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Drame de Polytechnique: une victime continue de se confier après 27 ans

Drame de Polytechnique: une victime continue de se confier après 27 ans
La Presse canadienne

Vingt-sept ans après qu'un tireur eut fait irruption dans sa classe pour y exécuter de sang-froid plusieurs femmes, Nathalie Provost accepte encore de sortir dans les médias pour raconter son histoire parce que, selon elle, il reste "encore beaucoup de choses à faire", notamment sur le contrôle des armes à feu, une affaire qui est loin d'être classée malgré les promesses du gouvernement fédéral.

Le 6 décembre prochain marquera le triste anniversaire de la tuerie à l'école Polytechnique de Montréal, qui avait fait 14 victimes toutes des femmes.

Nathalie Provost a été au centre du drame; elle avait confronté le tireur lorsqu'il avait traité les étudiantes en génie de féministes. Mais 27 ans plus tard, celle qui se dit aujourd'hui ouvertement féministe accepte encore de ressasser ces douloureux souvenirs pour pouvoir faire contrepoids au lobby des armes à feu, qui est très présent au Québec, selon elle.

"C'est important qu'on continue et qu'on aille jusqu'au bout. Avec la montée de la droite, l'élection de Trump (Donald, le président désigné américain), il faut qu'on reste vigilant. C'est une des grandes distinctions du Canada", a-t-elle confié en entrevue téléphonique.

Or, à travers les années, Mme Provost n'a pas toujours commémoré cette tragédie sous les projecteurs. "Il y a des périodes dans ma vie, à peu près entre le 5-6e anniversaire et le 20e, je ne le vivais pas du tout au plan public. J'ai eu besoin de vivre ma vie personnelle et de ne plus être associée aux événements de Polytechnique", a-t-elle expliqué.

Mais l'actualité l'a rattrapée avec l'enjeu du contrôle des armes à feu et elle a alors accepté de reprendre la parole publiquement. "Ça donne un but au témoignage. Ça donne un sens. Je me protège derrière ça, je n'ai pas besoin de retourner à mes émotions (intimes)", a-t-elle soutenu.

Mme Provost se dit déçue du gouvernement de Justin Trudeau, qui ne semble pas s'être occupé de ce dossier depuis qu'il a été porté au pouvoir, il y a plus d'un an.

Heidi Rathjen, militante pour le contrôle des armes à feu qui a aussi été témoin de la tuerie, abonde dans le même sens. L'organisation Polysesouvient a d'ailleurs accru la pression sur le gouvernement Trudeau, vendredi, en demandant au public d'écrire au premier ministre et au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, "pour leur demander d'agir".

"Les familles, les survivants, les témoins de la tuerie à Polytechnique commencent à s'impatienter", a signalé Mme Rathjen en entrevue avec La Presse canadienne.

"Là, on est à un autre anniversaire le deuxième anniversaire d'une tuerie depuis que le gouvernement Trudeau est au pouvoir (la tuerie au cégep Dawson) et il n'y a toujours rien", a-t-elle déploré.

La militante suggère que tout le travail accompli dans la foulée du massacre pourrait avoir été affaibli par l'ancien gouvernement conservateur qui a notamment aboli le Registre des armes à feu en 2012.

"Les homicides par armes à feu ont augmenté en 2014, mais c'était un peu tôt pour en conclure qu'il y a une tendance, mais maintenant c'est la deuxième année consécutive que le taux d'homicides a augmenté, et de façon substantielle", a-t-elle affirmé.

Selon Statistique Canada, le nombre d'homicides par armes à feu a grimpé de 14 pour cent de 2014 à 2015, passant de 155 à 178 décès. De 1995 à 2012, le nombre d'homicides par armes à feu a oscillé entre 224 et 152, avant d'atteindre un creux en 2013, avec 134 décès de ce type.

Dans une déclaration envoyée par courriel, le cabinet du ministre Goodale a dit qu'il "travaillait avec acharnement" pour réaliser les engagements du gouvernement libéral.

"Nous croyons en des mesures équilibrées et efficaces à l'égard des armes à feu qui accordent la priorité à la sécurité publique tout en nous assurant que les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi ne subissent pas de traitement injuste", a-t-il écrit.

"Nous travaillons avec nos homologues en vue d'élaborer une stratégie pour déterminer la meilleure façon dont le gouvernement fédéral peut appuyer les collectivités et les organismes d'application de la loi dans leurs efforts continus en vue de rendre plus difficiles l'acquisition et l'utilisation d'armes à feu par les criminels, et de réduire la violence commise par les gangs", ajoute-t-on.

Mais une chose est certaine, le gouvernement ne créera pas de nouveau registre des armes à feu. Il l'avait déjà annoncé en campagne et le courriel envoyé par le bureau du ministre l'a réitéré.

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