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Le Canada dispose de bonnes cartes pour renégocier l'ALÉNA, selon des experts

Des experts du commerce international soutiennent que le Canada aura beaucoup plus d'atouts dans son jeu que ne le prétendent certains.
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, au centre.
La Presse canadienne/Nathan Denette
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, au centre.

À la veille de l'ouverture des négociations pour une réforme de l'ALÉNA, certains pourraient croire que le Canada est le petit gringalet de la classe qui se fera plaquer dans les casiers par le joueur de football américain. Après tout, les États-Unis n'ont pas vraiment besoin des marchés canadiens et mexicains pour prospérer.

La vérité est peut-être ailleurs.

Des experts du commerce international soutiennent que le Canada aura beaucoup plus d'atouts dans son jeu que ne le prétendent certains, y compris le président Donald Trump. Sans compter le scénario «David et Goliath», quand le garçon au lance-pierre vient à bout du géant — ou du moins se tire plutôt indemne de l'affrontement.

«Trump est de la vieille école en matière de négociations: il croit que le plus fort gagne tout le temps. Mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne», estime Ted Alden, agrégé supérieur au Conseil des relations internationales, à New York.

Et comme le répètent inlassablement les responsables canadiens à leurs homologues des États-Unis, le voisin du nord constitue le plus important marché d'exportation pour les deux tiers des États américains, et de loin le plus important client du pays — le Canada achète plus de produits et services américains que la Chine, le Royaume-Uni et le Japon. Réunis.

«Alors, toute entrave à cet accès au marché canadien ferait beaucoup de mécontents dans des sphères influentes aux États-Unis — que ce soit des entreprises, des gouverneurs ou des maires», rappelle M. Alden. Même chose pour le marché mexicain, qui achète énormément de produits agricoles américains. Ottawa a d'ailleurs amorcé les discussions directement avec ces partenaires commerciaux et politiques avant de se présenter à la table centrale.

«À mon avis, les négociations ne seront pas à ce point à sens unique — en tout cas pas autant que l'administration Trump le souhaiterait, croit M. Alden. Le Canada et le Mexique disposent de belles cartes dans leur jeu.»

En privé, les responsables canadiens comptent sur l'effet dévastateur qu'aurait aux États-Unis l'abolition pure et simple de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), comme l'a menacé Donald Trump. Cette perspective leur donne du tonus pour savoir dire non et fixer les limites de leurs concessions à la table de négociations.

Et comme l'ALÉNA est plus important pour Ottawa que pour Washington, le Canada a envoyé dans la mêlée ses meilleurs joueurs, alors que l'entraîneur de l'équipe adverse doit gérer en même temps 56 dossiers complexes, aux États-Unis et dans le monde, souligne M. Alden.

Le professeur Patrick Leblond, de l'Université d'Ottawa, rappelle aussi que c'est le président Trump qui a fait de cette renégociation un enjeu électoral, et il voudra probablement régler ce dossier rapidement. Ce qui donne un avantage aux Canadiens et aux Mexicains, selon cet agrégé supérieur au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale.

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