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Quand des souverainistes proposent une réforme du Canada

Si le Parti québécois assume et défend à ce point l'indépendance, pourquoi, logiquement, prendrait-il le risque que les Québécois optent pour un fédéralisme renouvelé?
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Évitant méticuleusement tout engagement indépendantiste concret, le Parti québécois cumule depuis plusieurs années déjà des plans, des consultations, des colloques, des livres blancs... Revues, réexplorées, réinventées, renommées, ces initiatives naissent, essentiellement, d'un présupposé bien précis: les Québécois ne sont pas prêts à se voir présenter un projet indépendantiste honnête et clair. Pire: leur proposer serait garantir un échec. Précipiter une catastrophe. Il faut attendre. Peu importe que l'indépendance soit à 41 % dans les sondages, elle est impossible.

Reprenant avec aplomb les arguments de nos adversaires fédéralistes, les représentants péquistes martèlent sans relâche que, malheureusement, il est hautement improbable de réaliser l'indépendance ou de confirmer que le Parti québécois s'engagera dans cette voie. Et qui sont les coupables? Si on en croit ceux-ci, ce sont les Québécois. Eux qui craignent le référendum, eux qui n'en veulent pas de l'indépendance.

Avant de s'engager à quoi que ce soit, il faut aller à leur rencontre, disent certains! Il faut des plans avec de multiples étapes, clament d'autres! Et cela est sans compter ceux qui jettent encore plus résolument la serviette, repoussant le projet à un hypothétique deuxième mandat.

Ce manque de confiance envers les Québécois, cette démission, atteignait un autre sommet, alors que Nicolas Marceau, Alain Therrien, Mireille Jean, Catherine Fournier et Louis Lyonnais annonçaient un réchauffé de ce plat qui nous est servi depuis de trop nombreuses années déjà. Avec un goût de plus en plus amer. En effet, dans un texte évoquant, encore une fois, de la politique se moulant aux sondages (ou, devrait-on dire, à une certaine interprétation de ceux-ci), les cinq signataires proposent ainsi, d'un côté, de négocier une entente pour un Canada renouvelé avec le gouvernement canadien, tout en faisant la promotion de l'indépendance, de l'autre. L'objectif est simple: au terme de la démarche les Québécois devront faire un choix entre les deux options. Ils affirment que «bien qu'il reconnaîtra une légitimité au Canada réformé, le Parti québécois devra être clair sur le fait qu'il priorisera toujours l'indépendance et travaillera sans relâche pour que ce soit cette option qui soit choisie par les Québécois au terme de la consultation populaire sur l'avenir du Québec.»

Encore des manières détournées qui présupposent d'emblée que la population n'est pas outillée pour comprendre lorsque l'on fait une proposition honnête et claire. Sans compter qu'une défaite en adoptant une telle démarche signifie un échec double: non seulement la population refuserait l'indépendance, mais elle adhérerait à la Confédération canadienne. La démarche n'est pas sans rappeler le «beau risque» de René Lévesque ou les innombrables tentatives de «chicanes» avec le Canada, ayant pour but utopique de mousser l'appui à l'indépendance. La différence selon eux? Cette idée que le Parti québécois militera activement pour l'option indépendantiste.

Or, une question demeure: pourquoi? Si le Parti québécois assume et défend à ce point l'indépendance, pourquoi, logiquement, prendrait-il le risque que les Québécois optent pour un fédéralisme renouvelé? Pourquoi donner des munitions au gouvernement du Canada? Comme indépendantiste, ce n'est pas notre rôle de demander une nouvelle entente au Canada. Si on croit en l'indépendance, si on croit réellement en la capacité de notre peuple à choisir la liberté, on ne propose pas une telle option. On s'assume. On y va selon nos convictions, dans le respect de l'électorat.

Les signataires affirment, aussi, que la «convergence des forces indépendantistes en cours est parfaitement compatible et cohérente avec la démarche proposée». Cela dit, aucun des partis n'adhère actuellement à un fédéralisme renouvelé. Que ce soit du côté d'Option nationale ou de Québec Solidaire, il a été énoncé clairement que la clé de la convergence était un engagement indépendantiste concret. Difficile de prétendre à un tel engagement en proposant simultanément une nouvelle adhésion au cadre canadien.

Sans aucun doute possible, cette proposition n'a rien d'audacieux, bien au contraire. La politique au gré des sondages. La répétition du passé. Les détours. Les faux-fuyants. Tant d'éléments qui contribuent au cynisme, au détachement que la population éprouve face à la politique. On ne convaincra jamais la population en y allant de telles manœuvres. Pour gagner la confiance des Québécois, il faut assumer nos convictions et respecter leur intelligence ainsi que la démocratie. Proposons-leur le projet qui nous emballe réellement. S'ils n'y adhèrent pas, respectons leur décision et travaillons sans relâche à faire mieux la prochaine fois. Ne nous travestissons pas. Nous sommes indépendantistes. Posons des gestes fidèles à nos convictions.

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