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Fanny Bloom : une liqueur, un arc-en-ciel et des Calinours

«Comme un arc-en-ciel. Un souffle tiède, pas tout à fait chaud, mais pas froid non plus. Coloré. Et qui sent bon.»
Maxyme G. Delisle

Le nouvel album de Fanny Bloom a failli s'appeler Coco. Dans ce quatrième opus de sa discographie, l'auteure-compositrice-interprète renoue avec la pop hyper dansante qui a fait sa renommée, et la principale intéressée n'hésite pas à accoler à sa récente œuvre une description presque juvénile.

«Comme un arc-en-ciel. Un souffle tiède, pas tout à fait chaud, mais pas froid non plus. Coloré. Et qui sent bon», dépeint-elle.

Bref, le titre choisi ne pouvait qu'être bon enfant.

Puis, est arrivée la pièce Coco, au Théâtre La Licorne. Et le film d'animation Coco, qui a pris l'affiche à la fin 2017. Bloom ne lésine pas sur l'originalité ; elle s'est remise à éplucher les possibilités. Lui est finalement passé sous les yeux Liqueur, l'un de ses morceaux préférés de sa nouvelle compilation. Et il lui a semblé que le mot, joyeux, sucré, pétillant, englobait bien son nouveau «bar» et les «boissons» qu'on y trouve, dont les saveurs s'apparentent toutes, de près ou de loin, à l'amour.

«C'est un titre que j'étais capable d'assumer. Je pense que tout l'album peut être imagé comme une douce liqueur. C'est un peu quétaine, peut-être, mais c'est ça pareil...»

«Qu'on boirait sous un arc-en-ciel», lui signale-t-on alors, référant à sa définition de départ.

Elle éclate de rire.

«Ouais, là, on se rapproche des Calinours en maudit....Mais, oui», concède l'auteure-compositrice-interprète.

Une coupure

Retour en arrière. C'est pourtant pour se défaire de cette étiquette, justement, un brin «Calinours» qu'elle trainait depuis ses deux premières propositions solo (Apprentie guerrière, en 2012, et Pan, en 2014), que l'ex-Patère Rose est allée voir ailleurs si elle y était, en 2016.

C'est qu'après avoir mitonné les musiques de Constellations, au Théâtre La Licorne, au début 2015, Fanny Bloom a vu jaillir une étincelle : celle de revisiter son propre répertoire, en formule piano-voix, pour son projet suivant. En est résulté un album éponyme et un concert intimiste avec mise en scène élaborée, au printemps 2016, qui tranchaient avec l'impression très exaltée que l'artiste donnait jusqu'alors. Non, Fanny Bloom n'était pas que licornes et papillons.

Or, de revenir à son essence première, plus pimpante, qu'elle assume pleinement, ne dévalorise absolument pas le sobre détour tenté il y a deux ans, elle en est convaincue.

«J'avais besoin de cette coupure, de me prouver autre chose, raconte-t-elle. J'avais envie de partir en tournée pour refaire mes tunes au piano, puisque c'est mon instrument depuis vraiment longtemps. Je voulais me prouver que j'étais capable de le faire toute seule. Ça m'a beaucoup aidé à me structurer, ça m'a forcé à pratiquer beaucoup mes affaires, à prendre du galon, seule. Quand j'ai commencé l'album suivant, on dirait que mes bases étaient encore plus solidifiées. Ça fait ça avec le temps, de toute façon, mais ç'a comme accéléré le processus.»

Une chanson par jour

Avec ses complices Thomas Hébert et Julien Harbec, ses ex-moitiés de La Patère Rose, Fanny Bloom s'est recluse à plusieurs reprises dans un chalet. Le trio s'était donné le défi de créer une chanson par jour, de A à Z, des textes aux arrangements, à chacune de ses «vacances». Outre quelques détails, les comparses n'allaient pas se coucher sans avoir une composition à peu près complète sous la main.

«C'est sûr qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de re-travail, on n'a pas juste jeté ça sur l'album (rires), mais le but était d'essayer de garder la spontanéité le plus possible», indique Fanny.

Ces sessions intensives ne devaient pas nécessairement déboucher sur un objet concret, mais les séjours furent si prolifiques que, de fil en aiguille, le groupe s'est reformé pour mener à bien l'entreprise Liqueur.

Hébert et Harbec (qui forment désormais le tandem Tōkinoise) ont été désignés réalisateurs, mais la griffe de Fanny Bloom a été apposée à chacune des étapes de conception de ce collectif ensoleillé et charmant, qui hurle l'ordinateur et le synthétiseur, mais au grand jamais agressant. Et qui rappelle à chaque note que le printemps s'en vient avec ses pointes entremêlées dans différentes directions : tandis que Jaser jaser dégage des effluves jazzées, la ballade Liqueur et Sous les néons s'inspirent des années 80, et la tendre Lily reflète une quasi parenté avec une Cœur de pirate ou une Ingrid St-Pierre. Karim Ouellet s'y joint sur la rythmée Nos cœurs, et c'est l'irrésistible On s'aimera qui fait office de carte de visite radio.

Bien entourée, bénéficiant d'une couverture médiatique plus que satisfaisante, reconnue par ses pairs, Fanny Bloom estime être gâtée par son industrie et par la réponse du public. Le sourire s'entend dans sa voix quand on lui pose la question.

Déjà sur la route pour répandre sa Liqueur goutte à goutte, notamment à Sherbrooke, Chicoutimi et Bois-des-Fillion prochainement, elle participera également aux FrancoFolies de Montréal, le 8 juin prochain, au spectacle La Renarde – Sur les traces de Pauline Julien.

«C'est une artiste que je découvre. J'avais déjà entendu Mommy, je l'avais même déjà jouée à En direct de l'univers, mais sinon, mon lien avec son univers est encore très petit. Je suis en train de la découvrir en apprenant ses chansons», conclut Fanny Bloom à propos de la défunte Pauline Julien.

L'album Liqueur est disponible depuis hier en magasin et en ligne. Pour connaitre toutes les activités de Fanny Bloom, on consulte son site web.

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