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Les grands absents du débat sur la condition infirmière

Si les réformes du ministre Barrette ont eu un effet catalyseur sur la crise actuelle en santé, il faut reconnaître que celle-ci trouve ses origines dans une série de transformations mises en place depuis près de 30 ans.
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Au cours des derniers jours, il y a eu une tendance à associer les conditions de travail des infirmières et infirmiers aux réformes du ministre Barrette, ce que ce dernier réfute ardemment. Le ministre n'a pas entièrement tort. Si ses réformes ont eu un effet catalyseur sur la crise actuelle en santé, il faut reconnaître que celle-ci trouve ses origines dans une série de transformations mises en place depuis près de 30 ans.

Il est largement admis que les conditions de travail exécrables des infirmières et infirmiers date d'il y a bien longtemps. Les coupures de personnel réalisées par le ministre Rochon entre 1995 et 1998, notamment, ont fait mal au système de santé, qui subit leurs effets encore aujourd'hui. On se souviendra que Jean Rochon était ministre de la Santé et des Services sociaux sous Jacques Parizeau et Lucien Bouchard. Bien que le Parti Québécois s'absout de tout reproche quant à ce bilan, et bien que les réformes qui ont suivi n'ont en rien arrangé les choses pour le personnel infirmier, il est erroné d'attribuer l'entière responsabilité de la présente situation au seul Parti libéral.

Comme on peut s'y attendre, plusieurs acteurs clés commentent la crise actuelle. Au premier plan, on retrouve les infirmières et infirmiers qui font la une des médias depuis plusieurs semaines et qui reçoivent un appui extraordinaire de la population par le biais de lettres ouvertes, d'apparitions médias et de commentaires poignants sur les médias sociaux. On retrouve aussi les interventions malheureuses du gouvernement Couillard, qui leur a surtout renvoyé le blâme en leur reprochant de bouder les postes à temps plein disponibles. De leur côté, les syndicats infirmiers multiplient les interventions. La FIQ, notamment, poursuit sa campagne « On a notre quota » et elle a finalement pu rencontrer le ministre Barrette mardi après-midi. L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a aussi eu une brève réaction, peu convaincante, mais tout de même présente. Plusieurs acteurs se sont ainsi exprimés au sujet de ce dossier épineux.

En effet, bien peu de gens semblent avoir remarqué le silence remarquable des partis d'opposition depuis que le mouvement de dénonciation des infirmières a (re)pris son envol le mois dernier.

Mais il y a eu de grands absents dans la discussion, qui ont préféré attendre la rentrée parlementaire du 6 février pour se prononcer. En effet, bien peu de gens semblent avoir remarqué le silence remarquable des partis d'opposition depuis que le mouvement de dénonciation des infirmières a (re)pris son envol le mois dernier. Pas un murmure―à peine une réaction sur une page Facebook, mais personne qui ne s'est engagée dans la mêlée jusqu'à hier. Pourtant, en cette période préélectorale, ce dossier constitue un os dont raffolent habituellement les leaders des autres partis.

Pourtant, malgré l'ajournement des travaux à l'Assemblée, l'opposition n'était pas en mode veille ces dernières semaines. Le chef de la CAQ par exemple travaillait à rendre son parti plus représentatif des minorités visibles, et bien que M. Legault se soit brièvement offusqué des « primes jaquettes » octroyées aux médecins, il est étonnant qu'il n'ait pas évoqué au passage la situation du personnel infirmier. Jean-François Lisée pour sa part portait son attention sur les départs de figures importantes au sein de son parti, alors que Québec Solidaire était préoccupé par l'esthétique de son nouveau logo. Au retour des travaux hier, ces mêmes chefs ont enfin exigé des comptes au ministre Couillard, qui s'est empressé de défendre son ministre de la santé. En se tournant vers le personnel infirmier pour trouver des solutions, Dr Couillard révèle un peu plus l'ineptie de son administration, mais les chefs d'opposition ont aussi brillé par leur absence dans la discussion. Leurs interventions passionnées hier n'ont fait que défoncer une porte déjà grande ouverte.

Les dénonciations infirmières doivent se poursuivre et nous félicitons celles et ceux qui prennent la parole pour défendre la sécurité des patients et des personnes qui les soignent. Parallèlement, nous jugeons important de nous assurer que les solutions mises en place reflètent fidèlement la réalité de la pratique infirmière. C'est pourquoi nous nous proposons de répondre à l'appel de solutions du ministre Couillard, et d'ajouter notre voix à celles de tous les soignants qui, depuis 30 ans, proposent des actions pour endiguer la crise. Dans un prochain article, nous explorerons des pistes de solutions qui ont fait leurs preuves dans d'autres milieux, en espérant que les décideurs en prennent bonne note.

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