2015 sera l'année la plus chaude à ce jour et il faut agir. Plusieurs organisations ont récemment publié des rapports liant l'industrie de l'élevage du bétail au problème éminent du réchauffement planétaire.
Le rapport le plus récent, publié le 24 novembre par Chatham House, affirme qu'en diminuant la consommation et donc la production de viande, le réchauffement planétaire pourrait être maintenu sous la température que la plupart des scientifiques estiment dangereuse. Par contre, aucun changement dans l'alimentation des gens autour du monde ne peut se réaliser si la plupart d'entre eux ne connaissent pas les effets néfastes que la production de la viande a sur l'environnement.
D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'élevage est à l'origine d'environ 15% des émissions de gaz à effet de serre causés par l'activité humaine. La production de viande cause alors autant d'émissions que les véhicules de transport. Dans le dernier rapport de l'ONU sur le réchauffement planétaire, il est indiqué que les émissions de gaz à effet de serre pourraient être diminuées de façon significative en changeant nos habitudes de consommation, mais aucun plan n'a été mis en place pour effectuer un tel changement.
Le groupe Compassion in World Farming a calculé que si chaque famille au Royaume-Uni diminuait de 50% sa consommation quotidienne de viande, la réduction d'émissions de gaz à effet de serre serait plus grande que si elle diminuait de 50% l'utilisation des voitures. Parmi tous les produits animaux, le bœuf et le lait causent le plus de dommages environnementaux. Plusieurs gaz sont émis lors de l'élevage de bétail, notamment le méthane, un gaz dégagé par les bovins lors de leur digestion. Ce gaz nocif a un impact beaucoup plus grave sur le réchauffement planétaire que le dioxyde de carbone (CO2), mais nous n'entendons jamais parler de l'importance de la réduction de notre empreinte de méthane.
En plus de sa contribution au réchauffement planétaire, l'industrie de la production de la viande endommage l'environnement de plusieurs autres façons. Par la contamination des cours d'eau, par la diminution de la biodiversité, par la déforestation, cette industrie dévastatrice a un impact irréversible sur la planète. En Amérique latine, la déforestation est particulièrement alarmante. Près de 70% du terrain qui a été ravagé au Panama et au Costa Rica l'a été pour l'élevage de bétail. En ce qui concerne la contamination de l'eau, de nombreux additifs sont mélangés dans la nourriture du bétail et leurs selles contiennent des métaux qui pénètrent les cours d'eau. Ces métaux nocifs sont alors absorbés par les poissons, puis transmis aux humains qui consomment ces poissons. De plus, Santé Canada a prouvé qu'une alimentation végétarienne bien planifiée procure tous les nutriments nécessaires et est favorable à la bonne santé.
Devant ces constats, on croirait que la demande de viande diminuerait, mais elle ne fait qu'augmenter. La consommation moyenne de viande dans les pays industrialisés correspond à deux fois la quantité recommandée et la demande de viande en Asie augmente rapidement en fonction de leur classe moyenne croissante. Le World Ressources Institute (WRO) estime que d'ici 2050, la consommation de viande augmentera de 116% en Chine et de 138% en Inde. D'après le rapport de Chatham House, la consommation de viande au niveau globale augmentera de 75% d'ici 2050.
Malgré le potentiel de réduction d'émissions que représente le secteur de l'élevage, les pays réunis à Paris pour la Conférence sur le climat n'en ont pas encore discuté. Le rapport de Chatham House confirme que la réduction de la consommation de viande ne fait partie d'aucun plan national de réduction d'émissions des pays qui participent à la conférence à Paris. Les gouvernements hésitent à encourager des changements dans le style de vie des gens puisqu'ils veulent éviter à tout prix de contrarier l'industrie ou de perdre le support de la population.
Un des points les plus importants soulignés dans le rapport de Chatham House est que les gouvernements doivent absolument faire leur part pour provoquer un changement. D'après Rob Bailey, l'auteur principal du rapport, les gouvernements et la société civile internationale, hésitent à adopter des politiques pour encourager les gens à modifier leur alimentation. Les leaders et personnalités publiques interviennent néanmoins dans la vie des gens en leur conseillant d'utiliser moins d'électricité et moins d'eau, alors pourquoi hésitent-ils tant à parler de la consommation de viande?
Il faut reconnaître qu'à cause du lobbying, les entreprises ont énormément de pouvoir politique, surtout aux États-Unis. D'après le North American Meat Institute, l'industrie de la production de la viande apporte 8 642 milliards de dollars à l'économie américaine chaque année. De plus, les charges salariales de cette industrie apportent 81,2 milliards de dollars au gouvernement. Si un changement se produit, il est donc très improbable qu'il soit initié par les entreprises et les gouvernements malgré l'impact important qu'il pourrait avoir. En attendant que les gouvernements cessent de céder aux intérêts des grandes corporations qui veulent continuer à vendre le plus de viande que possible, le public doit se mobiliser afin d'obtenir l'attention des médias et de se faire entendre par les politiciens.
Les combustibles fossiles sont une des causes principales du réchauffement planétaire et les gouvernements commencent à penser aux façons de réduire leur utilisation. Il est temps que ce même genre d'attention soit accordé au secteur de l'élevage du bétail. Le public doit reconnaître que les effets de l'industrie de l'élevage sur l'environnement sont inacceptables afin d'encourager ce secteur à participer aux efforts environnementaux tout autant que les autres secteurs émetteurs de gaz polluants.
La population de la planète augmente à une vitesse incroyable et si la demande de viande continue de grandir en proportion de la population, les effets sur l'environnement seront irréversibles.
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