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«Station Eleven» d'Emily St.John Mandel: la fin du monde «made in Canada» (ENTREVUE)

«Station Eleven»: la fin du monde «made in Canada»
DeseRae L. Stage

Plus de 700 000 copies de Station Eleven ont été vendues à travers le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis depuis deux ans. Pour accrocher les lecteurs à son histoire de fin du monde, la Britanno-Colombienne Emily St.John Mandel fait des allers-retours entre l’avant et l’après, racontant la crise et ses effets collatéraux quelques détails à la fois, pendant qu’elle peint une esquisse de l’humanité. Succès populaire et critique, son roman a été traduit dans une quinzaine de langues et la version française vient enfin d’arriver sur les tablettes.

Porté par une plume d’une qualité indéniable, Station Eleven souffle un vent de fraicheur dans l’univers littéraire post-apocalyptique.

«Plusieurs histoires du genre se concentrent sur le grabuge, le chaos et l’horreur qui suivent l’effondrement complet de la société, souligne l’écrivaine. Les lecteurs ont vu ça si souvent que je ne suis pas certaine que ce soit intéressant d’écrire un livre de plus comme ça. Mon roman ne plonge pas dans l’horreur comme les autres dystopies. Je préférais réfléchir à l’état du monde moderne en contemplant son absence.»

L’Internet, les réseaux cellulaires, l’électricité, l’essence, la possibilité de voyager en avion ou en train : toutes ces preuves de modernité s’effacent une à une, après qu’une grippe ait décimé 99 % de la population mondiale.

Cette pandémie aux effets catastrophiques est apparue dans l’imaginaire de l’auteure, alors qu’elle vivait à Toronto. Mais pas nécessairement à cause du SRAS, qui a frappé la Ville Reine en 2003, devenant ainsi la première épidémie mondiale du XXIe siècle.

«Le SRAS a surgi et disparu relativement vite, alors ça ne m’a pas marquée outre mesure. Par contre, mon projet a été influencé par une anecdote qui s’est produite à Toronto : je marchais sur Yonge Street, un soir, alors que j’avais 19 ans, et pendant un instant, toutes les lumières de la rue se sont éteintes, autant celles des lampadaires que celles des commerces. Tout s’est replacé rapidement, mais une seule seconde de noirceur totale m’a fait imaginer la terreur qui se propagerait dans une ville sans lumière. Je ne pouvais plus m’arrêter d’y penser par la suite.»

Plus de 15 ans ont passé avant qu’elle publie ce roman où la lumière et la technologie cèdent leur place à la survie. Entre temps, elle a publié trois romans policiers, dont la structure s’apparente à la façon de distiller l’information sur la transformation du monde dans Station Eleven.

«Révéler lentement les détails me semble une façon plus élégante et subtile de faire, plutôt que de débuter en illustrant la catastrophe, pour créer un effet fort sur les lecteurs. J’ai toujours fonctionné ainsi, dans tous mes romans.»

Friande des structures littéraires non linéaires qui multiplient les points de vue, Emily St.John Mandel fait découvrir aux lecteurs une myriade de personnages avant, pendant et après la crise.

Un acteur célèbre mort en pleine représentation du Roi Lear. Un ex-paparazzi devenu secouriste, dans l’espoir d’être un homme qui intervient dans le monde. La créatrice d’un livre graphique du nom de Station Eleven. Un homme qui vit désormais dans un aéroport abandonné. Les membres de la Symphonie itinérante, une troupe de musiciens et d’acteurs qui interprètent les plus grandes pièces de Shakespeare de ville en ville.

Parce que dans un monde post-catastrophe, survivre n’est pas suffisant (référence directe à la célèbre phrase de Star Trak « to survive is not enough »). Même là où l’espoir semble faire partie du passé, il se trouve toujours quelqu’un ou quelque chose pour raviver la flamme. Quelque chose qui, dans Station Eleven, penche du côté de l’art.

