Même s'il n'entend pas se mêler du dossier ni remettre en question la compétence du chef du service de police montréalais, le maire Denis Coderre s'est dit très préoccupé, lundi, par la surveillance téléphonique qu'ont effectué les policiers auprès du journaliste de La Presse Patrick Lagacé.
En point de presse, le maire a admis avoir été choqué de la nouvelle dévoilée lundi matin selon laquelle le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a suivi tous les faits et gestes d'un journaliste sur une période de plus de six mois. Il s'est surtout dit «très préoccupé» qu'au moins 24 mandats de surveillance concernant le téléphone du célèbre chroniqueur ont été accordés par des juges de paix depuis le début de l'année. «Il faut vraiment faire, à mon avis, des vérifications du côté de la justice et voir si les juges ont eu raison d'agir ainsi, mais ces capacités de vérifications appartiennent aux ministères de la Sécurité publique et de la Justice», a déclaré M. Coderre.
Répétant que ce n'est pas son rôle de maire de s'insérer dans les enquêtes policières ou dans le travail général du SPVM, il a expliqué avoir tenu à appeler ce matin le chef de police, Philippe Pichet, pour lui faire part de ses préoccupations. «C'est inquiétant comme situation, mais on ne demandera pas la tête de personne aujourd'hui, il faut d'abord comprendre dans les détails ce qui s'est passé et si c'était justifié», a-t-il ajouté. Du même souffle, il a affirmé faire entièrement confiance à M. Pichet, et que rien pour l'instant ne peut justifier la demande de l'opposition officielle, Projet Montréal, qui a exigé que le chef de police se retire temporairement le temps de faire la lumière sur ce dossier.
Pas de chasse aux sorcières au SPVM
En entrevue avec Le Huffington Post Québec, Patrick Lagacé a partagé ses craintes, et celles de plusieurs de ses collègues journalistes ayant des sources policières, que les policiers qui parlent aux journalistes fassent l'objet d'une réelle chasse aux sorcières au sein du SPVM. «Au SPVM, on cherche à savoir qui parle aux médias, et cette situation a empiré depuis l'arrivée de l'administration Coderre», a-t-il fait valoir.
Questionné sur cette situation, le maire Coderre a balayé du revers de la main ces déclarations. «Il faut faire attention. Je comprends l'émotion de Patrick Lagacé, c'est éprouvant apprendre qu'on a fait l'objet d'espionnage. Mais il ne faut pas faire d'amalgame. C'est normal qu'il y ait une relation de communication entre le maire et le SPVM, mais ça ne veut pas dire qu'on va s'immiscer dans des affaires policières ou chercher à savoir qui parle», a-t-il répondu.
Grand défenseur de la liberté de presse
Par ailleurs, le maire n'a pas cessé de répéter qu'il respecte profondément la liberté de presse et qu'en 30 ans de carrière politique il a toujours fait tout en son pouvoir pour protéger les sonneurs d'alerte. Il a donné l'exemple de la création du poste d'inspecteur général à la Ville de Montréal, qui est accompagné d'une ligne de dénonciations totalement indépendante de l'appareil municipal. «Je serai toujours là pour protéger la liberté de presse», a-t-il martelé.
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