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Un nouveau toit pour le stade? Plutôt la dynamite, dit un économiste

Un nouveau stade serait un bien meilleur investissement.
dan_prat via Getty Images

Les 200 M$ que le gouvernement compte mettre dans un nouveau toit pour le Stade olympique de Montréal ne valent pas l'investissement, selon l'économiste du sport Moshe Lander. Un nouveau stade serait un bien meilleur investissement.

M. Lander, professeur à l'Université Concordia, estime que le stade a mal vieilli. Il n'y a pas que le toit qui cause problème – plus de 7000 réparations en 10 ans. Il y a quelques années, une dalle de béton de plusieurs tonnes s'est effondrée dans l'accès au stationnement.

Et puis, il y a les athlètes.

«À l'époque des Expos, les joueurs se plaignaient des conditions. Ils jouent essentiellement sur du béton et le gazon artificiel qui est utilisé est comme du mauvais tapis. Les athlètes s'arrachent les genoux. Ça ne va pas changer avec un nouveau toit», affirme M. Lander.

«Le stade est essentiellement vide, ajoute l'économiste. Les Alouettes ont déménagé, l'Impact ne veut pas jouer là et il n'y a pas d'indication majeure que les Expos reviendront à Montréal. On va mettre des 200 M$ pour réparer le toit d'un stade qui ne sera pas utilisé.»

Selon M. Lander, les stades et les arénas sportifs ont une durée de vie de 30 à 50 ans. Le stade a ouvert ses portes en 1976.

Pas de cachet particulier à protéger

M. Lander ne croit pas non plus que la signature architecturale du stade dans le paysage montréalais ne vaille la peine de le conserver.

«Les vieux stades mythiques, ça vaut la peine de les maintenir, mais on parle de stades qui ont bien plus de 70 ans. Ceux-là obtiennent le droit de se perpétuer, mais ça vient avec des projets d'amélioration de plusieurs millions de dollars», souligne-t-il.

Si le gouvernement ou la Ville souhaite attirer une nouvelle équipe de baseball, M. Lander souhaiterait un emplacement plus près du centre-ville. Une vue sur certains monuments marquants, comme l'usine Five Roses du Vieux Montréal, pourrait lui donner un cachet plus important que le Stade olympique.

Apport à l'économie locale

Pour la Chambre de commerce de l'Est de Montréal (CCEM), la destruction du Stade olympique est toutefois impensable.

«Je ne souscris pas aux théories qui visent à le démolir ou à ne pas démonter le toit», affirme le directeur des affaires publiques de la CCEM, David Labrosse.

M. Labrosse souligne l'apport économique important du Parc Olympique pour l'économie de Montréal, particulièrement l'économie d'Hochelaga-Maisonneuve.

«Il y a beaucoup d'hôtellerie et de restauration dans ce secteur, notamment sur la rue Hochelaga. Quand il y a une compétition nationale de natation, par exemple, les hôtels autour sont pleins», affirme-t-il.

Selon M. Lander, les apports économiques du stade seraient simplement envoyés dans un nouveau quartier si un nouvel édifice est construit ailleurs. Il ajoute toutefois, au passage, que les retombées d'un nouveau stade ou d'un nouvel aréna ne sont jamais aussi reluisantes que ce qui est avancé par les promoteurs lorsque ceux-ci demandent des subventions.

M. Labrosse ajoute d'ailleurs que le coût de déconstruction du stade serait fort important. L'édifice ne peut pas être dynamité à cause de la présence d'une ligne de métro en dessus. Il devrait être démantelé pièce par pièce.

Un document obtenu par Le Journal de Montréal en 2015 estime que cette opération coûterait environ 700 M$.

Selon M. Lander, le gouvernement pourrait toutefois faire de l'argent en vendant le site.

«C'est encore une histoire des solutions band aid. [...] Détruisons le stade, nettoyons le site, vendons-le à un développeur. Mais au lieu de faire ça, on répare ceci, on répare cela», dit l'économiste.

Pas de pros, mais fort utilisé

Selon M. Labrosse, il est faux de dire que le stade est sous-utilisé, même s'il n'accueille plus d'équipes sportives professionnelles hormis quelques apparitions ponctuelles.

«Il faut voir le Stade olympique comme un tout. Il y a le complexe sportif, le vélodrome, l'institut national du sport, le Biodôme, le Planétarium. C'est un des stades les plus utilisés au monde quand on parle d'infrastructures post-olympiques. Il y a180 jours d'utilisation par année et il y a la possibilité d'en avoir 220 ou 250», souligne-t-il.

Ces chiffres comprennent l'ensemble des installations du Parc olympique. Lundi, M. Labrosse n'avait pas sous la main les chiffres concernant l'utilisation du stade à proprement parler. Il estime toutefois qu'il serait impossible de maintenir les autres installations dans Hochelaga-Maisonneuve si le stade disparaissait.

Les porte-parole de la Régie des installations olympiques (RIO) n'étaient pas disponibles lundi pour commenter l'affaire.

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