«Même aujourd’hui, dans les moments d’extrême désolation, on observe ce réflexe. Des humains jouent de la musique dans les camps de réfugiés, d’autres montent des pièces de théâtre en zones de guerre. Récemment, j’écoutais un reportage radio fascinant à propos d’une librairie secrète qui avait été mise sur pied dans une ville syrienne bombardée. Je pense que la culture peut être un antidote au chaos.»

Une chose est sûre, la popularité de Station Eleven est contagieuse. En plus d’être vendu partout dans le monde, le roman est en cours d’adaptation pour le cinéma.

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La librairie "M'Enfin" à Rennes
Corps et âme de Matz, Walter Hill et Jef aux éditions Rue de sèvres."C'est un polar. Un jour une femme se réveille dans une chambre glauque. Très surprise de se voir dans la glace. Très surprise car normalement c'est un homme.A partir de là l'histoire d'une vengeance est racontée. Pourquoi lui a-t-on fait ça ? Comment ? Que lui est-il arrivé ? C'est une bande-dessinée divertissante et sombre, avec un peu les mêmes ambiances que les films de Tarantino. C'est une BD pour adultes."
Librairie "La lison" à Lille
Même les pêcheurs ont le mal de mer de Diane Peylin aux éditions Les escales"Ce livre est très beau. C'est l'histoire de trois générations d'hommes: le grand-père, le fils et le petit-fils. Tout commence avec le décès du grand-père qui va briser le mal commun qui lie ces trois hommes: l'incapacité à dire ce qu'ils ressentent.Il se divise en trois partie. Chacune d'entre elles raconte la vie d'un homme avec de nombreux aller-retour entre le passé et le présent.Un vrai roman chorale."
Librairie "La Belle Lurette" à Paris
Tardigrade de Pierre Barrault aux éditions Arbre Vengeur"Tardigrade est un premier livre. On ne peut pas le qualifier de "roman", tant il est fragmentaire et singulier. Dans ce petit texte bourré d’humour et de fantaisie, il est question d’un animal minuscule aux propriétés extraordinaires, et de bien d’autre chose encore... Un narrateur pour le moins mystérieux nous fait part de son quotidien : ici, on fait chaque matin l’inventaire de ses organes, il se met à pleuvoir dès que l’on demande un peu d’eau, le sol se dérobe et les invités tombent des balcons, certains hommes ont deux têtes, d’autres n’ont qu’un seul côté, les visages se déforment quand on les regarde avec trop d’insistance et les pandas sont alternativement noirs, puis blancs; le tout raconté en une succession de passages plus ou moins brefs et sur un ton faussement léger, parfait pour ceux qui souhaitent rire ou sourire en laissant le réel de côté le temps d'une lecture."
Librairie "Vivement Dimanche" à Lyon Gabriel
Les méduses ont-elles sommeil ? de Louisiane C.Dor aux éditions Gallimard, collection Nos Vies"C'est un livre très court de 80 pages. Il m'a épaté. L'auteur a écrit 9a à 16 ou 17ans ! L'histoire est celle d'une jeune fille de 18 ans qui arrive à Paris. Pour elle, rien que d'arriver ici lui donne le sentiment d'avoir réussi sa vie. C'est une chronique d'une jeunesse sans horizon. Cette jeune femme va tomber dans la cocaïne sans s'en rendre compte. Ce qui est genial ce sont les descriptions de ses trips. On monte avec elle et on descend avec elle. Ca sent le vécu, c'est très réaliste et les descriptions sont poétiques. Un livre très original, étonnant et enthousiasmant. C'est vraiment génial !"
Librairie "Les Beaux Titres" à Levallois-Perret
Le miroir des illusions de Vincent Engel aux éditions Les Escales"Ce roman historique raconte une histoire de vengeance. Genève, 1849. Atanasio, jeune homme fraîchement arrivé de sa campagne toscane, apprend le décès de son protecteur Don Carlo, et la mission qui lui incombe pour toucher l'héritage de celui qui se révèle être son père. Il s'agit, selon un strict protocole, de le venger des quatre personnes qui ont fait de sa vie un enfer : son épouse Alba, son amant Wolfgang, et les deux bâtards engendrés par les autres infidélités de la première.Ce roman extrêmement bien construit m'a beaucoup plu dans sa peinture très touchantes des personnages. Les dialogues sont particulièrement bien menés, les longues descriptions, rares. Le lecteur accroche dès le prologue et ne relève pas la tête avant la fin des 500 pages. Un parfait roman pour l'été, profond et divertissant qu'il vaut mieux lire au calme pour pouvoir suivre l'intrigue à rebondissements."
