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«Boxer la nuit»: le comédien Patrice Godin lance son premier roman

«Boxer la nuit»: le comédien Patrice Godin lance son premier roman
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Un an après avoir publié un récit intime sur sa vie d’ultramarathonien, Patrice Godin offre aux lecteurs sont tout premier roman, Boxer la nuit, une œuvre où il dissèque la douleur de Nick Adam, un pugiliste déchu et brisé par le deuil de sa femme et de sa fille. Un homme qui erre pendant des années dans les caniveaux du mal de vivre, jusqu’à ce qu’une Isabelle «à la beauté indienne» éveille en lui des sentiments oubliés.

Les deux chats sauvages se croisent dans un bled perdu du Maine, où ni la vie ni les touristes ne viendront les embêter. Elle fuit la douleur d’un adultère et le triste constat que sa vie n’est pas ce qu’elle imaginait. Il s’y arrête, après des années à fuir la souffrance.

Godin décrit leur rencontre en filigrane de l’histoire de Nick: son passé, sa enfance, l’ostracisme dont il a été victime à l’école, l’abandon de son père, les blessures infligées par sa mère et son beau-père, jusqu’à ce que la boxe entre dans sa vie et l’aide à trouver son identité.

La discipline passionne l’acteur-auteur depuis 20 ans, soit bien avant qu’il interprète lui-même un boxeur dans la télésérie Le 7e Round, en 2006. Ainsi, quand il cherchait un sport pour son personnage à la dérive, la boxe s’est imposée.

«La boxe est un sport hyper exigeant qui te confronte à toi-même. Même si tu as un adversaire devant toi, à moins d’être vraiment assommé, c’est toi qui décides si tu continues ou non. Ça fait mal pour vrai. Et les boxeurs ne sont pas des gens qui abandonnent facilement. Ils arrivent à compartimenter la douleur.»

Il évoque un combat que Mohammed Ali a poursuivi malgré une mâchoire brisée et un autre qu’Arturo Gatti a livré avec une main cassée; une scène qu’il a d’ailleurs prêtée à Nick. «Après la mort de sa femme et de sa fille, Nick est sur le bord d’une falaise, mais il ne “saute” jamais, il n’abandonne pas. Ça prenait un sport cohérent avec son tempérament.»

Godin précise que la boxe est accessoire dans son roman, probablement pour ne pas s’aliéner un lectorat peu friand d’histoires sportives. En réalité, la boxe est au cœur de la vie de son personnage. Même si Boxer la nuit n’est pas un compte-rendu des entraînements et des combats, le sport a transformé Nick, lui permettant de canaliser sa colère, d’extérioriser son intensité et de se rappeler qu’il existe après la tragédie qui l’a frappé. «Après le décès des femmes de sa vie, il se saoulait à mort et il voulait se tirer une balle, mais il est passé à travers son nuage noir.»

Pourtant, pendant 15 ans, les averses ne sont jamais bien loin, les rechutes rodent, les vieilles cicatrices se rouvrent. Mais jamais les lecteurs n’ont affaire à un vieux bum désabusé au comportement trash.

«Un boxeur comme Éric Lucas n’allait jamais dans le trash. Je n’aime pas quand la boxe devient un cirque. On dira ce qu’on voudra… mais si on apprenait à nos jeunes à s’entraîner, au lieu de trainer dans les rues et de foutre le bordel, si on leur apprenait à se battre et se défouler, je pense que plusieurs problèmes diminueraient. Il y a plusieurs petits gars et petites filles pour qui ce serait salutaire, comme ce l’est pour Nick tout au long de sa vie. C’est souvent ce qui l’empêche de sombrer.»

Solitaire à temps plein, l’homme revient à la vie au contact d’une femme. «Quand il rentre à Montréal après plusieurs années de galère, pour retrouver sa vie et renouer avec ses proches, il y a quelque chose en lui qui n’est pas capable de supporter la ville sans Laura et Lou. Il a besoin de s’en éloigner à nouveau. Mais quand Isabelle arrive dans sa vie, elle le sauve.»

L’auteur compare leur rencontre à celles où des étrangers se croisent dans la rue, se toisent et se sourient, avant de poursuivent leur chemin et d’être habités par cet instant pendant longtemps. «Sauf qu’eux, ils vont se parler et vivre quelque chose. Ils vont s’apaiser et se sauver l’un et l’autre.»

