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Open d'Australie: on se voit samedi, Eugenie?

Après être devenue la première Canadienne à se qualifier pour un huitième de finale de Grand Chelem depuis Aleksandra Wozniak en 2009, Eugenie Bouchard a rejoint Carling Bassett, dernière compatriote à avoir été en quart de finale de l'Open d'Australie en 1983. La vague de chaleur qui a fait tourner les tètes et tomber les têtes de série ne semble pas l'avoir dérangé. Et si elle avait la recette pour profiter du soleil austral jusqu'à samedi prochain?
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Écrire une page d'histoire du tennis canadien en une semaine? Trop peu pour le génie Bouchard, qui nous avait concocté tout un chapitre dès cette semaine. Après être devenue la première Canadienne à se qualifier pour un huitième de finale de Grand Chelem depuis Aleksandra Wozniak en 2009, elle a rejoint Carling Bassett, dernière compatriote à avoir été en quart de finale de l'Open d'Australie en 1983. La vague de chaleur qui a fait tourner les tète et tomber les têtes de série ne semble pas l'avoir dérangé le moins du monde. Et si elle avait la recette pour profiter du soleil austral jusqu'à samedi prochain?

Pour l'instant, elle semble traverser le tableau en championne, serrant le jeu quand la tension se fait palpable et proposant un éventail de ce qu'elle fait de mieux quand l'adversaire se désunit. Un fringant 7-6, 6-1 pour se mettre en jambe contre la jeune Chinoise Tang dont elle n'a fait qu'une bouchée. Au deuxième tour contre Virginie Razzano, elle a démontré qu'elle savait garder son mental d'acier dans une chaleur de plomb, avec en prime un joli bris d'égalité où elle a su prendre les choses en main pour faire la différence (12-10). Le troisième tour fut une formalité contre une Lauren Davis dépassée par le coup d'œil d'Eugenie, en retour notamment. Elle arrive donc sans avoir perdu un set en huitième de finale.

En apprenant qu'elle affrontait la locale de l'étape Casey Dellacqua, elle avait confessé en conférence de presse redouter le jeu de gauchère de son adversaire un peu «tricky», selon elle. Modestement classée, Casey Dellacqua présentait tous les signes de la surprise de la semaine. Victorieuse de Flipkens, elle s'avançait en grande forme et en tant que dernière représentante de son pays. Mais la vague d'espoir des Australiens s'est brisé sur les assauts de coup droit du petit génie québécois, qui, après avoir cédé la première manche, a converti cinq de ses huit balles de bris pour gagner la partie en vitesse, avec un humiliant 6-0 pour clore la marche.

Si la jeune Canadienne était surveillée de près par les spécialistes avant le début de cette radieuse semaine, c'est désormais une pluie de louanges qui s'abat sur la révélation de l'année 2013 de la WTA. Pour le quotidien sérieux The Australian, elle est «un génie sorti de sa boite». Un journaliste du Guardian, lui, voit en elle «une future top 10 dans très peu de temps». Encore plus que la fluidité de son coup droit, c'est sa maturité qui semble marquer le plus les esprits.

«Je ne me sens pas si jeune»

Lorsque l'on l'interroge sur la transition rapide qu'elle a réalisée entre le circuit junior et le circuit pro, elle est tout sauf surprise, car pour elle, «chaque match n'est qu'une étape du processus». Tout semble minutieusement calculé: difficile, en l'écoutant discourir comme une vieille habituée des tournois majeurs, d'imaginer qu'Eugenie n'avait pas vu le jour, lors de la dernière coupe Stanley des Canadiens de Montréal. Sa victime des huitièmes de finale, Casey Dellacqua, est la dernière en date à être épatée par le changement entre l'Eugenie de l'an dernier, éliminée en qualifications de l'Open d'Australie et celle qui l'a battue sur la Rod Laver Arena: «Elle a évolué en très peu de temps, je vais suivre le reste de sa carrière avec attention».

Virginie Razzano, née 11 ans avant Eugenie, est même reconnaissante envers sa cadette de lui avoir appris de nouvelles choses, lors de sa défaite: «Je tiens à remercier Eugenie Bouchard pour le combat qu'elle m'a incité à faire. Ce match va me faire grandir». Désormais redoutée par ses pairs, qui ne la considèrent plus comme un espoir, elle bénéficie en plus du soutien sans faille du public australien, féru de son sourire enjôleur et de ses as ravageurs.

Un supplément d'âme

«Eat, sleep, Genie, Repeat», tels sont les mots inscrits sur les chandails de la «Genie Army» (nommée ainsi d'après le surnom d'Eugenie «Genie»), cette petite troupe de partisans de l'étoile québécoise du circuit féminin. Composée uniquement d'Australiens, cette armée pacifique entonne gaiement le «Ô, Canada» par cœur, faisant rosir au passage les joues de leur idole qui ne semblait pas s'attendre à tant d'égards (elle reçoit même à chaque victoire une peluche d'un animal local de ses admirateurs). Mouvement spontané ou adorateurs engagés, toujours est-il que ce petit mouvement est un soutien de plus sur lequel elle peut compter. Amusée, elle n'oublie pas pour autant les fondamentaux: écouter les conseils de Nick Saviano, son coach principal depuis cette année qui a dû refaire en vitesse un passeport pour s'envoler avec la belle en Australie. Et s'astreindre à la même discipline monacale que son altesse Roger Federer: dormir 12 heures par nuit. Ce tour d'horloge sur l'oreiller sera-t-il le facteur décisif du match le plus important de la vie d'Eugenie qui s'annonce, le quart de finale l'opposant à Ana Ivanovic?

Avant de le savoir, une pause météo!

Ana-Eugenie: comme on se retrouve

On aurait tort de faire d'Ivanovic un épouvantail, une favorite incontestable dans le combat qui s'annonce contre Eugenie. Ce serait oublier qu'entre son sacre à Roland Garros en 2008, et les quarts de finale de l'US Open 2012, elle n'avait plus dépassé les huitièmes de finale dans les tournois du Grand Chelem. Et si elle avait atteint ce stade l'an dernier à trois reprises dans les quatre tournois majeurs, elle avait dû ranger ses raquettes à l'issue d'un second tour à Londres. Contre qui était-ce déjà? Contre Eugenie, en effet, qui signait là son premier grand coup d'éclat sur le circuit avec fracas et son moment préféré de sa saison. Le regard dépité d'Ana, ancienne numéro un mondiale, au moment de serrer la main d'Eugenie à Londres, laisse augurer une belle revanche dans l'hémisphère sud.

D'autant que miss Bouchard, en plus de sa victoire à Wimbledon, a des références contre d'autres grandes joueuses. Parlez-en à Samantha Stosur, balayée à Charleston l'an dernier par la Québécoise, ou à Jelena Jankovic, surprise par une Eugenie surmotivée à Tokyo.

Si elle s'applique à prendre la balle aussi tôt, à agresser son adversaire dès le retour et à aller chercher le revers, plus friable de la Serbe, on aurait tort de ne pas y croire. Il faudra néanmoins le soutien de l'armée d'Eugenie pour venir à bout d'une ancienne reine, qui court après sa couronne depuis bien longtemps. Avec la défaite de Serena Williams, le tableau s'ouvre, et bien malin est celui qui peut deviner qui prendra place sur la Rod Laver Arena samedi prochain. Pourquoi pas toi Eugenie?

Bonus: Pour le plaisir, le splendide passing d'Eugenie Bouchard face à Venus Williams, une répétition pour la balle de match du quart de finale?

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