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On produit beaucoup de bacheliers, on investit pas mal dans la recherche et dans le progrès, les entreprises qu'on a sont productives, ça ne coûte pas cher d'opérer une entreprise et surtout, notre régime fiscal actuel serait excellent pour favoriser l'investissement!
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Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a récemment lancé son 4e Bulletin de la prospérité économique du Québec, et tire la sonnette d'alarme. En effet, note notre globale serait le «C» (en faisant la moyenne de toutes les notes reçues pour toutes sortes de catégories en prenant en compte des tonnes d'indicateurs), comparativement à la Colombie-Britannique et à l'Alberta, qui récoltent toutes deux un «B». Selon l'article de l'APC repris par La Presse Affaires, ce serait surtout au niveau du PIB brut par habitant, de la moyenne des salaires, du taux d'emploi, des mises en chantier et du taux d'investissement privé où le Québec ferait figure de cancre.

On va s'entendre tout de suite: il est possible que le CPQ ait raison sur le constat. Il est possible que la situation économique du Québec ne soit pas très reluisante. Il est même possible que notre productivité individuelle et globale soit déficitaire, surtout si l'on se compare avec les nations les mieux nanties. Mais cet article m'amène à deux questionnements :

1) Serait-il possible que l'on n'accorde pas le même poids à tous les indicateurs?

2) Est-ce que le Conseil du patronat est l'entité la plus objective et la mieux placée pour interpréter les statistiques économiques compilées du Québec?

Je suis allé consulter en ligne le 4e Bulletin de la prospérité économique du Québec. On y trouve quelques informations intéressantes. Par exemple, l'analyse mentionne que le Québec est parmi les premiers de classe au niveau du taux d'obtention du grade universitaire de premier cycle, de l'investissement en recherche et développement, de la productivité multifactorielle, des coûts d'exploitation d'une entreprise et du taux effectif d'imposition sur l'investissement. Je garde volontairement ce dernier pour la fin: selon le Ministère des Finances du Canada, il s'agirait d'un indicateur «(...) qui fournit un indice général de l'incidence du régime fiscal des sociétés sur les décisions d'investissement»

Pour résumer ça dans des termes plus simples: on produit beaucoup de bacheliers, on investit pas mal dans la recherche et dans le progrès, les entreprises qu'on a sont productives, ça ne coûte pas cher d'opérer une entreprise et surtout, notre régime fiscal actuel serait excellent pour favoriser l'investissement ! On se donne un beau morceau de robot!!

Encore selon le 4e Bulletin, on est sur la moyenne des pays de l'OCDE pour deux autres critères (taux de scolarisation postsecondaire des adultes et âge moyen des investissements en infrastructures publiques), mais on est sous la moyenne pour les autres :

  • Pas assez de jeunes qui ont leur Diplôme d'études secondaires (DES),
  • Pas assez de formation à l'emploi
  • Les activités éducatives ne sont pas assez longues
  • Le taux d'activité des travailleurs âgés est peu élevé
  • Les taxes sur la masse salariale coûtent trop cher à l'employeur
  • Le salaire minimum en fonction du salaire médian des employés est trop bas
  • Orientation des lois du travail
  • Nombre moyen de documents produits par l'entreprise
  • Le fardeau fiscal est trop élevé
  • Lors du « Tax freedom day », on a pas autant d'argent dans nos poches que les autres
  • Taux d'endettement élevé
  • L'intensité entrepreneuriale n'est pas assez soutenue
  • Pas assez de brevets d'invention délivrés

Bon. Personne ne s'objectera à ce que je mentionne que le taux de décrochage scolaire au secondaire est alarmant, que le salaire minimum n'est certainement pas assez élevé et qu'il faut absolument faire quelque chose pour diminuer notre dette globale et l'endettement des particuliers. Par contre, au niveau de la formation à l'emploi, du taux d'activité des travailleurs âgés, de l'intensité entrepreneuriale et des brevets d'invention, on peut dire que le Québec n'en fait pas assez, il en est du ressort des entreprises elles-mêmes de former leur personnel, d'embaucher des travailleurs âgés qui vont peut-être moins courir partout, mais qui amènent une expérience et une stabilité intéressantes, d'encourager l'intensité entrepreneuriale et de vendre comme il faut leurs idées de brevets. Le gouvernement peut agir sur ces points, mais il devrait d'abord et avant tout en être de la responsabilité de l'entreprise. D'où mon questionnement numéro un...

Quant au deuxième questionnement, je vous montre l'extrait suivant, tiré du 4e Bulletin : « Comment expliquer le fait que le Québec, qui est aussi une province dont le potentiel en matière de ressources naturelles est exceptionnel, affiche un tel écart avec l'Alberta? »

C'est très simple: nous ne souhaitons pas exploiter toutes nos richesses en même temps, pour en laisser aux générations futures et parce que nous ne sommes pas d'accord sur la manière de les exploiter.

Deuxième extrait, tiré d'un mémoire remis par le CPQ lors de la consultation sur la Loi sur les mines: «Le Conseil du patronat souhaite donc que l'activité d'exploration minière ne soit prohibée catégoriquement nulle part sur le territoire du Québec même si celle-ci doit être faite avec le minimum d'impact. (...) L'accumulation de connaissances géoscientifiques, y compris par le truchement d'activités d'exploration minière faite de manière responsable, ne devrait pas être catégoriquement exclue dans les aires protégées; elle devrait plutôt être permise selon une procédure d'exception.»

Voilà, entre autres, où nous ne sommes pas d'accord : je suis catégoriquement contre le fait de laisser les minières creuser n'importe où au Québec, et ce même dans les aires protégées! Comme quoi nous n'avons pas la même définition de «créer de la richesse» (mais ça, c'est une autre histoire.)

Troisième extrait, de l'article cette fois : «Selon le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval, les attaques à l'endroit de projets d'investissements d'entreprises et l'adoption de moratoires «devraient être évitées au profit d'actions constructives».

M. Dorval, je vous accorde que les mobilisations sociales peuvent avoir tendance à faire dérailler des projets d'investissements, et que ce n'est pas nécessairement bien pour l'économie. Mais ne serait-il pas du devoir des entreprises de faire des projets qui leur rapporteront tout en ne causant pas une levée de boucliers? Et, M. Dorval, je trouve déplorable que vous parliez "d'actions constructives" sans émettre aucune suggestion à ce sujet. C'est vague, douteux, alors que les ténors de l'économie se vantent généralement de connaître les recettes à succès dans les moindres détails. Ce que M. et Mme toute-le-monde, évidemment, n'est pas apte à faire...

«It's the economy, stupid!»

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