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Et si c'était du nationalisme...

Le gouvernement libéral actuel a besoin d'une crise, d'un ennemi. Un ennemi incarné par un mouvement populaire, qui lui permet de se tourner vers ses alliés et de leur dire : « Préférez-vous négocier avec eux ou avec moi ? » Belle façon, sans se trahir, d'imposer de nouvelles règles à des « amis » trop... intransigeants.
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« Les jeunes, évidemment, ils ne sont pas vieux», s'amusait à dire Charles De Gaulle, énigmatique.

De Gaulle le résistant, le général, la stature internationale, l'homme qui a crié: « Vive le Québec libre ! » le 24 juillet 1967. Le même De Gaulle qui, un an plus tard, est presque forcé de quitter le pouvoir... Mai 68 ! Il démissionnera le 28 avril 1969, moribond politiquement.

Qu'en est il ? Est-ce vraiment la spontanéité d'une génération qui l'a bouté hors de la présidence française ? Mai 68 ressemble étrangement, dans sa théâtralité, à ce « printemps érable » : une crise provoquée de toute pièce pour mieux passer le flambeau et installer une nouvelle donne sociale.

Il ne s'agit pas forcément de fins strictement électoralistes.

Et si le gouvernement Charest connaissait sur le bout des doigts les origines profondes de son parti ? Et s'il connaissait même par coeur les mamelles du Québec qui sont: " Je me souviens d'être né sous le lys, mais d'avoir grandi sous la rose..." (La rose anglaise, faut-il le rappeler ?)

Et s'il savait exactement comment rétablir un rapport de force avec le gouvernement fédéral ? Rapport de force qu'il n'a plus, ayant rompu avec la tradition historique du Parti libéral du Québec face à Ottawa. La bonne vieille tradition libérale des Jean Lesage ou Robert Bourassa qui n'hésitaient pas à faire leur petite Révolution tranquille dans les officines discrètes du pouvoir.

Simple : à travers le prisme d'un nationalisme québécois, non seulement on préserve les intérêts du Québec, mais on peut aussi faire évoluer socialement le Canada.

Ayant rompu avec cette logique historique canadienne-française dans un Canada uni, le gouvernement libéral actuel a besoin d'une crise, d'un ennemi. Un ennemi incarné par un mouvement populaire, qui lui permet de se tourner vers ses alliés et de leur dire : « Préférez-vous négocier avec eux ou avec moi ? » Belle façon, sans se trahir, d'imposer de nouvelles règles à des « amis » trop... intransigeants. Devant une crise sociale, on resserre les rangs, on est accommodant.

Dans une tradition canadienne-francaise d'un Québec fort dans un Canada encore indivisible, une bonne crise sociale peut ramener au centre un parti qui avait perdu le sens de la revendication au sein du Canada. Ramener au centre un gouvernement qui n'était même plus à droite, mais au pied du fédéral. Autres temps autres mœurs.

Le Globe and Mail titrait récemment à propos des événements qui se produisent au Québec : What does it mean for Canada ? La question les concerne donc.

Jean Charest a-t-il un rapport de force avec le Canada depuis que les conservateurs de Harper sont majoritaires ? Face à la péréquation, les transferts aux provinces, les programmes sociaux, les ingérences dans les compétences des provinces, le pouvoir de dépenser..., la démographie.

Un exemple qui touche les étudiants? En vertu de l'article 178 (1) de la loi fédérale sur la Faillite, il est impossible de faire faillite pour une dette d'études au-delà des sept ans après la fin des dites études. L'enjeu est grand dans un contexte d'augmentation de 80% des droits de scolarité.

Un enjeu qui implique le fédéral dans un champ de compétence pourtant exclusivement provincial.

Jeunes et vieux savent que l'endettement n'est plus une issue. L'intérêt général d'une démocratie capitaliste ne peut encourager l'endettement personnel à ce point, à moins de chercher à façonner du contrôle social.

Il faut repositionner ce printemps québécois dans une perspective canadienne, car c'est maintenant connu: ce qui caractérise ce moment historique, c'est l'éveil à des principes de société qui dépassent les sempiternelles chicanes constitutionnelles.

Dans un autre ordre d'idées: Les libéraux, la crise, et les rapports de forces avec la «corruption » ?

On fait le ménage dans les finances publiques en expliquant à ses « amis- corrupteurs», sans les prendre de front, que dans les circonstances, on ne peut plus se permettre d'exercer le pouvoir ni la corruption, ni la collusion, de la même manière qu'auparavant. Crise sociale oblige...

De l'argent pour la mafia mais pas pour l'école ?!!! Explosif. La crise a le dos large pour le gouvernement ...

Dans l'éventualité d'une prochaine élection, il faut à Jean Charest une forme de nationalisme à offrir aux québécois et à opposer à Ottawa, ce que s'apprêtent à faire sans l'ombre d'un doute François Legault et Pauline Marois. C'est l'approche politique traditionnelle du Québec.

Même chez un parti fédéraliste, les Québécois choisissent le Québec « fort », « maître chez nous », dans « l'égalité ou l'indépendance ».

À force de provoquer les étudiants comme les Québécois de manière aussi étrange, Jean Charest est en train de vaquer à changer quelque chose. Il a, devant les étudiants, tout le pouvoir : le pouvoir de tout résorber et ce, en tout temps.

Provoquer une crise sociale, notamment dans sa durée, c'est créer inévitablement une « société distincte ». On renforce le ciment identitaire. Drôle de jeu à des fins strictement électorales...

La coexistence entre les peuples a toujours été et sera toujours un rapport de force. Une émeute est spontanée. Pas une crise. Encore moins une révolution sociale.

Aussi faut-il se méfier du romantisme que suscite cette idée d'un changement par le peuple dans la rue qui paralyse un gouvernement socialement autiste. Rappelons-nous Danton qui, sur le point d'être guillotiné, regarde au fond du panier ou doit tomber sa tête et s'exclame : « Peuple, on te trompe, c'est du bran de scie ! »

Quelle que soit l'issue du prochain scrutin, Jean Charest laissera peut-être a contrario dans son sillage, un Québec plus revendicateur, plus social-démocrate et plus distinct que jamais, fin prêt pour une autre joute fédéral-provincial.

Il vient de compléter le 1er acte. Mais, tout comme le rideau tombe au théâtre lors d'un dîner entre « amis », il reste, comme le chante Aznavour, à « savoir quitter la table ».


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