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L'enjeu monétaire dans un Québec indépendant

Pauline Marois a affirmé que le Québec conserverait le dollar canadien une fois l'indépendance acquise. Rien de nouveau sous le soleil dans le mouvement indépendantiste, donc, puisque cette position était également défendue lors du référendum de 1995 par les ténors du camp du Oui. Qui ne se rappelle d'ailleurs pas de la fameuse pancarte arborant le huard?
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La semaine dernière, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a affirmé que le Québec conserverait le dollar canadien une fois l'indépendance acquise. Rien de nouveau sous le soleil dans le mouvement indépendantiste, donc, puisque cette position était également défendue lors du référendum de 1995 par les ténors du camp du Oui. Qui ne se rappelle d'ailleurs pas de la fameuse pancarte arborant le huard? Force est toutefois de constater que cette position provoque des remous dans les deux camps de la question nationale, chez les fédéralistes comme chez les indépendantistes.

Pour les premiers, il apparaît improbable qu'on laisse le Québec s'en « tirer aussi facilement ». C'est dans cette perspective que les fédéralistes fondent leur discours de peur, selon lequel le Québec ne pourra pas conserver la monnaie canadienne advenant son indépendance. Pourtant, rien n'est plus faux, puisque le marché des changes est un marché libre. Ainsi, le Québec pourrait adopter la monnaie de son choix, que ce soit le yuan chinois ou le dollar américain. Aucun économiste ne vous dira le contraire.

Soulignons au passage que si le Québec choisissait de se départir rapidement de ses stocks de monnaie canadienne au lendemain de son arrivée parmi le concert des nations indépendantes, le plus grand perdant serait non pas le Québec, mais le Canada. En effet, une telle entreprise entraînerait une arrivée massive de dollars canadiens sur le marché mondial des changes, faisant augmenter l'offre de manière drastique. Au même moment, la demande de dollars canadiens diminuerait tout aussi drastiquement, puisque le cinquième des utilisateurs actuels de monnaie canadienne - les Québécois - n'en aurait dès lors plus besoin. Le scénario serait quasi-catastrophique pour le Canada : sa monnaie se dévaluerait en effet à vitesse grand V.

Pour les seconds, cela remet en question le concept même d'indépendance, puisqu'un pays du Québec serait dès lors déjà en voie de perte de souveraineté financière, comme le sont par ailleurs les pays de la zone euro. Il faut cependant comprendre l'importance de conserver la monnaie canadienne dans les premières années suivant l'indépendance politique en termes de stabilité économique, déjà ébranlée par l'accession du Québec au rang de pays. Cela contribuerait à rassurer les investisseurs, dont les risques pourraient être assumés par la crédibilité dont jouit la monnaie canadienne sur les marchés financiers.

Il va toutefois de soi que le Québec devra, après cette période de transition, récupérer les pleins outils de sa politique monétaire et donc procéder à la création d'une monnaie québécoise afin de ne plus être dépendant de l'économie canadienne et des décisions de sa banque centrale. Il pourra ainsi poursuivre avec plus de facilité ses objectifs de stabilité des prix en contrôlant l'inflation, notamment. C'est ce qu'ont fait avant lui de nombreux pays comme la Norvège et le Luxembourg, leur permettant de devenir des pays riches une fois l'indépendance acquise, une qualification que le Québec peut, à juste titre, poursuivre sans complexe.

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