SCIENCE - Brexit, victoire de Donald Trump ou encore de François Fillon à la primaire de la droite... Ces dernières années, les soirs d'élections, les auteurs de sondages se sont régulièrement retrouvés sur le gril, accusés de s'être totalement trompés sur le résultat.
Mais les sondeurs sont-ils vraiment de moins en moins efficaces? Pour en avoir le cœur net, deux chercheurs ont analysé plus de 30.000 sondages réalisés dans 45 pays depuis 1942, y compris en France (955 sondages depuis 1965).
Dans leurs travaux, publiés ce lundi 12 mars dans la revue Nature, les deux auteurs ont ainsi analysé les prédictions réalisées sur 351 élections présidentielles ou législatives (ils n'ont pas pris en compte les référendums et élections régionales).
"Contrairement à la croyance populaire, les performances récentes des sondages ne sortent pas de l'ordinaire", écrivent les chercheurs. Et si l'on cherche même une minuscule évolution dans le temps (et donc non viable statistiquement), "les erreurs deviennent plus petites en moyenne, non plus grandes".
Pas d'évolution... ou alors dans l'autre sens
Ainsi, sur la totalité de la période, les erreurs de sondages (à moins d'une semaine de l'élection) est de 2,1%. Un chiffre supérieur à ce que laisse suggérer la pure théorie (au vue des échantillons, on devrait plutôt être aux alentours de 0,7%).
Mais sur la durée, il n'y a pas eu d'évolution. Mieux: si l'on prend en compte uniquement les 11 pays où il y a eu des sondages réguliers enregistrés sur une longue période, dont la France, les erreurs ont tendance à diminuer avec le temps.
Un résultat qui n'est pas si évident au vu du contexte. Comme le rappellent les auteurs, les sondages ont bien changé ces dernières décennies. D'abord, le nombre de personnes acceptant de répondre a diminué. Il y a 20 ans, un tiers des sondés acceptaient une interview en face à face ou au téléphone. Ils ne sont plus que 10% aujourd'hui.
À cela, il faut ajouter le fait que de nombreux instituts fonctionnent maintenant avec des sondages en ligne, dont la légitimité fait débat. Au global, les auteurs notent pour autant que "nous avons plus de répondants aux sondages".
Une évolution dans le temps par rapport aux élections
Ce qui ne veut évidemment pas dire que les enquêtes d'opinion sont parfaites. On apprend d'ailleurs beaucoup sur leurs failles et évolutions dans l'étude de Nature. Par exemple, le fait que plus un parti obtient un score important, plus la marge d'erreur est grande. Logique et prévu pour la théorie, mais il est toujours bon de le rappeler et de le prouver.
Aussi, et assez logiquement, la marge d'erreur se réduit au fur et à mesure que l'élection se rapproche. 150 à 200 jours avant le vote, elle est de près de 4%. 50 jours avant, elle a baissé d'un point. Et à la veille de l'élection, elle est en dessous de 2%.
Plutôt logique. Il y a par contre une différence en fonction du type d'élection. Ainsi, "les préférences des votants se cristallisent plus tôt dans le cycle électoral pour les élections législatives que pour les présidentielles", écrivent les auteurs. Et même si l'écart se resserre avec le temps, il reste une petite différence, même juste avant l'élection.
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