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Demandeurs d'asile: un ministre haïtien ne croit pas que la situation en Haïti a un impact

Les ministres haïtiens disent avoir reçu le mandat de la part du président haïtien de venir évaluer la situation au Québec.
ERIKA SANTELICES via Getty Images

Le ministre haïtien des Affaires étrangères ne croit pas que l'instabilité en Haïti a pu pousser les Haïtiens temporairement établis aux États-Unis à aller vers le Canada au lieu de retourner dans leur pays.

Antonio Rodrigue, et sa collègue ministre des Haïtiens vivant à l'étranger, Stéphanie Auguste, étaient à Montréal mardi pour rencontrer le maire de la métropole, Denis Coderre, et discuter de la «situation» — et non de la «crise», ont-ils tenu à préciser — des demandeurs d'asile qui affluent à la frontière canadienne.

Plusieurs ont tracé un lien entre cette arrivée massive de migrants d'origine haïtienne et la possible fin du statut de protection temporaire aux États-Unis, que l'administration Trump a récemment prolongé de six mois jusqu'en janvier, mais qui pourrait être aboli par la suite.

En conférence de presse, M. Rodrigue a rappelé que ces milliers d'Haïtiens avaient fui leur pays en raison du tremblement de terre dévastateur de 2010, et non pas seulement à cause des problèmes qu'il y avait au pays à l'époque.

Selon lui, ces Haïtiens avaient fait le choix de quitter le pays et «ce n'est pas parce qu'en Haïti on n'offre pas tout ce dont ils ont besoin».

Il a ajouté que le nouveau gouvernement haïtien faisait tout en son pouvoir pour améliorer la situation en Haïti, l'un des pays les plus pauvres de l'Amérique.

«Heureusement, en Haïti, on n'a pas une situation de guerre, il y avait dans le temps des problèmes d'instabilité, qui commencent à se résoudre. La preuve, c'est qu'on a eu des élections qui ont été faites de manière régulière, tout le monde a été satisfait de l'issue de ces élections», a-t-il déclaré.

«Haïti fait son chemin vers la stabilité et le renforcement de la démocratie et des institutions. Ça prend du temps et il y a des gens qui ont des besoins pressants, peut-être qu'ils sont pressés de partir», a-t-il ajouté.

Les élections en Haïti avaient finalement eu lieu en novembre 2016, après des mois de report, le président sortant Michel Martelly ayant quitté le pouvoir depuis 2015. Le dauphin de M. Martelly, Jovenel Moïse, avait finalement remporté l'élection au premier tour, mais ses opposants avaient dénoncé des irrégularités électorales.

Évaluer les besoins et soutenir le Canada

Les ministres haïtiens disent avoir reçu le mandat de la part du président haïtien, Jovenel Moïse, de venir évaluer la situation au Québec et offrir leur soutien aux gouvernements pour faciliter les démarches.

M. Rodrigue a expliqué qu'ils avaient pour objectif de «rassurer» leurs concitoyens éprouvés par la dure traversée et les aider si nécessaire avec leurs pièces d'identité.

«Il y en a qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas de pièces d'identité, des passeports et autre chose. Ils en ont besoin. Nous venons évaluer cette situation», a-t-il soutenu.

M. Rodrigue et Mme Auguste rencontreront d'ailleurs pendant leur voyage des représentants des gouvernements fédéral et provincial.

La Ville de Montréal a accueilli depuis les dernières semaines des milliers de demandeurs d'asile, en majorité des Haïtiens.

La première vague de migrants avait été dirigée vers le Stade olympique de Montréal, où quelque 700 d'entre eux sont établis temporairement, tandis que l'édifice des Sœurs de la providence, dans le quartier Ahunstic-Cartierville, héberge depuis dimanche des nouveaux arrivants.

Montréal pourrait par ailleurs ouvrir d'autres centres; le maire Denis Coderre a annoncé à la conférence de presse qu'il y avait «deux ou trois endroits» qui pourraient être disponibles «au besoin».

«Il est important de mentionner que les choses fonctionnent bien», a-t-il assuré.

«On parle de 2574 personnes hébergées dans différents centres. On ne doit pas parler de crise, on doit parler de situation. Vous avez eu 500 000 ressortissants syriens qui sont arrivés en Allemagne», a-t-il ajouté, en guise de comparaison.

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