Un peu à l’image de Laura, Isabelle est une femme forte et douce. «Elles viennent contrebalancer la violence de Nick, sa rage et sa colère. Jamais elles ne sont effrayées par lui. Elles sont attirées par sa force tranquille. Nick ne parle jamais fort et il est très relaxe dans la vie. Mais quand Laura le voyait sur le ring, elle découvrait un autre homme, intense et coriace. Comme s’il était quelqu’un d’autre.»

L’écriture sur le tard

Se comparant sans fausse prétention aux écrivains maudits, qui sont reconnus sur le tard, Patrice Godin est dans une période de sa vie largement dédiée à l’écriture. Après un récit sur la course et un roman, le voilà déjà en train de réfléchir à un genre d’autofiction sur… la course. Une œuvre romancée basée sur l’incroyable course de 330 km qu’il a menée l’été dernier: la Big Foot 200 Miles, qui lui a pris 82 heures à parcourir.

«Je veux plonger dans le délire qui nous prend quand on court autant. J’ai couru des nuits complètes entièrement seul dans l’État de Washington. Je me parlais beaucoup… J’imagine que je parlais à quelqu’un en moi. Je trouverais ça intéressant de parler à mon côté trash. À celui qui se perdait dans l’alcool, les baises et la cigarette, avant de commencer à courir. Même si quand je cours, je réfléchis peu, parce que je dois rester dans le moment présent, j’aimerais romancer le récit de course et visiter des zones de réflexion.»

Sous peu, il reprendra donc sa discipline un brin spartiate en ajoutant des séances d’écriture entre 4 h et 6 h 30 le matin à ses longues séances d’entraînement. Sans oublier son métier principal: celui d’acteur. Dès le 10 octobre, on le verra au grand écran dans le film réalisé par Yan England, 1: 54, où il joue un entraîneur de… course. En octobre, il apparaîtra dans la deuxième saison de Blue Moon sur Illico.

