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Ludivine Reding, sur le chemin de la gloire

«Plusieurs scènes de 'Fugueuses' vont nous toucher psychologiquement, et même nous faire mal dans le corps...»

Elle fait du doublage depuis qu'elle a 9 ans et a tenu des petits rôles dans La théorie du K.O, Les beaux malaises, Mémoires vives, Marche à l'ombre et dans plusieurs émissions jeunesse. On l'a vue ça et là au cinéma, dans des courts et longs métrages, dans des séries web, dans des publicités. Or, pour Ludivine Reding, avec Fugueuse, la «game vient de changer», pour employer un langage sportif.

Il aura fallu à peine une semaine pour que son visage angélique aux grands yeux clairs frappe les esprits et que son nom se mette à circuler. Après quatre épisodes de Fugueuse diffusés à TVA, après que son personnage nous ait fait traverser tout un registre d'émotions et qu'on ait aperçu son corps sous plusieurs coutures, celle qui célébrera ses 21 ans mardi prochain, le 6 février, est assurément déjà élevée au rang de célébrité. Partout sur la toile, on s'intéresse à sa garde-robe, à ses photos publiées sur Instagram, à ses voyages, à ses fréquentations.

On vante aussi – à juste titre – la qualité de son jeu d'actrice et le courage dont elle a su faire preuve en acceptant de se dénuder à la caméra pour les besoins du projet et de se prêter à des scènes aussi intenses.

Lors du visionnement de presse des deux premiers épisodes de Fugueuse, avant les Fêtes, Ludivine Reding confiait en entrevue qu'elle savait que «ça se pourrait que ça soit gros», mais tentait de garder la tête froide devant la montée d'intérêt à son égard qui accompagnerait nécessairement la mise en ondes de Fugueuse.

«J'essaie de ne pas trop y penser. Je ne me pose pas trop de questions pour la suite. J'avais fait des trucs avant à la télé, mais là, la série tourne autour de mon personnage. J'ai surtout hâte de voir ce que la série peut apporter, mais pas juste pour moi. J'ai hâte qu'elle soit vue, entendue, qu'on en discute, qu'on en parle, j'espère que ça va aider des filles et des gars, sensibiliser les gens. Car ça peut arriver à tout le monde», expliquait la jeune femme, sans savoir alors que son souhait serait rapidement exaucé.

«Et les gens vont arrêter de m'appeler Ludovine», a ajouté la gamine en rigolant.

Marlène Gélineau Payette via Facebook/Fugueuse

Espoir

C'est ce qui revient souvent dans les propos de Ludivine Reding lorsqu'on jase de Fugueuse : l'importance de jaser du problème de l'exploitation sexuelle chez les adolescentes, d'en montrer les recoins les plus sombres, pour mieux s'y attaquer ensuite.

À elle seule, l'image du viol collectif sur la pauvre Fanny, qui a conclu la dernière heure, lundi, était représentative des méandres de ce sordide milieu. Réaliste jusqu'au moindre de ses dialogues, l'univers dépeint par l'auteure Michelle Allen n'a pas fini de faire s'enfoncer la belle Fanny, qui vivra une cruelle descente aux enfers.

«Plusieurs scènes vont nous toucher psychologiquement, et même nous faire mal dans le corps, prédit Ludivine Reding. Les textes de Michelle sont incroyables. Je les ai lus, et je pleurais. C'est dur, mais il y a quand même un message d'espoir tout le long. Oui, ça crée des émotions, oui, on dort mal parfois, mais c'est quand même beau. Il y a toujours un peu d'espoir, que ça soit pour Fanny ou pour les autres personnages!»

Ludivine a bien sûr dû se renseigner sur la réalité de la prostitution avant de se lancer - c'est le moins qu'on puisse dire -, corps et âme dans le périple que fut Fugueuse, épaulée de tout le support mis à sa disposition par l'équipe d'Encore Télévision, qui produit la série.

«C'a été un grand travail d'équipe. Quand j'ai su que j'avais le rôle, je capotais! Je n'avais pas de mots, je n'en revenais pas. Après, j'ai eu des rencontres avec Éric (Tessier, le réalisateur) et JF(Jean-François Ruel, qui incarne Damien, le proxénète de Fanny). J'ai lu des livres, regardé des documentaires. Je me suis vraiment informée. J'ai essayé de comprendre qui était Fanny», expose la comédienne.

«Chaque parcours est différent, mais je me suis informée sur la manière dont fonctionne ce monde-là, sur ce qui se passe quand les filles arrivent dans cette situation, quand elles reviennent chez elle. Après avoir vécu pareille expérience, ce n'est pas facile de retourner travailler à 15 $ de l'heure! On démystifie ce qu'est l'industrie sexuelle et ses répercussions, psychologiquement. J'ai fait des recherches là-dessus.»

Marlène Gélineau Payette via Facebook/Fugueuse

Nudité

On a beaucoup parlé des extraits de nudité de Fugueuse, qui ont été décriés la semaine dernière, mais que Ludivine Reding assume totalement. Dès les premières discussions liées à Fugueuse, l'actrice savait qu'elle aurait à s'exposer dans des scènes osées.

