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Guylaine Tremblay prête à jouer la Nana de Michel Tremblay pour toujours

«C’est un personnage magnifique, riche, drôle, touchant et plein de mauvaise foi!»
Courtoisie

Après avoir joué une centaine de fois Encore une fois, si vous permettez dans le rôle de la célèbre Nana, Guylaine Tremblay retrouve le fabuleux personnage dans une nouvelle création, Enfant insignifiant, et se dit prête à interpréter la maman de Michel Tremblay tant et aussi longtemps qu'on lui proposera.

En avril 2016, vous avez succédé à Rita Lafontaine, qui a joué Nana et plusieurs rôles phares de l'oeuvre de Tremblay pendant des décennies, jusqu'à son décès, survenu la semaine de la première d'Encore une fois, si vous permettez. Aimeriez-vous retrouver Nana pendant longtemps, comme elle l'a fait?

Ben oui! C'est un personnage magnifique, riche, drôle, touchant et plein de mauvaise foi. Elle a tous les défauts et les qualités intéressants à jouer. Récemment, je me disais très naïvement que parce qu'Henri Chassé et moi rejouons les mêmes personnages, nous aurions une petite longueur d'avance en répétitions. Mais non, parce que ce sont d'autres situations. On doit refaire le même travail d'acteurs. Approfondir un personnage, ce n'est pas aussi facile qu'on le croit. Même que tu es plus exigeant avec toi-même, parce que tu l'as déjà joué.

Quelles facettes de Nana découvrez-vous dans Enfant insignifiant?

Dans Encore une fois, si vous permettez, c'était elle qui menait l'histoire et qui racontait les choses. Mais là, c'est son enfant qui lui pose des questions auxquelles elle ne peut pas répondre souvent. Il l'interroge sur des questions existentielles et sur la religion. Elle, c'est une femme des années 50. Elle ne peut pas tant remettre en question ses croyances, parce que ça va trop l'ébranler. Je découvre une Nana préoccupée par le sort de son enfant. Elle voit qu'il ne sera pas un petit gars comme les autres. Il n'est pas attiré par les sports ni par les jeux de petits garçons. Elle n'est pas capable de mettre des mots sur ce qu'elle sent, parce que dans ce temps-là, on ne parlait pas d'homosexualité, mais elle s'inquiète pour son avenir.

Elle veut le protéger ou lui faire prendre un chemin différent?

Un peu des deux. Un moment donné, elle dit «je te laisse libre en me sentant coupable de te laisser libre». Elle sait qu'elle n'empêchera rien, mais elle ne peut pas lui donner son accord absolu, parce que ça ne se faisait pas dans les années 50 de dire à son enfant d'être différent. Il fallait rentrer dans le rang.

Avec le metteur en scène Michel Poirier, comment approfondissez-vous votre personnage?

On essaie de le raffiner, mais moi, je ne dois pas penser à la pièce précédente. Je me concentre sur Enfant insignifiant, puisqu'elle est au service de mon fils là-dedans. C'est lui le pivot de la pièce cette fois-ci. Il faut que je sois très réceptive et à l'écoute de cet enfant-là qui essaie de comprendre. Dans Encore une fois, on découvrait sa folie et comment elle transcendait la réalité. Alors que là, elle se concentre sur sa job de mère.

À quel point les nombreuses représentations faites aux côtés d'Henri Chassé influence votre complicité?

Au moindre regard, je suis capable de déceler où il s'en va avec son personnage. La partie de ping pong est plus facile, parce qu'on a joué ensemble près de 100 fois. J'essaie de lui envoyer la rondelle directement sur la palette pour que l'échange soit impeccable et qu'il puisse scorer.

Le théâtre musical Belles-Soeurs va être remonté en 2018. Avez-vous songé à reprendre votre rôle?

Non. Comme je l'ai joué 150 fois, c'était correct pour moi que Sonia Vachon le joue maintenant. J'étais nourrie. Si je l'avais juste joué 20 ou 30 fois, j'aurais trouvé ça difficile. Mais, je trouve ça formidable que des rôles se passent d'une actrice à l'autre. Là, je vais enfin pouvoir voir le spectacle!

Après six saisons d'Unité 9, pourquoi avez-vous encore envie de jouer Marie Lamontagne?

Il y a plein de choses de non réglées pour Marie. L'histoire autour de l'inceste n'est pas éclairci du tout. Elle n'a pas dit à sa fille Lucie qu'elle est un produit de l'inceste. Beaucoup de gens disent qu'elle devrait juste en parler, mais va-t-elle briser la vie de Lucie en lui disant ça? C'est quoi l'amour véritable : que Marie lui avoue qu'elle est sa mère et qu'elle l'a fait avec son propre père ou ne pas en parler du tout? Sa relation avec Lucie est très fragile présentement, alors elle a peur de se retrouver seule. En plus, Lucie est la seule enfant qui lui reste. J'ai aussi envie de poursuivre l'aventure, parce que cette année, j'ai l'impression de jouer une nouvelle Marie, qui est en reconstruction. Il y a encore beaucoup de choses à raconter.

Elle travaille désormais auprès des détenues à Lietteville, mais on la voit également à l'extérieur, dans un environnement ouvert et plus chaleureux. Comment les décors influencent-ils votre jeu?

Ça change vraiment quelque chose. L'autre jour, en regardant l'émission, je me suis vu sourire à l'écran. Un vrai sourire radieux, ce qui n'est pas arrivé souvent. Elle était tellement dans la noirceur auparavant. Il y a même une année où elle était très en colère et je n'ai pas souri une seule fois de la saison. C'était très dur.

Ça devait faire du bien de jouer dans la comédie En tout cas, qui sera présentée à TVA cet hiver.

On est dans deux planètes complètement différentes! Mon personnage dans la série, c'est une extravertie. Elle n'a pas de sous-textes. Pour elle, tout est bon à dire. C'est une infirmière à la retraite qui vivait à Val d'Or et qui décide de se rapprocher de ses enfants qui vivent à Montréal depuis une dizaine d'années. Ce que j'aime, c'est qu'elle n'est pas du tout la madame de région qui a peur de Montréal. Au contraire. Elle aime toute en arrivant. Elle trouve ça l'fun de prendre le métro et elle retourne à l'université. Elle est game.

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