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Corps et âme de Matz, Walter Hill et Jef aux éditions Rue de sèvres."C'est un polar. Un jour une femme se réveille dans une chambre glauque. Très surprise de se voir dans la glace. Très surprise car normalement c'est un homme.A partir de là l'histoire d'une vengeance est racontée. Pourquoi lui a-t-on fait ça ? Comment ? Que lui est-il arrivé ? C'est une bande-dessinée divertissante et sombre, avec un peu les mêmes ambiances que les films de Tarantino. C'est une BD pour adultes."
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Même les pêcheurs ont le mal de mer de Diane Peylin aux éditions Les escales"Ce livre est très beau. C'est l'histoire de trois générations d'hommes: le grand-père, le fils et le petit-fils. Tout commence avec le décès du grand-père qui va briser le mal commun qui lie ces trois hommes: l'incapacité à dire ce qu'ils ressentent.Il se divise en trois partie. Chacune d'entre elles raconte la vie d'un homme avec de nombreux aller-retour entre le passé et le présent.Un vrai roman chorale."
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Librairie "Vivement Dimanche" à Lyon Gabriel
Les méduses ont-elles sommeil ? de Louisiane C.Dor aux éditions Gallimard, collection Nos Vies"C'est un livre très court de 80 pages. Il m'a épaté. L'auteur a écrit 9a à 16 ou 17ans ! L'histoire est celle d'une jeune fille de 18 ans qui arrive à Paris. Pour elle, rien que d'arriver ici lui donne le sentiment d'avoir réussi sa vie. C'est une chronique d'une jeunesse sans horizon. Cette jeune femme va tomber dans la cocaïne sans s'en rendre compte. Ce qui est genial ce sont les descriptions de ses trips. On monte avec elle et on descend avec elle. Ca sent le vécu, c'est très réaliste et les descriptions sont poétiques. Un livre très original, étonnant et enthousiasmant. C'est vraiment génial !"
Librairie "Les Beaux Titres" à Levallois-Perret
Le miroir des illusions de Vincent Engel aux éditions Les Escales"Ce roman historique raconte une histoire de vengeance. Genève, 1849. Atanasio, jeune homme fraîchement arrivé de sa campagne toscane, apprend le décès de son protecteur Don Carlo, et la mission qui lui incombe pour toucher l'héritage de celui qui se révèle être son père. Il s'agit, selon un strict protocole, de le venger des quatre personnes qui ont fait de sa vie un enfer : son épouse Alba, son amant Wolfgang, et les deux bâtards engendrés par les autres infidélités de la première.Ce roman extrêmement bien construit m'a beaucoup plu dans sa peinture très touchantes des personnages. Les dialogues sont particulièrement bien menés, les longues descriptions, rares. Le lecteur accroche dès le prologue et ne relève pas la tête avant la fin des 500 pages. Un parfait roman pour l'été, profond et divertissant qu'il vaut mieux lire au calme pour pouvoir suivre l'intrigue à rebondissements."
Librairie "Les Volcans" à Clermont-Ferrand
La revue Reliefs aux éditions Panorama 5"C'est une revue dont deux numéros sont parus. Le prochaine arrive en semptembre. La ligne ? L'exploration au sens le plus large: des sciences, de l'histoire, des technologies, de la littérature... Un bel objet très instructif ."
Librairie "Violette and Co", à Paris
Mémoire de fille de Annie Ernaux aux éditions Gallimard"C'est un excellent livre d'une grande écrivaine, auteure de La Femme gelée ou encore Passion simple, qui écrit beaucoup de récits autobiographiques, comme c'est le cas ici. Dans ce livre, Annie Ernaux revient sur ses 18 ans, et raconte comment elle a vécu, pendant l'été 1958, sa première relation sexuelle avec un homme, ainsi que les deux années qui ont suivi et comment est née sa vocation d'écrivaine. C'est un livre très fort pour deux raisons. D'abord parce qu'elle revient sur cette expérience sexuelle qui fut un choc, un traumatisme et qu'elle essaye de retranscrire ce qui s'est passé. Ensuite parce qu'elle opère un va-et-vient entre son travail d'écrivaine, aujourd'hui et ce moment-là. C'est un ouvrage sur ce choc initial, sur le travail de mémoire."
Librairie "L'autre Rive" à Toulouse
Cinq Kopecks de Sarah Stricker aux éditions Piranha"Ce livre nous emmène dans la vie de la narratrice. Il parle de la seule faille. Enfant parfaite, élevée par un père tyrannique qui voulait qu'elle soit un géni en tout. Elle se promet une vie professionnelle assez grandiose puis épouse un homme qu'elle n'aime pas trop et tout à coup tombe amoureuse. Et toute la distance qu'elle avait auparavant s'écroule. L'amour s'incarne dans la personne d'un voisin. Il la chamboule. C'est un livre à la fois grave et très drôle. Les personnes sont danss l'exagération. La mère par exemple fait penser à Juliette Binoche dans le film Ma Loute. Le ton grave et humoristique m'a fait aimer ce livre mais aussi la peinture social du Berlin est après la chute du mur. Un roman assez complet et une chronique sociale de cette époque. Très beau style, assez chirurgical et avec un humour souvent grinçant."
Librairie "L'odeur du Temps" à Marseille
Boy, Snow, Bird de Helen Oyeyemi"Ca se passe dans l'entre deux guerre aux Etats-Unis. Il raconte l'histoire d'une jeune fille de 16 ans dont le pere a la main lourde. Elle s'enfuit et au bout de la ligne trouve refuge dans un foyer de jeune fille. Elle rencontre ensuite plusieurs personnes dont un type qu'elle ne supporte pas. Elle en tombe finalement amoureuse. Il s'agit d'un roman sur la question noire aux Etats-Unis mais pas seulement. Il se lit très facilement grâce à cette belle histoire et son humour un peu cynique par moment."
Librairie "Mollat" à Bordeaux
Le nuage d'Obsidienne d'Eric Mc Cormack aux éditions Bourgois"L'auteur est l'un des grands écrivains canadiens contemporains. Ce livre est le récit d'une vie, un livre d'aventure, un roman d'amour et de mystère. Un homme, en marge d'un colloque, découvre dans une librairie un livre qui parle d'un phénomène climatique en Ecosse. Un pays dans lequel il a vécu. Il va s'intéresser profondément à ce phénomène.Le récit de sa vie très fragmenté est très agréable à lire. Il joue sans arrêt sur les contre-pieds. Mais tout se tient . Le récit est bien construit et intelligent. Il y a un vrai plaisir à la fin de comprendre comment les fils ont été tressés, ce qui suscite l'envie de le relire, pour repérer tous les indices semés tout au long du livre."

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