Librairie "Les Volcans" à Clermont-Ferrand
La revue Reliefs aux éditions Panorama 5"C'est une revue dont deux numéros sont parus. Le prochaine arrive en semptembre. La ligne ? L'exploration au sens le plus large: des sciences, de l'histoire, des technologies, de la littérature... Un bel objet très instructif ."
Librairie "Violette and Co", à Paris
Mémoire de fille de Annie Ernaux aux éditions Gallimard"C'est un excellent livre d'une grande écrivaine, auteure de La Femme gelée ou encore Passion simple, qui écrit beaucoup de récits autobiographiques, comme c'est le cas ici. Dans ce livre, Annie Ernaux revient sur ses 18 ans, et raconte comment elle a vécu, pendant l'été 1958, sa première relation sexuelle avec un homme, ainsi que les deux années qui ont suivi et comment est née sa vocation d'écrivaine. C'est un livre très fort pour deux raisons. D'abord parce qu'elle revient sur cette expérience sexuelle qui fut un choc, un traumatisme et qu'elle essaye de retranscrire ce qui s'est passé. Ensuite parce qu'elle opère un va-et-vient entre son travail d'écrivaine, aujourd'hui et ce moment-là. C'est un ouvrage sur ce choc initial, sur le travail de mémoire."
Librairie "L'autre Rive" à Toulouse
Cinq Kopecks de Sarah Stricker aux éditions Piranha"Ce livre nous emmène dans la vie de la narratrice. Il parle de la seule faille. Enfant parfaite, élevée par un père tyrannique qui voulait qu'elle soit un géni en tout. Elle se promet une vie professionnelle assez grandiose puis épouse un homme qu'elle n'aime pas trop et tout à coup tombe amoureuse. Et toute la distance qu'elle avait auparavant s'écroule. L'amour s'incarne dans la personne d'un voisin. Il la chamboule. C'est un livre à la fois grave et très drôle. Les personnes sont danss l'exagération. La mère par exemple fait penser à Juliette Binoche dans le film Ma Loute. Le ton grave et humoristique m'a fait aimer ce livre mais aussi la peinture social du Berlin est après la chute du mur. Un roman assez complet et une chronique sociale de cette époque. Très beau style, assez chirurgical et avec un humour souvent grinçant."
Librairie "L'odeur du Temps" à Marseille
Boy, Snow, Bird de Helen Oyeyemi"Ca se passe dans l'entre deux guerre aux Etats-Unis. Il raconte l'histoire d'une jeune fille de 16 ans dont le pere a la main lourde. Elle s'enfuit et au bout de la ligne trouve refuge dans un foyer de jeune fille. Elle rencontre ensuite plusieurs personnes dont un type qu'elle ne supporte pas. Elle en tombe finalement amoureuse. Il s'agit d'un roman sur la question noire aux Etats-Unis mais pas seulement. Il se lit très facilement grâce à cette belle histoire et son humour un peu cynique par moment."
Librairie "Mollat" à Bordeaux
Le nuage d'Obsidienne d'Eric Mc Cormack aux éditions Bourgois"L'auteur est l'un des grands écrivains canadiens contemporains. Ce livre est le récit d'une vie, un livre d'aventure, un roman d'amour et de mystère. Un homme, en marge d'un colloque, découvre dans une librairie un livre qui parle d'un phénomène climatique en Ecosse. Un pays dans lequel il a vécu. Il va s'intéresser profondément à ce phénomène.Le récit de sa vie très fragmenté est très agréable à lire. Il joue sans arrêt sur les contre-pieds. Mais tout se tient . Le récit est bien construit et intelligent. Il y a un vrai plaisir à la fin de comprendre comment les fils ont été tressés, ce qui suscite l'envie de le relire, pour repérer tous les indices semés tout au long du livre."

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