Lorsqu'elle a passé son audition pour l'obtention du rôle de Fanny, il était souligné en rouge dans les textes que l'interprète du personnage devrait mettre sa pudeur de côté et se dévêtir. Éric Tessier lui avait préparé un document d'information et a pris la peine de rencontrer sa jeune muse à plusieurs reprises pour la mettre en confiance, ce qui a grandement rassuré la principale intéressée.

«J'ai été chanceuse, tous les plateaux que j'ai faits étaient exceptionnels. Mais pour Fugueuse, c'était important, parce que c'est un sujet tellement lourd. Pendant le tournage, l'ambiance était légère, on a eu du fun. Tout se faisait dans le respect. Rien ni personne n'était pointé du doigt.» «Les scènes de nudité, maintenant, on les accepte, c'est devenu un peu normal. Alors, ça enlevait un peu de pression. Personne n'était stressé. On en a tellement parlé avec Éric... À la base, pour moi, la nudité n'était pas un facteur de stress, mais on ne sait jamais comment les autres vont réagir face à ça. Mais tout le monde a été super cool. J'ai été chanceuse d'avoir été aussi bien entourée», détaille Ludivine qui, à 20 ans, peut encore très bien ressentir les émotions qui l'habitaient à 16 ans, l'âge de Fanny.

«Ce n'est pas si loin pour moi. C'est une époque charnière dans une vie. Tu grandis, tu commences à assumer ta sexualité. Je trouvais ça beau que la deuxième scène de la série en soit une de sexe. C'était une belle scène, romantique, il n'y avait rien de vulgaire. Ça met dans la face des parents que leurs ados peuvent avoir des relations sexuelles à 16 ans. Pas tout le monde, mais ça peut arriver, et ce n'est pas mal. Fanny et son copain sont amoureux, il n'y a rien de malsain, c'est un amour naïf de personnes de 16 ans. Je me retrouve beaucoup là-dedans.»

Sensible au mouvement #MoiAussi, Ludivine juge également que la diffusion de Fugueuse arrive à point nommé, et que l'œuvre répond à une nécessité dans la société présentement.

«Je pense que c'est encore plus d'actualité, plaide l'artiste. En plus, c'est un sujet devant lequel on ferme souvent les yeux, mais on n'a réellement aucune idée de ce qui se passe dans la vie de ces filles-là. On a souvent des préjugés, il y a des stéréotypes qui perdurent. Cette série-là vient tous les briser, car Fanny n'est pas prédisposée à ça du tout. Ça montre que ça peut vraiment arriver à tout le monde, et c'est ce qui fait peur. Je trouve ça beau de lire les mots de personnes qui ont vécu ça et qui se disent contentes qu'on en parle, qu'on démystifie tout ça, que ça arrête d'être tabou.»

Marlène Gélineau Payette via Facebook/Fugueuse

Une famille

Sur les 54 jours de tournage de Fugueuse, Ludivine Reding devait être présente 49 jours. Affirmer qu'elle porte la fiction sur ses épaules relève un brin de l'euphémisme. Or, la jeune adulte jure que le mandat n'a constitué que du plaisir.

«C'était vraiment une famille, à la fin, tout le temps. On a vraiment eu du fun», insiste-t-elle, en mentionnant que le réalisateur et l'auteure donnaient une lassitude aux acteurs dans la formulation des dialogues.

«On était très libres. On suivait le texte, mais on pouvait suggérer des petits trucs. C'a fait en sorte que tout était plus vrai.»

Ludivine Reding, qui a gradué du niveau collégial il y a un an, au Collège Dawson, croyait pouvoir entrer à l'université en août dernier, mais l'heureux accident de parcours que fut Fugueuse a changé ses plans.

«Je suis jeune, c'était plus pour ma culture personnelle, indique-t-elle. Je ne pense pas y retourner pour le moment, mais on verra ce qui se passe.»

Car, pour l'instant, le jeu demeure son premier amour, et elle espère bien qu'il en restera ainsi. En février, on retrouvera Ludivine Reding dans La dérape, une nouvelle série pour adolescents qui sera mise en ligne intégralement sur Club illico, et où elle côtoie notamment Camille Felton, qui personnifie Jessica dans Fugueuse. En octobre, elle sera de la distribution du film Wolfe, de Francis Bordeleau, où elle partagera, entre autres, la vedette avec Catherine Brunet et Antoine Pilon. Sinon, la jeune dame se dédie au doublage, un art qu'elle adore.

«Ça fait partie de mes semaines, c'est là depuis longtemps, ça fait partie de ma vie, spécifie Ludivine Reding. J'ai toujours jumelé école et doublage, dans ma vie. Je trouve ça le fun de pouvoir toucher à autre chose, mais le doublage reste toujours important.»

Fugueuse, le lundi, à 21h, à TVA. Consultez ici notre dossier complet sur la série.

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