Le fentanyl a causé au moins 343 décès en 2016, soit un tiers de plus qu'en 2015. Un chiffre qui presse l'Alberta à agir. Celle-ci équipera tous les premiers répondants de trousses de naloxone et s'engage à établir de nouveaux services pour combattre cette crise.
Un texte de Camille Feireisen
D'ici deux semaines, tous les premiers répondants seront formés et équipés de trousses de naloxone, l'antidote à administrer d'urgence en cas de surdose de fentanyl. Jusqu'à présent, seuls les pompiers de Calgary, mais pas ceux d'Edmonton, pouvaient le faire. Or le chef pompier d'Edmonton Ken Block estime que son équipe est appelée en moyenne une à deux fois par jour pour une surdose dans la ville.
Les policiers sont également équipés de trousses et formés depuis la mi-janvier, avait annoncé le Service de police d'Edmonton.
La ministre adjointe de la Santé, Brandy Payne, a aussi précisé que la province donnerait dorénavant les statistiques concernant les surdoses dues au fentanyl toutes les six semaines.
La lutte contre cette crise passe notamment par la prévention, avant que ne surviennent les surdoses, ont martelé les intervenants, tant du milieu de la santé que les premiers répondants. Une clinique spécialisée pour le traitement de la dépendance aux opioïdes ouvrira donc ses portes à Grande Prairie ce printemps pour accueillir 300 patients.
Des subventions de 730 000 $ seront accordées aux organismes de soutien de plusieurs collectivités, notamment à Edmonton et à Calgary, afin de mettre sur pied des services de consommation supervisée.
Des différences entre les régions
Calgary semble battre le triste record du nombre de décès dus à des surdoses de fentanyl depuis 2014, avec 149 morts en 2016, contre 109 à Edmonton. La région de Calgary a un taux de morts par surdose 38 % plus élevé que celui de la région d'Edmonton.
Parmi les quelque 2267 appels aux urgences à cause de surdoses d'opioïdes, 84 % d'entre ces derniers se sont déroulés dans les deux grands centres urbains, dont 988 directement à Calgary. C'est aussi dans les centres-villes que des surdoses ont été le plus enregistrées.
Bientôt une salle d'injection supervisée?
Concernant l'ouverture d'une salle d'injection supervisée, Brandy Payne est restée prudente, mais a affirmé que ces services soutiennent et dialoguent avec le groupe qui travaille sur ce projet. « Nous continuons à consulter les groupes communautaires », explique la ministre, qui rappelle que trois centres d'injection supervisée viennent d'être acceptés par le gouvernement fédéral et qu'il y a donc bon espoir d'en voir ouvrir ici, en Alberta.
Les organisations souhaitant ouvrir un centre d'injection supervisée doivent obtenir une autorisation du gouvernement fédéral, selon une loi promulguée l'an dernier par l'ancien gouvernement conservateur, appelée Loi C-2.
22 décès par carfentanil
Parmi les 343 décès dus au fentanyl, 22 sont attribuables au carfentanil, un tranquilisant pour bisons 100 fois plus puissant que le fentanyl, mais « comme les efforts sont concentrés sur les cas de fentanyl, c'est peut-être davantage », concède la ministre adjointe de la Santé. Tout comme le nombre total de décès par surdoses d'opioïdes demeure préliminaire, car d'autres morts font encore l'objet d'enquête.
Selon le spécialiste en problèmes de dépendance et en santé publique, Hakique Virani, la plupart des utilisateurs de carfentanil pensent qu'ils prennent des doses d'opioïdes moins puissants, comme du fentanyl ou de l'héroïne, lorsqu'ils en achètent.
«C'est la pire crise due à des médicaments de l'histoire.»
— Hakique Virani, spécialiste en problèmes de dépendance
Le Wildrose demande des comptes
Lundi, le parti officiel d'opposition Wildrose, a lancé un appel au gouvernement albertain, le pressant de donner plus de statistiques sur le nombre de décès dus au fentanyl. Il a aussi demandé aux néo-démocrates de déclarer un état d'urgence sanitaire, comme ce qui a été fait en Colombie-Britannique, pour combattre la crise des opioïdes.
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