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Un Québécois dépense plus de 50 000$ pour sa femme qu'il ne peut faire venir au Canada

Harold Rioux assure qu'il s'agit d'un mariage d'amour. Immigration Canada ne voit pas ça du même oeil.
Courtoisie

Un Québécois de 52 ans marié à une Vietnamienne de 24 ans depuis près de deux ans ne peut faire venir sa femme au Québec, Immigration Canada qualifiant cette union de «faux mariage».

Harold Rioux, de Trois-Pistoles, au Bas-Saint-Laurent, a rencontré Nguyen Thi Linh sur Facebook en 2015. «Il m'a envoyé une demande sur Facebook et j'ai accepté», raconte la Vietnamienne, 28 ans plus jeune que son mari. «La différence d'âge n'a pas d'importance... Céline Dion et René Angélil étaient heureux», lance rapidement M. Rioux.

Depuis presque deux ans, le couple communique ensemble chaque jour. «Au départ, j'utilisais Google Translate parce qu'elle ne me parlait qu'en vietnamien, explique M. Rioux. Aujourd'hui, on jase via Skype avec les caméras, et ce, en français. Chaque soir, je lui donne des mots à apprendre. Des petits devoirs d'une heure par jour. Elle est très bonne.»

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Mais le quinquagénaire vient d'apprendre que sa demande de parrainage avait été refusée par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

«On reproche à ma femme de ne pas me connaître suffisamment», déplore-t-il. «En entrevue, on lui a demandé comment expliquer qu'elle ne savait pas que j'avais une police d'assurance vie de 100 000$ et que les bénéficiaires étaient mon fils de 17 ans à 70 % et elle à 30 %.»

Il n'y a pas de prix pour l'amourHarold Rioux

Le HuffPost Québec a obtenu une copie de l'entrevue donnée par Nguyen Thi Linh à Immigration Canada. Faisant référence au fait que M. Rioux est un ancien menuisier, l'agente lui demande alors «la sorte de bois utilisé pour fabriquer les portes et la provenance de ce bois».

«C'est ridicule, répond M. Rioux. Même dans un couple marié depuis 50 ans, la femme d'un menuisier ne pourrait répondre avec exactitude à cette question.»

L'agente poursuit l'entrevue en demandant à Nguyen Thi Linh pourquoi son mari a quitté son emploi de menuisier. Elle lui répond: «Il s'est chicané avec son collègue de travail qui a arraché toutes les photos de moi que mon mari avait installées sur le mur de son bureau, en disant qu'il n'aimait pas les gens des autres pays.»

Dans son rapport, l'agente en immigration écrit ne pas avoir été satisfaite des réponses «trop vagues» données par Nguyen Thi Linh. Elle croit que la Vietnamienne «ne s'est pas engagée dans cette relation de bonne foi. Le but premier est d'obtenir un statut pour venir s'établir au Canada».

Plusieurs voyages et des dépenses de 50 000 $

M. Rioux assure qu'au contraire son mariage est authentique. «Pour démontrer le sérieux de mon histoire, je me suis rendu à 4 reprises au Vietnam au cours des 21 derniers mois. Deux séjours de deux semaines, un autre de quatre mois et finalement le plus récent de six mois. Et le 8 septembre, je repars pour un autre six mois'', de dire celui qui mentionne que seulement le coût du billet d'avion est de 2000 $, aller-retour.

«Quand il vient chez moi, j'en profite pour aller lui présenter les frères et soeurs de mes parents et leurs enfants. Le plus difficile c'est de trouver ici son repas préféré, soit de la pizza avec des frites», a mentionné Nguyen Thi Linh lors de son entrevue avec Immigration Canada.

«Pour notre mariage célébré dans mon petit village du Vietnam, nous étions 120 personnes environ. Chose certaine, ma mère a cuisiné pour 20 tables», a-t-elle ajouté.

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Désespéré de «l'entêtement» du gouvernement canadien, Harold Rioux a embauché un spécialiste en immigration. «2000 $ partis pour un supposéf spécialiste de Toronto qui a traduit ma demande et envoyé les papiers, regrette-t-il. Aujourd'hui, ce même supposé spécialiste dit ne plus pouvoir m'aider devant le refus d'Immigration Canada.»

Aujourd'hui travailleur saisonnier dans un terrain de camping, Harold Rioux a consacré jusqu'à présent plus de 50 000 $ dans cette aventure.

«Je lui envoyais des 100 $ par mois au début avant le mariage. Maintenant, j'envois 400 $ par mois. Ils sont pauvres et c'est pour aider sa famille. Ils vivent tous, son frère, la femme de son frère, leur enfant de cinq ans et les deux parents dans la même maison que je pourrais comparer à un cabanon au Québec», illustre-t-il, ajoutant qu'il a vendu sa maison pour aider sa femme et sa famille.

En 2016, 8 436 demandes de parrainage ont été refusées sur un total de 65 634 dossiers acheminés à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. En 2017, de janvier à juin, 37 580 demandes ont été effectuées et 4575 ont été rejetées, dont celle d'Harold Rioux.

Harold Rioux précise qu'Immigration Canada n'a jamais parlé de situation financière. «On m'a juste demandé si je pouvais subvenir à ces besoins pour les trois prochaines années. Il n'y a pas de prix pour l'amour», fait-il valoir.

«Elle est esthéticienne et coiffeuse. Elle pourrait facilement ouvrir son salon ici à Trois-Pistoles», assure-t-il.

«Si je vais au Canada, je vais travailler et mon mari aussi. Tous les deux on aura un travail pour s'offrir une belle vie», a assuré Nguyen Thi Linh à l'agente d'Immigration Canada, mais elle n'a visiblement pas réussi à la convaincre.

Immigration Canada n'a pas souhaité commenter le dossier.

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