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Les femmes aussi ont des pannes sexuelles

Les femmes aussi ont des pannes sexuelles
Man texting SMS on mobile phone in bed
WANDER WOMEN COLLECTIVE via Getty Images
Man texting SMS on mobile phone in bed

Les propos de cette histoire ont été recueillis par la journaliste Héléna Villovitch et retranscrits à la première personne.

"Excuse-moi, ai-je bafouillé alors que Mathieu commençait à réagir sérieusement à mes avances, je crois qu'on ferait mieux de s'arrêter là". Il a eu l'air surpris. "Tout à l'heure, tu semblais très partante", a-t-il dit. Il n'y avait aucun reproche dans sa voix, mais je culpabilisais, car je lui avais littéralement arraché sa chemise quelques minutes plus tôt.

"C'est allé trop vite", ai-je cru bon d'argumenter, alors que j'étais la responsable de cette situation. Il m'a regardée avec stupeur. "Tu me plais bien, mais ce n'est peut-être pas sexuel entre nous", me suis-je enferrée. En fait, j'étais abasourdie. Je me sentais comme un homme dont l'érection retombe au moment M, et qui murmure à l'oreille de sa partenaire: "Je ne sais pas ce qui m'arrive, pourtant tu me plais énormément."

C'était pour moi le compagnon idéal

Or, du côté de Mathieu, tout allait bien, et même très bien. Mais tandis que son corps se préparait à entrer en action, le mien s'est brutalement inscrit aux abonnés absents. La panne sexuelle n'est certes pas aussi spectaculaire chez une femme que chez un homme, mais elle n'en existe pas moins. J'en suis la preuve vivante.

J'avais rencontré Mathieu via ma copine Samira, qui me parlait de lui depuis un moment. "C'est exactement le gars qu'il te faut, m'affirmait-elle. Brillant comme toi, et aussi très subtil. C'est un joyau qu'il faut saisir au moment où il est encore disponible." J'ai appris plus tard que Samira avait tenu à Mathieu les mêmes propos à mon sujet, mais en utilisant le mot "perle" à la place de "joyau". On aurait dit qu'elle avait fait le pari de nous marier!

À force d'entendre parler de Mathieu, je me suis monté la tête. Si c'était pour moi le compagnon idéal, il ne fallait pas laisser passer cette chance. Lorsque, un soir de juin, l'occasion d'observer le spécimen s'est présentée sous la forme d'un apéro en terrasse organisé par Samira, je n'ai pas été déçue.

Mathieu, en plus des qualités vantées par mon amie, était grand, costaud, sportif, tout à fait mon genre. Un tantinet timide, peut-être, mais un peu de réserve n'est pas pour me déplaire chez les hommes. Comme je devais prendre un train le lendemain, je me suis éclipsée assez tôt, en lui laissant mon numéro de téléphone.

Affriolante en Gare du Nord

Dès le jour suivant, je recevais un message. "Subtil", ai-je pensé en souriant. Car Mathieu, tout en prenant de mes nouvelles, s'informait de la date de mon retour. En déplacement professionnel dans le nord de la France, je devais rentrer à la fin de la semaine. "Quelqu'un vient-il te chercher à la gare? ", s'informait Mathieu. "Pourquoi pas toi?", ai-je proposé.

Dès lors, la perspective d'un vendredi soir sous forme de rendez-vous galant s'est imposée à mon esprit. C'était une idée agréable, mais un peu stressante aussi. À Lille, je n'avais emporté que les vêtements pratiques et sobres adaptés au séminaire auquel je participais.

Après les heures de travail, j'ai donc cherché dans les boutiques quelque chose d'un peu affriolant pour mon arrivée en gare du Nord. Une jupe, une robe? J'hésitais, je m'énervais, j'essayais un tas de vêtements qui me semblaient tous plus ridicules les uns que les autres.

Lorsque je me suis vue en train de prendre un rendez-vous chez le coiffeur, j'ai ri de moi-même. "Qu'est-ce que je fabrique? ai-je pensé. On dirait que je me prépare au rendez-vous le plus important de ma vie alors que je connais à peine ce Mathieu et que, jusqu'à nouvel ordre, nous allons seulement boire un verre". N'empêche que j'ai passé le reste de la semaine à me préparer.

Le vendredi soir, mon train est entré en gare et je suis descendue sur le quai, moulée dans ma nouvelle jupe et trébuchant sur des talons trop hauts. J'avais imaginé l'accueil le plus fou. Que Mathieu aurait un superbe bouquet de fleurs, qu'il tiendrait un gigantesque panneau sur lequel il aurait écrit "Isabelle", qu'il se précipiterait sur moi et m'embrasserait avec fougue... Mais rien de tout cela ne lui avait effleuré l'esprit.

Mathieu n'était venu qu'avec le modeste projet de boire un verre en ma compagnie. Tandis que nous sirotions un martini, je me rendais compte que Samira ne s'était pas trompée. Mathieu et moi avions beaucoup de choses en commun. Il avait suivi comme moi des études de communication et, tandis que je travaillais dans l'événementiel, il avait créé une petite agence. Il participait la semaine suivante à un salon de l'auto-entrepreneuriat.

Voulais-je l'y accompagner? En temps normal, j'aurais apprécié cette manière progressive de faire connaissance, mais ce soir-là, je voulais que tout aille très vite. Les mots qui sont sortis de ma bouche m'ont surprise moi-même. "Emmène-moi chez toi!" ai-je rugi comme une lionne, ou presque. S'il a été étonné, Mathieu ne m'en a rien montré.

Après une halte à l'épicerie pour acheter des victuailles, nous sommes allés dans son appartement. J'aimerais pouvoir dire que Mathieu avait prévu ma venue, mais je dois avouer que ce n'était pas le cas. Sans être particulièrement désordonné, son appartement reflétait la vie d'un célibataire n'attendant pas de visite. Dans un sourire, il a emporté dans la cuisine le plateau de son petit déjeuner qui traînait dans le salon et est revenu avec des verres.

Bizarre mais drôle

J'ai commencé par avaler trois shots de rhum sans respirer, puis j'ai multiplié les signes démontrant sans équivoque que j'étais là pour faire l'amour. Tandis qu'il adoptait un comportement poli mais modérément enthousiaste, j'ai accéléré les choses. Sans crier gare, je lui ai quasiment arraché ses vêtements et l'ai traîné jusqu'à la chambre.

Je peine à m'expliquer ce qui a provoqué chez moi cette frénésie érotique. Une pression que je me serais mise toute seule? Le fait est que Mathieu et moi nous sommes bientôt retrouvés nus sur son lit et que la suite des événements ne faisait aucun doute... C'est alors que je me suis dégonflée. "On peut regarder un film, si tu préfères", a dit gentiment Mathieu. C'était élégant de sa part, mais j'étais trop gênée pour rester. J'ai préféré renfiler ma jupe et m'enfuir à toute vitesse...

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