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Imaginons une seconde que Vladimir Poutine soit Américain.
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Si vous aussi la politique vous déprime au point d'envisager sérieusement de ne plus vous intéresser qu'aux animaux sauvages ou aux bégonias, il existe deux astuces.

• Penser à Churchill et à sa phrase sur la démocratie : le pire des régimes à l'exception de tous les autres.

• Se dire que la situation pourrait être bien pire. Par exemple, nous pourrions déjà vivre dans un monde où l'extrême droite aurait gagné les élections dans plusieurs pays, sous l'influence d'un Vladimir Poutine toujours au pouvoir... pendant que Donald Trump, lui, serait élu président des États-Unis.

Un cauchemar qui devient réalité

Le cauchemar devient chaque jour plus plausible. Ce n'est pas encore une fatalité. Si toutes les voix de Ted Cruz se reportaient sur Marco Rubio, il pourrait passer devant Trump. C'est encore possible si Ted Cruz est déclaré inéligible, en raison de sa naissance au Canada, avant la fin des primaires... Mais pour l'heure, le scénario le plus probable, c'est que Donald Trump devienne candidat des républicains. Et qu'il soit en situation de battre Hilary Clinton, loin d'être au plus haut dans l'opinion américaine.

De son côté, Jeb Bush, lui a dû se retirer de la course à l'investiture. Après une série d'échecs cuisants. On aimerait croire que l'absence totale d'adhésion à la campagne de Jeb Bush soit due au fait de porter un nom de famille associée à une politique désastreuse, pour les États-Unis comme pour le monde. Hélas, c'est aussi parce qu'il a mené une campagne terne et raisonnable. Et pourtant, il disposait du plus gros budget de campagne chez les républicains : 155 millions de dollars. C'est sept fois plus que Donald Trump : 21 millions, qui viennent pour l'essentiel de sa propre fortune. Le milliardaire en a fait un atout et martèle qu'il ne dépend d'aucun lobby. Ce qui ferait presque oublier qu'il dépend, en réalité, de ceux avec qui il fait des affaires... Mais Trump, de toute façon, n'a pas besoin d'argent pour se démarquer de ses concurrents. Il lui suffit d'ouvrir la bouche et de dire un maximum d'énormités, si possible brutales et vulgaires, pour faire le buzz.

Plus cela choque les journalistes, plus le milliardaire réussit à passer pour l'incarnation du peuple contre les élites.

Pour d'autres, ce serait plutôt la haine de la démocratie. Elle se mesure à la fascination ambiante, allant de l'extrême droite à la gauche radicale en passant par une partie de la droite dure, pour un homme pourtant tout à fait comparable à Donald Trump, mais en pire. À ceci près qu'il est Russe, et non Américain.

Si Poutine était Américain...

Si on parle du style et des cheveux, Vladimir Poutine présente mieux, assurément. Mais si on parle du fond, de la brutalité et de morale publique, Poutine a de quoi battre Trump à plate couture.

Ne parlons mêmes pas du respect de la démocratie. On imagine que, même s'il est élu, Donald Trump ne fera que deux mandats et qu'on pourra s'opposer à lui sans finir en prison ou abattu au pied du Kremlin.

Imaginons une seconde que Vladimir Poutine soit Américain. On le décrirait facilement comme un fou impérialiste. Comment parler autrement d'un homme capable d'envahir un pays de sa sphère d'influence, tout en allant bombarder un pays arabe ?

Heureusement, Poutine est Russe. Sur les réseaux sociaux, vous lisez donc qu'il est donc «russophobe» de critiquer sa politique, ou même, j'imagine, de le comparer à Trump... qui aime plutôt Poutine.

Assurément, les deux hommes pourraient s'entendre sur le dos de l'État islamique. Et ça, personne n'est contre. Mais ils s'entendront aussi très bien sur le dos de l'Europe. Et ça, c'est plus ennuyeux.

Même en Syrie, Poutine ne veut pas détruire l'État islamique. Il veut soutenir Assad, ce qui est très différent. Or, les crimes contre l'humanité du régime syrien nourrissent la propagande jihadiste et leur permet de recruter, y compris en Occident.

Les avions russes frappent un peu l'État islamique et beaucoup ce qui permet encore de vivre en Syrie : les écoles, les routes, les infrastructures. Ces destructions ont considérablement grossi le flot des réfugiés fuyant vers l'Europe. Ce qui a le double avantage de vider la Syrie des opposants au régime d'Assad, et de semer l'angoisse au cœur de l'Europe... donc de faire monter les partis d'extrême droite que soutient Vladimir Poutine dans l'espoir de voir l'Europe exploser de l'intérieur.

Le soutien à une extrême droite pouvant faire exploser l'Europe de l'intérieur

La presse étrangère vient de révéler que le Front national a demandé un nouveau prêt, cette fois de 27 millions de dollars, à des banques russes, en prévision de la prochaine élection présidentielle en France. Un prêt qu'elle peut difficilement obtenir sans le soutien du Kremlin. Ce qui en ferait, si on employait la terminologie de l'extrême droite, le premier «parti de l'étranger»... Que des souverainistes soient capables de voter pour un parti sur lequel mise une puissance impérialiste rêvant de dépecer l'Europe en dit déjà long... Mais que des démocrates puissent ouvertement déclarer leur fascination pour un dictateur, soutenant des tyrans, même dans une époque où l'ennemi prioritaire est bien entendu l'État islamique, c'est un signe.

Le signe que nous sommes mûrs, nous aussi, pour prendre le risque de vivre dans un monde dirigé par monsieur Trump et par monsieur Poutine. À moins de réagir.

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