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Jean-Michel Jarre au Centre Bell: un sensationnel sans mordant

Jean-Michel Jarre au Centre Bell: un sensationnel sans mordant
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Le spécialiste des machines, le Français Jean-Michel Jarre, a finalement livré son premier spectacle montréalais en plus de 45 ans de carrière, jeudi soir, au Centre Bell. Dans le cadre de l’Electronica World Tour, le célèbre musicien de 68 ans s’est enfin décidé à venir au Canada pour présenter sa musique, qui a pourtant fait le tour du globe au fil du temps.

Ondulations de bleu et de rouge sur des basses dramatiques qui évoquent un tantinet des percussions africaines. Ou quelque chose du genre. Sur Heart of Noise se déploient différents panneaux lumineux qui s’écartent après une minute afin de dévoiler Jean-Michel Jarre ainsi que ses compagnons (le claviériste lyonnais Claude Samard-Polikard et le percussionniste québécois Stéphane Gervais). Puis le rythme accélère, sur un tournoiement de formes tantôt cubiques, tantôt linéaires. L’œil est en mode 3D.

Rave, Ambient, trance, la musique de Jarre est truffée de bruitages et de drones en tout genre. À ces styles musicaux très digestes (trop?) s’ajoutent sur les planches les frappes du batteur et les touches du claviériste. Tout ceci dans un rendu électronique.

Dès le second morceau intitulé Automatic, il pousse au synthétiseur une panoplie de sons qu’il passe instantanément dans le tordeur aux effets. Ce morceau semble ressurgir d’un autre temps, à savoir le passé.

Beaucoup mieux à Oxygen 2. La basse est prenante, quasi dansante. Mais encore, on a la sensation que le dialogue robotique entre la scène et l’assistance n’est pas tout à fait au top. À Web Spinner, ça lève au même moment où les lasers blancs tranchent le noir de l’immense salle. Voilà un morceau qui fait le travail.

Récemment composée avec l’aide du «lanceur d’alerte Edward Snowden», la pièce Exit ressemble à la trame sonore d’un film d’espionnage informatique à la Bourne Ultimatum. Le visuel est efficace, avec tous ses chiffres qui courent vers un point de fuite inquiétant. Parfois, le visage en gros plan de Snowden vient nous rappeler que l’utilisation mal intentionnée de la technologie peut dangereusement menacer nos vies privées.

Au fur et à mesure que défilent les compositions de Jarre, on se rend compte que son travail sur scène n’est ni captivant ni démodé. Tout est incroyablement contrôlé et d’une limpidité désarmante. Mais, les beaux motifs et les agréables mélodies n’engendrent certainement pas l’émotion escomptée par les 3856 spectateurs.

Certes, la scénographie est impressionnante. Certes, le montage visuel présenté - avec des captations en direct - est efficace. Cette attaque de lumières, de sons, d’images et de géométries est en fait assez sensationnelle. Ça pulse (Zero Gravity) et ça plane (Souvenir of China) à souhait avec ce paquet d’effets pour les yeux. Certes, le savoir-faire de Jarre est indéniable, même intimidant. Certes, certains passages de son spectacle sont géniaux, comme cette dérape rageuse à la guitare électrique sur Conquistador.

Or, les beaux tableaux visuels et sonores qu’il propose ne provoquent pas le grand sentiment. C’est étrangement poli, ce qui n’est pas tragiquement décevant.

Quoique, soyons honnêtes, cette géante démonstration multimédia ne nous a fait ni chaud ni froid. Chose certaine, l’invitation scénique de Jarre n’atteint aucunement le cultissime dont il jouit dans le monde entier. Trop peu de mordant. Trop peu d’étonnement. Trop peu de dépassement. En aucun cas on a fait le voyage espéré.

Voici la liste des chansons envisagées par Jean-Michel Jarre avant le concert :

1. Heart of Noise

2. Automatic

3. Oxygene 2

4. Circus

5. Web Spinner

6. Exit

7. Equinoxe 7

8. Conquistador

9. Oxygene 8

10. Zero Gravity

11. Souvenir of China

12. Immortals

13. Oxygene 19

14. Brick England

15. Architect

16. Herbalizer

17. Oxygene 17

18. Equinoxe 4

19. Glory

20. The Time Machine

Encore

21. Oxygene 4

22. Zoolookologie

23. Stardust

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