommes au 21e siècle, les femmes en Arabie Saoudite naissent et meurent mineures. C'est la raison pour laquelle, elles demandent que leur statut change, et vite! Pour devenir enfin, des femmes «majeures».
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WE HAVE A DREAM!!!

Étant donné que les manifestations dans les rues sont proscrites dans le royaume, des Saoudiennes féministes ont trouvé la seule fenêtre qui leur est offerte pour revendiquer et communiquer, ce sont les réseaux sociaux. On peut aussi lire des inscriptions ou graffitis sur les murs dans des quartiers de Riyad ou de Jeddah.

Depuis juin dernier, certaines Saoudiennes favorables à une émancipation de leurs conditions ont lancé sur Facebook et Twitter sous le double hashtag, anglais, arabe, « Stop à l'asservissement des Saoudiennes ». Elles tentent d'obtenir l'abolition du tutorat masculin. Une priorité absolue, avant même d'obtenir le droit de conduire.

Droites dans leur abaya, au nez et à la barbe de conservateurs, elles osent s'attaquer à un des piliers de la constitution dans le royaume; le système patriarcal.

Ici, en Arabie Saoudite, les femmes ne possèdent aucune existence légale. Pour voyager, travailler, se marier, accéder aux soins de santé, ces Saoudiennes doivent demander l'autorisation au « mahrâm », le tuteur masculin. Il peut-être le père, le mari, le frère, l'oncle ou le fils lorsque la mère devient veuve. Autrement dit, l'enfant que toutes ces femmes ont mis au monde, quel que soit son âge, a un droit de vie et de mort sur elles et sur leur sœur.

Insupportable! pour toutes ces Saoudiennes adultes considérées par le gouvernement saoudien comme des « mineures à vie ».

Kholoud, 49 ans, dirige une société de communication de quarante personnes à Riyad, elle est veuve: « Depuis cinq ans, c'est mon fils Omar âgé de 23 ans qui est mon tuteur. Il effectue toutes les démarches administratives pour moi, il est juridiquement responsable de ma personne. Je n'ai pas à me plaindre, il est très conciliant. Pour d'autres femmes dans mon cas, cela se passe très mal. Le fils peut être odieux et exercer des pressions sur la mère. »

Lancée par Human Rights Watch cette campagne fait le buzz sur la toile. À la tête de ces amazones, de ces rebelles, Hamssa al-Sanoussi, écrivaine et chercheuse saoudienne. Elle milite pour une révision de la législation en faveur des femmes. Comparativement aux précédentes campagnes menées par des militantes au droit de conduire « Women2Drive » en 2011 et 2013, les hommes cette année soutiennent ce mouvement. Une démarche inédite!

Qui sont ces hommes derrière les Saoudiennes?

Oui! En Arabie Saoudite, des hommes défendent la cause des Saoudiennes. Certes, ils ne sont pas nombreux, mais ils existent et sont déterminés. Dans mon livre Révolution sous le Voile, Saud Al-Shamary, avocat, n'avait pas hésité à apporter son témoignage malgré la pression d'une société patriarcale oppressante et hostile à l'amélioration des droits de la femme.

Ils sont en effet avocats, défenseurs des droits de l'Homme, ou Saoudiens anonymes, tous portent un regard très critique sur leur société. Ils reconnaissent unanimement : « Tant que la femme ne pourra pas jouir pleinement de ses droits naturels, on restera à la traîne des nations développées. Bien que marginalisée ou considérée comme une citoyenne de seconde zone, elle est capable aussi de dépasser des hommes dans des domaines tels que la recherche scientifique ».

Chemin de réformes, parcours du combattant...

Quand bien même on ne peut pas parler de grandes réformes, il n'empêche que les décisions prises par feu, roi Abdallah lors de cette dernière décennie, ont permis aux femmes de travailler comme caissières dans des grandes surfaces, vendeuses dans les magasins de cosmétiques ou de lingerie, qui étaient jusque là, la chasse gardée des hommes.

Dans un rapport de 79 pages publié cet été, Human Rights Watch dénonce toutes les restrictions dont souffrent les femmes saoudiennes. L'ONG précise que l'Arabie Saoudite « a cependant pris des mesures ces dernières années afin que le rôle du tuteur exerce moins de contrôle sur les femmes, notamment en mettant fin à la demande d'autorisation de travailler et en promulguant une loi pénalisant les violences domestiques. Il y a quatre ans le roi Abdallah avait nommé 30 femmes au Conseil de la Choura, ou conseil consultatif. Sans oublier d'évoquer les élections aux municipales en décembre 2015 pour la première fois dans l'histoire du royaume les Saoudiennes pouvaient voter et se présenter comme candidates. Pour ces militantes, cela reste néanmoins insuffisant, le chemin semble encore long et cahoteux...

A quand la majorité?

Le vice-Prince Héritier, Mohammed bin Salman a présenté en avril dernier, le Plan Vision 2030, ou "vision pour l'avenir", dans lequel il est déclaré que le gouvernement je cite: "continuera à développer les talents [des femmes], à investir dans leurs capacités productives et à leur permettre de contribuer au développement de notre société et de notre économie". Autrement dit, les Saoudiennes sont appelées à intégrer rapidement la vie active. D'aucunes veulent y croire. Force est de constater que dans la réalité, tant que les femmes dans ce pays ne disposeront pas de leurs droits fondamentaux, elles ne pourront pas réaliser leur propre vision d'avenir. Faut-il le rappeler... Nous sommes au 21e, les femmes en Arabie Saoudite naissent et meurent mineures. C'est la raison pour laquelle, elles demandent que leur statut change, et vite! Pour devenir enfin, des femmes "majeures". Dimanche dernier, elles ont déposé une pétition sur le bureau du souverain saoudien.

Elles attendent désormais un geste royal, de leur tuteur le plus puissant du royaume, le roi Salman.

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