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Bilan du gouvernement Couillard : Une session à oublier

Gouvernement Couillard : Une session à oublier

QUÉBEC – En janvier dernier, le gouvernement Couillard espérait lancer sa seconde moitié de mandat sur une bonne note, histoire de faire oublier les deux années d’austérité imposées aux Québécois.

Dans son calendrier, deux grands événements lui permettaient de faire peau neuve : le remaniement ministériel et le deuxième budget Leitao. Le sort en a voulu autrement.

Le jour du remaniement, fin janvier, Pierre Moreau a fait un malaise dans l’antichambre du Salon rouge. Le tout nouveau ministre de l’Éducation a été assermenté rapidement en coulisses avant d’être emmené à l’hôpital en ambulance. Il devra finalement démissionner de son poste pour combattre ce qui semblait être une tumeur cancéreuse.

Le gouvernement n’a pas confirmé la nature de ses ennuis de santé depuis, mais le premier ministre affirme que Pierre Moreau «va mieux». «Il prend de la force, a dit le premier ministre Couillard lors de son bilan de fin de session vendredi. On espère tous le revoir parmi nous. Mais ce sera à lui de décider, lorsqu’il se sent capable de le faire.»

D’ailleurs, Pierre Moreau ne fut pas le seul à s’absenter pour des raisons de santé au cours de la session. Alors que Lise Thériault a réintégré le conseil des ministres en janvier après un long congé, le jeune ministre Luc Fortin, père de trois enfants, s’est également absenté quelques semaines, pour cause d’épuisement. Karine Vallières, elle, est en convalescence jusqu’à la fin du mois de juin, à la suite d’une chirurgie mineure liée à un accident de voiture survenu en février 2015.

Après un remaniement assombri par la maladie, le gouvernement Couillard pouvait encore espérer se reprendre en dévoilant un budget équilibré à la mi-mars. Comble de malchance (ou hasard douteux), l’UPAC a choisi cette journée-là pour frapper fort en arrêtant l’ex-vice-première ministre libérale Nathalie Normandeau, en compagnie de six coaccusés. L’intérêt des médias, et du public, pour les bonnes nouvelles du budget en a pâti.

Petite anecdote. Le jour du budget, journalistes et élus sont enfermés dans un huis clos afin de prendre connaissance du volumineux document avant sa publication. En apprenant l’arrestation de Nathalie Normandeau, le chef de la CAQ François Legault a voulu faire une blague à Sam Hamad : «Je lui ai dit ‘Sam, il y a des policiers qui t’attendent dehors’, a-t-il relaté à l’émission La soirée est encore jeune. Il ne l’a pas trouvée drôle.»

Nommé président du Conseil du trésor en janvier, Sam Hamad fera plutôt les frais d’un reportage de l’émission Enquête à la fin mars. Le reportage affirme qu’il serait intervenu en faveur d’un ex-collecteur de fonds libéral, Marc-Yvan Côté, afin d’obtenir une aide financière du gouvernement pour l’entreprise Premier Tech.

Plongé dans la tourmente, Sam Hamad a choqué l’opinion publique en filant à son condo en Floride.

Il a finalement été démis de son titre de président du Conseil du trésor, le temps que la vérificatrice générale, les commissaires à l’éthique et au lobbyisme, de même que le Directeur général des élections enquêtent sur cette histoire.

Après le dépôt récent des rapports de la VG et du commissaire à l’éthique, Sam Hamad s’estime aujourd'hui blanchi. Pourtant, l’opposition juge que c’est tout le contraire et le premier ministre n’a pas voulu s'engager à le réintégrer dans son conseil des ministres.

«L’affaire Hamad» ne sera que l'une des controverses qui ont frappé le gouvernement Couillard cette session-ci. L’aide financière de 1,3 milliard$ à Bombardier, la vente de Rona et les allégations d’irrégularités au ministère des Transports ont donné l’impression d’un gouvernement constamment occupé à gérer des crises.

Et c’est sans compter les déclarations controversées de ses députés, qu’il s’agisse de la ministre de la Condition féminine qui affirme ne pas être féministe ou de la ministre Rita de Santis qui a dit que certaines personnes devraient être «tuées, massacrées, jetées».

Quant à l’autre grand reproche qu’on lui fait, celui d’avoir reculé dans plusieurs dossiers, Philippe Couillard y voit plutôt le signe d’un gouvernement «qui écoute». Son gouvernement a effectué un virage à 180 degrés sur l’abolition des élections scolaires, en plus de jeter aux oubliettes le cœur du projet de loi sur les discours haineux, décrié par certains comme une atteinte à la liberté d’expression. Sur la maternelle à 4 ans, Uber, le registre des armes à feu et les taux d’immigration, notamment, le gouvernement a également ajusté son discours en cours de route.

Des preuves, pour Philippe Couillard, que son gouvernement est ouvert aux compromis. «On aime, au Québec, avoir un gouvernement qui est déterminé, mais qui écoute également, qui se dirige vers les zones de consensus de la population, estime le premier ministre. Je pense que c’est ça qu’il faut retenir.»

Au cours de deux bilans de session tenus jeudi et vendredi, Philippe Couillard a fait de son mieux pour demeurer optimiste face à l'action de son gouvernement. Le premier ministre a toutefois convenu dans une réponse en anglais que les derniers mois ont été exigeants. «Oui, c'est difficile, a-t-il glissé. Qui croirait que le travail d'un premier ministre n'est pas difficile?»

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