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Et si le référendum écossais ramenait à l'avant-plan le débat sur le mode de scrutin proportionnel au Québec?
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Alexandre Leduc a été délégué de Québec solidaire en Écosse au cours du référendum.

Et si le référendum écossais ramenait à l'avant-plan le débat sur le mode de scrutin proportionnel au Québec? Le PQ était en faveur dès sa fondation mais, du haut de sa position confortable de parti d'alternance, il l'a rayé de son programme en 2011.

Les péquistes réfractaires à l'idée de faire la proportionnelle au Québec clament que cela empêcherait la formation d'un gouvernement majoritaire, réduisant ainsi la possibilité de tenir un référendum sur l'indépendance du Québec.

Pourtant, le nouveau gouvernement écossais fonctionne avec la proportionnelle depuis sa fondation en 1998. Minoritaire en 2007, le SNP a tout de même réussi à obtenir une majorité parlementaire en 2011, et ce, même dans un mode de scrutin proportionnel qui a permis l'élection de cinq partis différents.

Les arguments en défaveur de la proportionnelle sont réduits à peau de chagrin et je ne serais pas surpris de voir le PQ revenir sur sa décision dans les prochaines années; un revirement qui serait bénéfique pour l'ensemble du mouvement.

Nous aurions aussi intérêt à nous inspirer des Écossais et sortir du vieux réflexe de parti unique. Chaque fois que le débat sur l'indépendance du Québec revient à l'avant-scène, les mêmes questions reviennent : pourquoi être si divisés? Pourquoi ne pas former un seul grand parti? Depuis deux semaines, tous les candidats à la chefferie du PQ ont chanté cette même chanson. Même Jean-Martin Aussant y a également fait allusion dans sa lettre publiée dans Le Devoir.

Mais d'où vient cette obsession? Amir Khadir aurait-il pu être aussi flamboyant au sein d'un caucus péquiste? Françoise David, pourrait-elle défendre aussi librement les sans-voix si elle devait se soumettre à la discipline d'un parti de coalition comme le PQ?

Non. La politique québécoise a assez souffert des compromis d'appareil politique voulant imposer une soi-disant respectabilité au parti pour que l'on retourne dans un seul et même grand parti. Françoise David avait raison de dire qu'elle ne s'assoirait pas à côté de PKP dans le même parti. Moi non plus d'ailleurs. Je m'assoirais à côté de lui dans l'autobus du Oui, mais c'est tout. S'il se positionne en faveur de la gratuité scolaire et de la hausse du salaire minimum, je réviserai ma position. D'ici là, je ne vois pas pourquoi je serais membre du même parti d'une personne avec qui je ne partage rien.

La diversité politique est saine pour un débat de société. Elle permet l'expression de plus de points de vue et elle mène donc à des consensus plus authentiques.

Miser sur la diversité était sans aucun doute une partie importante de la stratégie des indépendantistes écossais. Cette diversité politique s'est notamment matérialisée par une diversité visuelle. Bien sûr, les couleurs officielles de la campagne étaient le bleu et le blanc, les mêmes que le drapeau national (la croix de St-Andrews), mais contrairement à la campagne du Non, celle du Oui s'est déclinée en d'innombrables couleurs. En effet, je ne compte plus les variantes de macarons « Yes » que j'ai eu la chance d'observer dans les derniers jours.

Voilà le principal secret du succès de la campagne du Oui. Ce n'était pas une campagne du SNP, le parti au pouvoir, mais une campagne citoyenne où toutes les tendances pouvaient s'exprimer. On a « départisanisé » le « Yes » Scotland, permettant aux tenants du Oui de briser des barrières et de s'adresser à un électorat traditionnellement plutôt défavorable, voire hostile, au SNP et à son projet politique.

Même s'il n'a pas gagné dans les urnes, le Oui a gagné dans les coeurs et les esprits. Assisterons-nous un jour à un match revanche? Comme le disait le premier ministre Alex Salmond dans son discours de démission: « l'indépendance de l'Écosse est un projet qui ne mourra jamais ». Qui vivra verra.

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