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Hôpitaux américains cherchent volontaires pour câliner des bébés nés de mères toxicomanes

Des hôpitaux cherchent des gens pour câliner des bébés

Des câlins, encore des câlins. Les bébés nés de mères toxicomanes ont besoin de tendresse, sans doute plus que les autres. Plusieurs hôpitaux, aux États-Unis, ont mis en place des programmes de volontariat. Ceux qui se sentent prêts à cajoler des nouveaux-nés sans compter peuvent postuler.

Concrètement, il est demandé aux volontaires de porter les bébés dans ses bras, près de soi, et de leur prêter de l'attention. Le programme "Calm" d'un hôpital de Boston, lancé en octobre 2016 a déjà accueilli cent volontaires, dont des étudiants en médecine. Beaucoup d'entre eux travaillent tard dans la nuit, ce qui permet de relayer les équipes médicales. Chaque volontaire passe deux heures avec un nourrisson, qui présente les symptômes du sevrage aux drogues, consommées par la mère.

Réduire le syndrome de sevrage

Les câlineurs apaisent, chantent et se balancent pour les petits. Certains entonnent des chants de Noël, d'autres récitent l'alphabet pour imaginer les métiers de l'enfant qu'ils ont dans les bras - "A pour architecte, B pour biologiste", comme le raconte une de ces "berceuses". De nombreux programmes similaires fleurissent dans les hôpitaux américains et remportent à chaque fois de grands succès.

Pourquoi cette attention particulière à cette population de nourrissons? La psychiatre Sylvie Wieviorka, responsable d'un centre d'accueil d'usagers de drogue à Paris, écrivait en 2007:

"Les nouveaux-nés de mère toujours consommatrice d'héroïne en fin de grossesse et au moment de l'accouchement présentera, peu de temps après la naissance, un syndrome de sevrage, associant hyperexcitabilité, hypertonie, troubles digestifs et respiratoires. L'interaction précoce mère-enfant se construira alors bien souvent dans un contexte difficile, avec une mère peu disponible psychiquement pour son enfant, souvent culpabilisée et un bébé irritable et difficile à satisfaire."

"Petit poids de naissance, périmètre crânien inférieur à la normale, surmortalité de mort subite du nourrisson, hyperexcitabilité, sont les principaux symptômes mentionnés dans de nombreuses études sur la question", continue la psychiatre.

À cela s'ajoutent des comportements de la mère jugés problématiques, qui n'améliorent pas la prise en charge des nouveau-nés:

"Dénégation de la grossesse et/ou de la consommation, culpabilité, dissimulation de peur d'une intrusion des services sociaux sont des mécanismes que l'on observe fréquemment dans ce type de contexte", explique Sylvie Wieviorka.

Les câlins sont donc envisagés comme la réponse la plus pertinente aux besoins de ces enfants. Ils évitent notamment d'autres prises médicamenteuses alors que la plupart sont déjà sous méthadone, afin de procéder au sevrage et réduire le syndrome afférent.

2500 femmes en France en 2001

Chaque année, aux États-Unis, 91 Américains meurent chaque jour d'une overdose d'opiacés, d'après les chiffres de 2015 du centre national de prévention des maladies. Les mères toxicomanes sont de plus en plus nombreuses, mais les statistiques précises restent difficiles à établir.

Le même problème se pose en France. Un article d'une addictologue, le Dr Catherine Caron, datant de 2001, chiffrait à "2500 jeunes femmes, consommatrices d'héroïne surtout, mais aussi d'alcool, de cocaïne et de psychotropes", qui "accouchent chaque année en France".

La psychiatre Sylvie Wieviorka expliquait en 2007:

"On estime en France, à plus de 100.000 les personnes qui sont consommatrices régulières de substances illicites, continue l'addictologue. Parmi elles, on compte environ 25 à 30% de femmes. L'âge moyen des toxicomanes étant de l'ordre de 28 ans, bon nombre sont en âge de procréer, et par conséquent, on peut supposer que de nombreux toxicomanes sont parents".

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