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«Web Thérapie» : Édith Cochrane, thérapeute égocentrique et narcissique (PHOTOS/VIDÉO)

«Web Thérapie» : Édith Cochrane, thérapeute égocentrique et narcissique (PHOTOS/VIDÉO)

Faites connaissance avec la docteure Florence Champagne, thérapeute égocentrique, narcissique, qui offre des séances à ses patients… en trois minutes, via le web. L’hilarant personnage est interprété par Édith Cochrane et sévit dès maintenant à l’antenne de TV5, dans la comédie Web Thérapie (mardi, 19h30, et en rediffusion le mercredi, 21h30, le samedi, 22h30, le dimanche, à 18h, et le mardi, à 8h30, et en rattrapage au www.tv5.ca/web-therapie, dès aujourd’hui). Petit tour d’horizon d’une série de grande qualité qui, espérons-le, ne demeurera pas qu’un secret bien gardé.

«Web Thérapie»

Web Thérapie est l’adaptation du format américain Web Therapy, d’abord né sous forme de capsules web, puis devenu un succès en épisodes de 30 minutes sur Showtime, en 2011. Lorsque la productrice Louise Lantagne, d’Attraction Images, a découvert ce petit bijou de fiction humoristique basée sur le charisme de Lisa Kudrow, elle a tout de suite pensé à Édith Cochrane pour incarner la version québécoise de cette thérapeute aussi détestable que divertissante.

Après des études en finances, un passage houleux dans une prestigieuse firme d’investissements, où sa propension à manipuler ses collègues lui a valu un congédiement, Florence Champagne s’invente une nouvelle vocation de psychologue.

Or, puisqu’aller chercher un diplôme en la matière, louer un bureau et se bâtir une clientèle solide serait long et coûteux, notre coquine trouve un nouveau filon à exploiter : celui des thérapies express, en trois minutes, par le biais de Skype.

«Elle dit aux gens : ne me parlez pas de vos rêves, de vos angoisses et de votre enfance, ça ne m’intéresse pas, résume Édith Cochrane. C’est plutôt : en trois minutes, vous me dites votre problème, et je le règle… ou je vous dis votre problème, et je le règle. Florence est un charlatan, parce que, derrière elle, elle place les diplômes de son mari ; à l’écran, c’a l’air professionnel, et on ne peut pas trop distinguer que ce n’est pas son nom qui est écrit dessus.»

Fine dentelle

Dans la première saison de 10 épisodes, diffusée cet été, puis dans la seconde, qui en comprendra 12, à l’automne, Florence «traitera» donc plusieurs visages de l’autre côté de sa webcam, une clientèle incarnée, entre autres, par Marie-Soleil Dion, Anne-Marie Cadieux, Pascale Bussières, Guillaume Tremblay et Sarah-Jeanne Labrosse.

Antoine Vézina sera un ex-collègue de Florence, que celle-ci narguera sans vergogne, Olivier Morin, un garçon inhibé qui rencontre des problèmes dans sa relation avec sa nouvelle copine (Christine Beaulieu) et Stéphane Archambault, un milliardaire qui se déplace en jet privé, magnat de la presse, un «croisement entre Richard Branson et Pierre Karl Péladeau», illustre en riant Christian Laurence, réalisateur de Web Thérapie. Ce businessman, Antoine Lemelin, deviendra l’amant de Florence. Certaines de ces personnes ne feront appel à leur nouveau «gourou», qu’une seule fois, d’autres la consulteront régulièrement, dans plus d’un épisode.

Bien que colorée, l’inénarrable Florence ne ressemble aucunement à Karine, la patronne sadique à qui Cochrane donnait vie dans Complexe G, le ton de Web Thérapie ne versant jamais dans le burlesque ou l’exagération. La comédienne parle de «fine dentelle» pour qualifier la sonorité de Web Thérapie, dont la drôlerie se décèle surtout dans les dialogues.

«C’est très bien ficelé, remarque Édith Cochrane. On s’attache aux personnages, et à cette fille-là, qui est attachante, malgré les énormités qu’elle dit, les détours qu’elle prend, son narcissisme, sa façon d’utiliser son entourage. C’était le défi, de la rendre attachante, malgré tout.»

Lorsqu’elle n’est pas en train «d’analyser» ses bénéficiaires, Florence exerce son pouvoir d’attraction sur son conjoint, Édouard (Pierre Brassard), un avocat un peu «beige», à la sexualité ambiguë, qui aspire à faire le saut en politique à titre de chef du Parti Néo-Conservateur, et qui se contente le plus souvent de soupirer devant les lubies de son excentrique compagne des 15 années précédentes.

