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Au pays de Justin Bieber (PHOTOS)

Au pays de Justin Bieber (PHOTOS)
Paméla Lajeunesse

Le Centre Bell est devenu le pays de Justin Bieber, lundi soir. Une contrée où la gent féminine était définitivement reine et où les cris stridents des jeunes filles, aigus, presque douloureux, formaient une bande sonore, une toile de fond, qui devenaient presque réconfortantes au bout d’une heure trente. Façon de parler, bien ironique, évidemment.

Roi et maître des lieux, remplis à pleine capacité de 17 850 (jeunes et très jeunes) personnes, l’amour-propre émanant de tous les pores de son être, le chanteur canadien faisait à Montréal l’honneur de sa visite sur le chemin de sa tournée Purpose, qui l’a aussi conduit à Ottawa et Québec pendant le week-end.

Résultat? Une visite guidée complète de l’album Purpose, plus récent-né de Bieber, lancé l’automne dernier, dont les sonorités épousent parfaitement les tendances électro-RnB de l’heure. Mais surtout, une scénographie époustouflante, jamais subtile, qui happait toute l’attention et laissait bien peu de place au reste. L’univers visuel de Justin Bieber est impressionnant et efficace, les couleurs s’éclatent partout, les projections sont travaillées, les effets pyrotechniques explosent à toute seconde, les structures apparaissent et disparaissent au gré des fantaisies de la vedette, qui monte, descend et se déplace sans répit. On compatit avec les 12 danseurs, qui deviennent ça et là acrobates et qui doivent avoir les pieds bien endoloris à la fin de leur long tour de piste. Et heureusement qu’il y a tout ça, au pays de Justin Bieber.

Justin Bieber au Centre Bell (17 mai 2016)

Peu de charisme

Car, disons-le, le gamin de 22 ans est avantagé physiquement, mais n’a rien de charismatique. Bieber ne dégage aucune chaleur et exécute ses chorégraphies avec technique, mais sans grande passion. Il se contente le plus souvent d’arpenter sa scène en losange d’un air blasé, avec la même tronche que celui qui a tout vu, tout entendu, tout vécu, et qui se balance complètement de l’excitation qui vocifère autour de lui.

De temps à autre, il se risque à approcher ses admiratrices, leur tend la main, avec le regard de celui qui jouit de sa propre popularité. Les gémissements y étaient presque à un certain moment, mais il aurait fallu, pour bien les entendre, que Bieber soit un peu plus en symbiose avec son micro, lequel paraissait surtout accessoire, lundi.

Puis, là se sont arrêtées les familiarités, Justin Bieber avait d’autres chats à fouetter. Comme calculer savamment ses pas et son apparence nonchalante et décontractée. Oh, il a été gentil avec les petites danseuses invitées qui l’ont sporadiquement accompagné, mais on sentait bien que la personne préférée de Justin Bieber, c’est Justin Bieber.

N’empêche ; la «machine» Bieber est drôlement bien huilée. Outre ses humeurs rapportées par les paparazzis et autres délires sur les réseaux sociaux, le garçonnet de jadis a évolué avec brio, non seulement physiquement, mais aussi musicalement, en sachant s’adapter aux courants et ratisser plus large que son public-cible, qui aurait bien pu se cantonner à l’âge des garderies. Désormais respecté par son industrie, et non plus seulement perçu comme un «produit» commercial – il en sera toujours un, malgré tout -, Justin Bieber continue de grandir artistiquement.

Mais, voilà, il lui faudrait être un peu plus enflammé. Il lui aura quand même fallu six chansons pour le décider à lancer un «Montreal» à son parterre, sans trop de conviction…

Pardon facile

Avant que Bieber ne fasse son apparition, dans une cage de verre, on avait déjà un avant-goût de la frénésie qui se jouerait sous nos yeux : sur l’écran plein de relief qui ne s’est jamais tu pendant deux heures, devant lequel les musiciens se trémoussaient sur leur plateforme surélevée, des images de vol en éclats se déployaient, se modifiaient, se transformaient, jusqu’à devenir des statues de marbre.

On n’a pas attendu longtemps, l’archiconnu tube Where Are You Now, a rapidement fait hurler la foule, qui connaissait avec exactitude toutes les paroles. On n’en entendait à peine les sifflements du refrain qui, chaque fois qu’il revenait, créait l’emballement dans les gradins. Les éclairages s’écartaient en filets, traversaient l’amphithéâtre, écarquillaient les yeux rêveurs.

Grand panier noir grillagé servant d’abri temporaire au dieu des «Beliebers», mini-film où gigotaient des femmes matures, preuve, justement, de la maturité grandissante de l’icône pop blonde, illusion de flammes, pluie de lumière, fumée, on ne savait plus où regarder.

Sur The Feeling, l’idole arborait un t-shirt de Pink Floyd, totalement hors contexte, et son désormais éternel bandeau autour de la tête, un look qu’il a conservé le temps de plusieurs morceaux. Au début de Boyfriend, Justin s’est donné un style contemplatif, méditatif, avant de pousser son hit, entouré des danseuses vêtues d’un blanc scintillant vivement dans le noir. C’est enfin là qu’il s’est décidé à souhaiter la bienvenue aux spectateurs.

Autant que faire se peut, il a tenté de susciter une atmosphère sobre, pour un segment acoustique, lové dans un fauteuil rouge. Les cellulaires étaient levés haut dans la salle, mais la magie n’y était pas tellement. C’est l’assistance qui a insufflé une âme à Love Yourself, entonnée comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Plus le spectacle avançait, plus le ton devenait chaud et sexy. Bieber ne s’est pas privé de bouger sensuellement avec l’une de ses danseuses et, plus tard, de s’échiner sur un long et un brin ennuyeux solo de batterie. L’hystérie collective a gagné le Centre Bell au tic-tac de What Do You Mean, que tous ont scandée en chœur. «Merci beaucoup», a articulé Justin Bieber dans un français forcé. Lorsqu’il a évoqué un «throwback», on a tout de suite compris qu’il faisait allusion à Baby, l’un de ses premiers succès, au début de sa carrière, ritournelle qui en a fait damner plus d’un en 2010.

C’est finalement trempé comme une soupe, sous une chute d’eau, que Justin Bieber a terminé son concert avec sa valeur sûre actuelle, Sorry. Non, il ne s’est pas montré sorry d’avoir été si peu communicatif avec les demoiselles venues l’applaudir – et les quelques garçons, souvent affublés comme lui -, mais la cohue monstre qui s’est ruée vers les kiosques de produits dérivés à la sortie semblait avoir le pardon facile.

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