Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Populisme, islamisme, élections et naissance de contre-sociétés

De très nombreux électeurs ressentent un mépris de la part des élites, des médias. Prenons garde, car si la haine n'est pas encore au pouvoir, cela pourrait venir.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Aujourd'hui, nous devenons tous, semble-t-il, des égarés qui assistent à l'épuisement de nos modèles politico-institutionnels. Épuisements générés médiatiquement par de nouveaux pseudo élans de vertu de notre monde contemporain. Nos discours reviennent inexorablement à la morale. Les électeurs semblant avoir oublié les qualités politiques qui sont pourtant nécessaires.

Les électeurs exigent aujourd'hui des politiques «propres» au sens populiste du terme, et ils sont prêts à accepter qu'ils soient moins compétents, d'où l'absence de débats sur les programmes, qui sont pourtant l'essence de la politique.

Chacun sait combien les croyances religieuses et certaines croyances politiques sont intolérantes et quel empire despotique elles exercent sur les âmes.

Pour comprendre l'électeur, l'homme, citons quelques phrases de Gustave le Bon: «Les foules ne connaissant que les sentiments simples et extrêmes; les opinions, idées et croyances qui leur sont suggérées sont acceptées ou rejetées par elles en bloc, et considérées comme des vérités absolues ou des erreurs non moins absolues. Il en est toujours ainsi des croyances déterminées par voie de suggestion, au lieu d'avoir été engendrées par voie de raisonnement. Chacun sait combien les croyances religieuses et certaines croyances politiques sont intolérantes et quel empire despotique elles exercent sur les âmes. N'ayant aucun doute sur ce qui est vérité ou erreur et ayant d'autre part la notion claire de sa force, la foule est aussi autoritaire qu'intolérante. L'individu peut supporter la contradiction et la discussion, la foule ne les supportent jamais.

Et rappelons que la violence des sentiments des foules est encore exagérée, dans les foules hétérogènes surtout, par l'absence de responsabilité. Dans les foules, l'imbécile, l'ignorant et l'envieux sont libérés du sentiment de leur nullité et de leur impuissance, que remplace la notion d'une force brutale, passagère, mais immense.

Nous pourrions faire un parallèle entre notre monde d'aujourd'hui, et celui de Dostoeïsvki, auteur mû par un instinct nationaliste (très à la mode aujourd'hui) Dostoïevski exprimait ses craintes sur le destin de son pays et en dénonçait les mouvements révolutionnaires influencés par le libéralisme de l'Europe occidentale et l'athéisme, on pourrait rajouter aujourd'hui le consumérisme.

On retrouve aujourd'hui ses craintes chez les mouvements d'extrême gauche, d'extrême droite, et chez les islamistes.

Comme Dostoïevski, certains de nos politiques portent aujourd'hui l'idée d'un «homme nouveau» qui devra faire face au grand jour ou combat entre les forces positives de cet homme nouveau et les puissances ténébreuses de la finance, de l'Europe, de l'immigration ou de l'islamisme.

Nous sommes peut-être à une étape de notre évolution (un palier technologique, comme disent les ingénieurs) et on pourrait se demander si l'homme n'est pas victime d'un vice de construction. Arthur Koestler tenta de déceler ce défaut, certaines données neurologiques expliqueraient que ce défaut est dû à la croissance extraordinairement rapide du cerveau humain. Cet excès de vitesse serait responsable d'un défaut de coordination entre les structures anciennes et les structures récentes de ce cerveau, d'où le divorce de l'émotion et de la raison.

En simplifiant, l'homme disposerait de trois cerveaux, le reptilien ou paléo cortex qui guiderait notre instinct de survie de l'espèce (agressivité, sexualité, faim.) Le deuxième cerveau, ou méso cortex, guiderait nos sentiments, le troisième ou néocortex, propre à l'homme, est rationnel, il gérerait le langage et la pensée abstraite.

Revenons-en à élections et populisme, il fut un temps où ceux qui disaient des horreurs sur les adversaires, les religions, les réfugiés, le faisaient à voix basse. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, tous et toutes se lâchent aujourd'hui, et on fait alors face à une violence verbale et sur les réseaux totalement décomplexés.

De plus en plus , certains politiques, leaders religieux, représentent le peuple dans ses passions les plus viles, on a quelquefois l'impression que certains souhaiteraient que l'ignorance soit au pouvoir et impose sa loi au savoir.

Les campagnes politiques d'aujourd'hui sont aussi caractérisées par l'émotion et l'affect. Tout devient émotionnel. Prenons garde, car des décisions prises par l'alliance du cerveau reptilien et du cerveau affectif nous rendront irrationnels. Des décisions, prises par l'alliance entre le cerveau reptilien et le cerveau rationnel, neutraliseront notre affectif, comme chez les djihadistes aujourd'hui, ou chez les staliniens hier. Nous vivions assez paisiblement depuis quelques années grâce à l'alliance du cerveau rationnel et du cerveau affectif qui marginalisait le cerveau reptilien, cela est-il en train d'évoluer?

De très nombreux électeurs ressentent un mépris de la part des élites, des médias. Prenons garde, car si la haine n'est pas encore au pouvoir, cela pourrait venir. Le jour où des contre-sociétés s'installeront, cela prendra des années pour les déloger!

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.