«On va apprendre au fur et à mesure qu’il mène une double vie, relève Pierre Brassard, en parlant de son Édouard. Florence va aussi le découvrir, mais il a besoin de sa femme pour réaliser son rêve politique, pour les séances photos, les déplacements, les voyages… Ils vont conclure des deals ensemble. C’est un gars bonasse, à la remorque de sa femme. Ils ont rapport de force ensemble : elle a besoin de son argent, et lui, de son soutien.»

Puis, le caractère flamboyant de Florence se justifiera et se nuancera lorsqu’on rencontrera sa maman, Marie-Reine Roy (Diane Lavallée), une dame riche, extravagante, pincée, détachée de sa fille, qui accorde énormément d’importance aux apparences et qui n’a jamais aimé les enfants. Ceci explique cela, se dira-t-on probablement lorsqu’on regardera agir cette Marie-Reine, qu’on imaginera vivre à Outremont ou à Westmount.

«On comprendra que Florence Champagne a probablement été intimidée, qu’elle avait un problème de poids, qu’elle n’était pas belle, qu’elle avait un gros nez et qu’elle a subi une chirurgie, énumère Édith Cochrane. Sa mère était extrêmement froide avec elle. Donc, Florence est une enfant blessée, qui prend sa revanche sur le monde en dominant sur le web, en conseillant les gens de façon douteuse. On voit sa vulnérabilité quand elle discute avec sa mère. C’est là qu’on sent sa faille, elle espère que sa mère va s’excuser, la prendre dans ses bras…»

Pour exister

Tournée essentiellement aux Studios Mel’s, Web Thérapie exhibe neuf décors, chaque protagoniste ayant son environnement lorsqu’il jase avec Florence de son domicile ou de son bureau. Les acteurs se retrouvent ainsi toujours en gros plan.

«Tout se passe en webcam, note le réalisateur, Christian Laurence. On a toujours deux décors en même temps. Les personnages se parlent, chacun avec sa caméra et un retour, pour pouvoir se voir, et un écouteur dans l’oreille, pour pouvoir s’entendre. On tourne toujours en duplex. En même temps, il n’y a pas de mouvements de caméras, les caméras sont toujours fixes, alors on travaille vraiment sur le texte. Le défi est de rendre dynamique un épisode où tout se passe uniquement dans la conversation.»

L’aventure Web Thérapie s’est ficelée avec un «très petit budget», avance la productrice, Louise Lantagne. Or, on a fait attention de ne pas imposer un rythme effréné aux artisans de l’œuvre, histoire de ménager la santé et la motivation de tout le monde.

«Ce n’est pas parce que c’est un petit budget qu’on se sent dans un tordeur, se réjouit Édith Cochrane. Ça, c’est le fun. On prend le temps, on s’assoit, on répète les affaires, on les tourne quatre ou cinq fois si nécessaire. Et on est rendus à dire que c’est un gros luxe, de faire ça. On finit nos journées d’avance et on est heureux.»

«Nous, on veut des plateaux heureux, renchérit Louise Lantagne. Qui travaillent fort, mais où les gens sont heureux et ont le temps de respirer. On a un petit budget, mais qui convient bien à nos besoins.»

Visiblement emballée par le projet Web Thérapie - dont l’adaptation des textes originaux a été signée, ici, par Éric K.Boulianne, Martin Girard, Carmine Pierre-Dufour et Mélissa Veilleux -, Édith Cochrane constate que quelques tares dans l’ère du temps y sont habilement décriées.

«Je trouve que c’est une espèce de petite critique, signale-t-elle. Il y a des ordres professionnels pour les psychologues et les thérapeutes, des gens qui très qualifiés, mais il y en a aussi beaucoup qui s’improvisent coachs de vie, par exemple. Ça met le doigt sur un grand mal de la société : on a parfois besoin de se faire dire quoi faire. Dans la série, quelques poissons vont mordre à l’hameçon, vont être intéressés par ça : on n’a pas le temps de se déplacer, mais on a envie d’aller mieux, et on se fie à quelqu’un qu’on ne connaît pas.»

«Aussi, Florence va parfois sur son ordinateur pour faire des montages d’elle-même, sur la couverture du Vanity Fair, par exemple. Pour elle, c’est une façon d’exister. Je pense que ça démontre une autre problématique, celle de vouloir exister, à la télé, sur le web, on a envie que nos faces soient quelque part. Que ce soit avec son mari qui se lance en élections, ses thérapies web, d’être à l’avant-plan, c’est ce qui importe à Florence», termine celle qui co-animera Les enfants de la télé pour une troisième année à l’automne, et qui est derrière la mise en scène de la pièce Drôle de couple, présentée tout l’été au Théâtre du Vieux-Terrebonne.

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