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Le plus grand rôle théâtral de la carrière d’André Robitaille

L'acteur et animateur devra composer avec un horaire chargé.
TNM

Rusé et brillant, le célèbre Scapin exige d'André Robitaille une présence scénique de tous les instants, une capacité de se battre à l'épée, de danser et de jouer la comédie, sans jamais perdre l'éclat qu'il a dans le regard. Un rôle qu'il considère comme le plus grand et le plus exigeant de sa carrière sur scène. Un mandat qu'il attaque avec passion, malgré les horaires surchargés qu'impose l'animation d'une émission quotidienne, Entrée principale, et d'un grand rendez-vous hebdomadaire, Les enfants de la télé.

À quoi ressemblent les journées d'un homme qui anime une quotidienne et qui joue presque tous les soirs?

C'est un peu serré. Ça demande à mes équipes de s'ajuster. Elles sont très généreuses. J'arrive généralement à Radio-Canada vers 13h, et souvent le matin, pour préparer Entrée principale. On est en direct de 16h à 17h30 à la télévision. Je me démaquille, on fait un débriefing et j'arrive au TNM vers 18h30, soit 90 minutes avant la levée de rideau. J'ai le temps de respirer un peu. Par contre, avec les matinées scolaires au théâtre, on joue tous les mercredi à 13h. Alors, j'accroche mon costume à 15h et je me presse pour arriver en studio à 16h et pour revenir jouer à nouveau au TNM le soir.

Avec un tel agenda, pourquoi plonger dans une aventure aussi intense que Les Fourberies de Scapin?

Je suis acteur avant tout et j'ai besoin jouer. Ça me garde en vie! Quand Lorraine Pintal m'a offert l'opportunité de jouer sur scène, on a cherché ensemble le bon projet. Je me suis souvenu que j'avais joué Scapin à l'École nationale. J'avais ce personnage en moi depuis tout longtemps et j'avais rendez-vous avec lui, avant d'être trop vieux pour le jouer. C'est un rôle qui me permet de tout faire. Molière se l'est écrit deux ans avant sa mort, et je le soupçonne d'avoir voulu montrer qu'il était capable de pas mal tout, autant dans les mots que dans le corps.

Scapin n'est pas exactement un Arlequin.

On pourrait penser qu'ils se ressemblent et que Scapin est assez léger lui aussi. Mais non, il est trouble. C'est un petit salopard, un beau bandit. Il a fait la galère et la prison. C'est un gars de la rue. On l'aborde en prenant un chemin de travers, plutôt que le chemin lumineux auquel on pourrait s'attendre, au départ. Ceci dit, plusieurs personnes affirment que Scapin est le personnage le plus articulé et le plus intelligent de la littérature. Et moi, j'adore les mots. J'aime relever le défi de la plume de Molière. C'est un privilège.

Carl Béchard, à la mise en scène, est un formidable acteur de classiques. À quel point son expérience lui sert quand il vous dirige?

C'est le meilleur gars pour monter ça. En plus de sa grande expérience comme comédien, c'est un homme de mots. Il est professeur au Conservatoire depuis 25 ans. Il est très Molière dans son enseignement. On a donc devant nous un expert de l'auteur, qui pourrait jouer tous les personnages de façon brillante. Il sait nous amener à la source. On met le texte à l'avant-plan. Et il utilise la couleur de tous les acteurs. Il part de ce qu'on est, un peu comme Molière l'avait écrit pour sa gang, en connaissant très bien le talent de chacun. On ne va pas nier nos âges. Scapin avait 49 ans au 17e siècle et il ressemble peut-être à mes 54 ans d'aujourd'hui. Je le joue avec la maturité, la fantaisie et le vécu que je possède.

Vous serez le quatrième acteur à jouer Scapin au TNM (1972, 1975, 1986). En avez-vous vu une à l'époque?

Je suis arrivé à Montréal en 1985 pour étudier et j'ai vu Normand Chouinard faire Scapin en 1986. J'étais sur le cul. C'était une grande leçon! Comme nous sommes amis aujourd'hui, il m'a parlé un peu de son parcourt. J'ai aussi discuté avec Marcel Leboeuf et Yves Jacques qui l'ont joué ailleurs. Tous m'ont expliqué qu'il y avait un avant et un après Scapin dans leurs carrières.

L'an prochain, vous allez célébrer les 30 ans de votre diplôme à l'École nationale de théâtre. Est-ce que les bilans commencent dans votre esprit?

Je ne suis pas très bon là-dedans, mais on me l'impose à cause du chiffre qui apparaît. Aux Enfants de la télé, l'équipe m'a surpris en faisant une émission autour de moi. Cette soirée-là, je l'ai eue dans la face! En télé, mon parcours est très large : 12 téléthons, Les Mordus, Vazimolo, C'est juste de la tv, Hommes en quarantaine, des revues de l'année, des trucs fantaisistes ou intellos. Je suis fier de mon registre. Et très fier d'être encore là. De jouer au moins un show par année sur scène depuis 30 ans, malgré l'animation qui prend beaucoup d'espace. Mais je ne prends rien à la légère. Je travaille comme un fou!

Comment vous-êtes vous approprié Les Enfants de la télé, depuis que vous avez remplacé Véronique Cloutier?

Le train était déjà en marche depuis quelques années. Le concept impose beaucoup de choses. Mais, je me sens de plus en plus confortable après quatre ans. Le show nous appartient désormais, à Édith Cochrane et moi. On y a apporté notre rythme, en assumant notre humour. Quand on faisait de l'impro, on était toujours des joueurs assez rapides, vifs d'esprits. Alors, je ne retiens pas les chevaux. Je ne tais pas l'inspiration comique. Je n'aime pas les comparaisons avec l'équipe précédente. Ceci dit, comme j'ai joué énormément, je connais bien les acteurs et actrices autour de la table. J'ai souvent joué avec eux. Et l'animateur que je suis a traversé les générations de politiciens et de chanteurs. Ça me rend donc convivial très rapidement.

Quels sont vos prochains projets?

Au printemps, je serai au Casino de Paris pour jouer l'adaptation d'Edgar et ses fantômes. Cet été, je vais jouer dans Laurel et Hardy, aux côtés de Louis Champagne, au Théâtre Hector-Charland. Et une pièce que j'ai mise en scène l'été dernier, Sylvia, va partir en tournée.

La pièce Les Fourberies de Scapin sera présentée au TNM du 16 janvier au 10 février. Cliquez ici pour plus de détails.

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