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Le Lab-école est une opération de relations publiques nécessaire

La présence et l'animation publique de vedettes qui n'ont rien à voir avec l'éducation, comme la plupart d'entre nous, deviennent un atout non négligeable pour tenter de repositionner l'éducation en tête de nos priorités nationales.
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Comme nous avons tous le mot éducation à la bouche, lorsque vient le moment d'indiquer nos priorités aux partis politiques, le message demeure constamment le même: la santé et l'économie d'abord, et très loin ensuite, l'éducation.
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Comme nous avons tous le mot éducation à la bouche, lorsque vient le moment d'indiquer nos priorités aux partis politiques, le message demeure constamment le même: la santé et l'économie d'abord, et très loin ensuite, l'éducation.

La manchette médiatique est limpide et percutante: trois vedettes de l'architecture, de l'alimentation et de la mise en forme annoncent leur participation à la création et aux travaux du Lab-école dont la mission est de «rassembler une expertise multidisciplinaire pour concevoir l'architecture des écoles de demain» (site web de l'organisme). Cette mission, on le remarquera, n'a rien à voir avec les approches pédagogiques, mais tout à voir avec l'environnement dans lequel on accueille les élèves et le personnel scolaire.

Cette annonce du Lab-école trouve immédiatement un écho important dans tous les médias... au moins durant quelques heures dans la journée du 7 novembre. PierreThibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée, les fameuses vedettes, sont partout à donner des entrevues et à défendre le projet. Ils font part de leur enthousiasme, de leur engagement et de leur passion à créer des environnements accueillants et sains pour les élèves et le personnel enseignant.

Aussitôt l'annonce faite, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) publiait un communiqué qualifiant la création du Lab-école d'opération de relations publiques. Elle déplore «le fait que le ministre Proulx fasse appel à une pléiade de personnes étrangères au monde de l'éducation, notamment trois personnalités connues du public, qui ne détiennent aucune expertise en matière de pédagogie».

Cette réaction avait été tout aussi virulente lors la fuite au sujet de la création du Lab-école en avril dernier. Elle ne tient pas compte cependant de la présence maintenant connue de membres du monde de l'éducation sur le CA de l'organisme. Elle omet également de la consultation directe et ouverte du personnel scolaire dans laquelle se sont déjà très manifestement engagés les membres de l'organisme. Encore plus, elle travestit la mission de l'organisme dont la mission n'empiète aucunement sur l'expertise pédagogique des enseignants, mais porte exclusivement sur l'écologie de l'école. Et ultimement, cette réaction boude la nécessité d'interpeler dramatiquement le public quant à l'urgence d'améliorer les environnements éducatifs dans lesquels nous demandons à nos enfants et au personnel de l'école de se présenter durant 185 jours par année. C'est bien connu, le parc des écoles publiques québécoises est dans un état lamentable; près de 500 d'entre elles sont dans un état préoccupant et plus de 50 tout juste bonnes à la démolition. C'est sans compter toutes celles construites alors que l'école était vue comme une forteresse impénétrable, fermée à la communauté et aménagée en fonction d'une interaction entre élèves et enseignants qui s'est profondément transformée depuis les années 60.

En refusant de collaborer aux travaux du Lab-école, la FAE perd une chance unique de participer de plain-pied au rehaussement de l'éducation dans le classement des priorités que lui accorde la population.

Mais plus encore, en refusant de collaborer aux travaux du Lab-école, la FAE perd une chance unique de participer de plain-pied au rehaussement de l'éducation dans le classement des priorités que lui accorde la population. Sondé tous les trimestres par Nanos Resarch entre 2004 et 2010, le taux de répondants accordant la priorité à l'éducation oscille généralement autour de 5% . En 2014, il était toujours à 5% (sondage Léger et Léger). Comparativement, le taux accordé à la santé variait entre 23% et 45% (Naxos) (35% en 2014 chez Léger et Léger). En 2014, l'emploi et la croissance économique recueillaient autour de 25%, les finances publiques autour de 12%.

Même si nous avons tous le mot éducation à la bouche, lorsque vient le moment d'indiquer nos priorités aux partis politiques, le message demeure constamment le même: la santé et l'économie d'abord, et très loin ensuite, l'éducation. La présence et l'animation publique de vedettes qui n'ont rien à voir avec l'éducation, comme la plupart d'entre nous, deviennent dans ce contexte un atout non négligeable pour tenter de repositionner l'éducation en tête de nos priorités nationales. Se retrancher derrière la défense rigide d'une expertise professionnelle pour dénoncer la participation de vedettes appréciées du public dans le renouvèlement de nos environnements éducatifs ne trahit rien d'autre qu'une position de repli qui ignore l'absolue nécessité de mobiliser la population autour du projet éducatif national.

La crainte que cette «opération de relations publiques», comme le dénonce la FAE, ne vienne gommer d'autres enjeux névralgiques et intolérables comme l'écrémage de nos écoles publiques par le réseau des écoles privées, le manque de ressources pour les élèves en difficultés et le manque de valorisation du personnel enseignant est légitime. Mais ces luttes demandent l'adhésion de la population au développement et au soutien continu d'une meilleure école publique. La création du Lab-école pourrait bien se présenter comme une belle occasion de renforcer cette adhésion.

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